Chronique Sur le bout de la langue : la rédaction inclusive, c’est notre affaire !

Official Languages and Bilingualism Institute
Equity, diversity and inclusion
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Photo credit: official logo of the European Day of Languages (EDL)
This article is presented in French only.

L’inclusion vous tient à cœur et vous souhaitez vous mettre à la rédaction épicène, aussi connue sous le terme « rédaction non sexiste », mais votre résolution prend des airs de casse-tête ? Cette chronique de langue vous propose justement de débroussailler les concepts, en plus de vous offrir de judicieux conseils. Vous y trouverez une gamme de solutions épicènes pour communiquer avec la communauté universitaire, ainsi qu’une panoplie de ressources en ligne pour vous appuyer dans votre démarche vers un langage plus équitable et inclusif.

Qu’est-ce la rédaction épicène ?

La rédaction épicène est une « pratique d’écriture qui vise à assurer un équilibre dans la représentation des hommes et des femmes dans les textes. » Cette dernière n’est pas nouvelle; elle a fait son apparition avec les mouvements féministes des années 70-80. Les femmes étant de plus en plus nombreuses à occuper des postes jadis réservés aux hommes, le besoin s’est alors fait sentir de féminiser les noms de profession… et le reste a suivi!

Quant au terme « épicène », il s’agit d’un adjectif signifiant : « qui conserve la même forme au masculin et au féminin ». Le but de la rédaction épicène consiste donc à rédiger des documents inclusifs qui tiennent compte autant des hommes que des femmes. L’ère de la note justificative : « Dans le texte, le masculin inclut le féminin et est utilisé, sans discrimination, afin d’alléger le texte. » est révolue! En effet, il faut éviter d’écrire exclusivement au masculin générique pour désigner tout le monde, car cela ne donne pas de visibilité à un ensemble divers de personnes, dont les femmes ou les personnes non binaires. Cela peut donc être considéré comme discriminatoire à certains égards.

Rédaction non binaire

Les règles de la rédaction épicène sont également utilisées pour la rédaction non binaire. Vous pouvez vous référer à la section numéro 2 « La formulation neutre » pour la mettre en application. 

Les 4 règles d’or d’une rédaction non sexiste

  1. Commencez en pensant « épicène » : Il vaut toujours mieux rédiger de façon inclusive dès le départ plutôt que de tenter de féminiser un texte après coup.
  2. La formulation neutre : tentez de privilégier l’usage de mots inclusifs qui englobent tous les genres en choisissant soit des noms, des pronoms ou des adjectifs épicènes. Un nom collectif est un nom assez général et neutre qui désigne un ensemble de personne, autant les hommes que les femmes. Par exemple, on peut employer le terme « le personnel » au lieu de « les employés » ou encore les termes « les gens », « les personnes », « nous », « vous », « on », « personne », « quiconque » ou « plusieurs » au lieu de « celui ou celle qui », « aucune ou aucun », etc.

    Il est également possible de formuler des phrases à la tournure épicène ou impersonnelle. À titre d’exemple, vous pouvez remplacer « Êtes-vous un étudiant à l’université ? » par « Faites-vous partie de la communauté étudiante ? » Un nom épicène s’écrit de la même façon tant au féminin qu’au masculin, seulement le déterminant fluctue, par exemple, le ou la responsable. D’autres stratégies peuvent être employées comme la personnalisation, par exemple, « Vous pouvez vous informer. » plutôt que « Les étudiants peuvent s’informer. » Ou au contraire la dépersonnalisation est possible, par exemple, « la communauté étudiante » au lieu de « les étudiants ».
  3. Optez pour les doublets complets : c’est l’ensemble composé par la répétition de la forme masculine et de la forme féminine ou l’inverse de chaque terme. Par exemple, « l’étudiante ou l’étudiant », « ceux et celles », etc. Pour éviter d’avoir à dédoubler aussi les adjectifs et les participes passés, vous pouvez suivre la règle de la proximité, c’est-à-dire accorder le terme avec le dernier élément mentionné. Dans ce cas, il est conseillé de placer le nom masculin en deuxième position. Par exemple, « Les apprenantes et les apprenants inscrits doivent se présenter à 16 h à la leçon. »
  4. Les doublets abrégés : le doublet complet est alors réduit à l’aide d’un signe de ponctuation (majuscule, point médian, barre oblique, trait d’union, virgule, point, parenthèses, crochets, etc.). À utiliser pour les rédactions très courtes, notamment sur les réseaux sociaux et en particulier sur Twitter, les formulaires et les tableaux. À titre d’exemple, « les professeur(e)s » ou « les étudiant[e]s ». L’Office québécois de la langue française recommande l’emploi de parenthèses ou de crochets. À utiliser avec parcimonie seulement lorsque l’espace manque, car ils entraînent des problèmes de compréhension pour les personnes malvoyantes qui utilisent un lecteur d’écran.

3 judicieux conseils vers une rédaction épicène

  1. Prenez le temps d’apprivoiser les termes du champ lexical de votre milieu et faites l’exercice de créer votre propre fiche de termes épicènes. Vous sauverez du temps en ayant cet aide-mémoire sous la main.
  2. Réfléchissez à la manière dont les termes de votre texte pourraient être reçus par différentes personnes.
  3. Visez à rédiger un texte qui soit avant tout lisible et facile à comprendre. Lorsque cela est possible, utilisez des termes neutres qui représentent tous les genres. Il est important d’adapter le langage à chaque différent type de texte et au contexte en question.
Termes à remplacerÉquivalents épicènes
1. Les professeures et professeurs1. Le corps professoral, les universitaires
2. Les enseignantes et enseignants2. Le personnel enseignant, le corps enseignant
3. Les étudiantes et les étudiants3. La population étudiante, la population scolaire, la communauté étudiante, les universitaires
4. Les diplômées et diplômés4. Les universitaires
5. Les participantes et participants5. Les personnes qui participent
6. Les directrices et directeurs6. Les gestionnaires, la direction, les cadres
7. Les expertes et experts7. Les spécialistes
8. Les chargées et chargés de projet8. Les responsables ou les gestionnaires de projet
9. La secrétaire ou le secrétaire9. Le secrétariat
10. Les tutrices et tuteurs10. Les services de tutorat
11. Les lectrices et lecteurs11. Le lectorat
12. La présidente ou le président12. La présidence
13. La rectrice ou le recteur13. Le rectorat
14. Les candidates et candidats sont invités à postuler14. Poser votre candidature ou les personnes intéressées à postuler

Surtout, ne vous découragez pas : la première étape vers une rédaction inclusive commence par une prise de conscience. À partir du moment où vous porterez une attention accrue à la rédaction épicène, vous adopterez de nouvelles stratégies et deviendrez de plus en plus habile au fil des textes!

Pour terminer, voici d’autres Ressources en ligne à consulter si vous souhaitez approfondir le sujet :

Articles de la Banque de dépannage linguistique

Des conseils de rédaction du Bureau de la traduction du gouvernement fédéral

Formation de l’Office québécois de la langue française

Guide de rédaction épicène de l’Université de Sherbrooke