Une table ronde réunissant quatre chercheuses et chercheurs qui ont dirigé le CRCCF à différentes périodes : Yves Frenette, Pierre Foucher, Anne Gilbert et Lucie Hotte, ainsi qu’une exposition sur les 65 ans du CRCCF feront écho au rôle unique que joue le centre au sein de la francophonie canadienne, ontarienne et nord-américaine. Intitulée « Le CRCCF à l’avant-garde », l’exposition est réalisée par les co-commissaires Anne Gilbert, professeure émérite au Département de géographie de l’Université d’Ottawa et Lucie Hotte, professeure au Département de français et directrice du CRCCF, avec la participation de collaborateurs du centre : Alice Cocunubová, Olivier Lagueux et Ghislain Thibault.
« Le CRCCF occupe une place privilégiée dans les études sur la francophonie canadienne », explique le professeur du Département d’histoire Michel Bock, qui présidera à titre de directeur intérimaire aux célébrations du 65e anniversaire du CRCCF, le plus ancien centre de recherche sur la littérature, la culture et l’histoire du fait canadien, fondé en octobre 1958, sous le nom de Centre de recherche sur la littérature canadienne-française (CRLCF). « Aucune autre institution au pays ne combine à la fois les rôles de centre de recherche, de centre de publications et de dépôt de fonds d’archives, ayant pour objet la(es) francophonie(s) canadienne(s). Cela nous permet d’attirer des chercheuses et chercheurs de diverses disciplines et de toutes les régions du pays, avec lesquels nous tissons de plus en plus de liens », précise l’historien franco-ontarien, qui dirige « Amérique française », l’une des deux collections du CRCCF publiées en collaboration avec les Presses de l’Université d’Ottawa.
Adapter la recherche aux réalités des francophones
Au fil des six dernières décennies, et sous la houlette des directrices et directeurs qui se sont succédé à la tête du centre - Paul Wyczynski (1958/1973), Pierre Savard (1973/1985), Yolande Grisé (1985/1997), Robert Choquette (1997/2000), Jean-Pierre Wallot (2000/2006), Yves Frenette (2006/2010), Anne Gilbert (2010/2015), Pierre Foucher (2015/2018) et Lucie Hotte (depuis 2018), le CRCCF s’est attaché à élargir et à diversifier son mandat et son rayonnement scientifique au sein de la sphère universitaire et dans les communautés franco-ontariennes et francophones.
Devenu un pôle important de la vie intellectuelle canadienne-française, le centre est renommé Centre de recherche en civilisation canadienne-française en 1968, sous le mandat de Pierre Savard, et ce, jusqu’en 2022 où l’appellation Centre de recherche sur les francophonies canadiennes est adoptée, afin de mieux refléter les nouvelles identités et la nouvelle démographie de la francophonie du Canada, en partie liée à l’immigration.
Le CRCCF a acquis une dimension de plus en plus interdisciplinaire en intégrant l’histoire, les beaux-arts, mais également le droit linguistique, l’éducation, la sociologie, la science politique, la géographie, la santé et l’immigration à ses champs de recherche, qui s’articulent aujourd’hui autour des quatre axes principaux que sont la santé, la culture, l’histoire et la société.
Un patrimoine bien gardé
Recueillir les traces documentaires de l’histoire et de la culture des communautés franco-ontarienne et franco-canadienne fait partie intégrante de la mission du CRCCF. Dépositaire de plus de 600 fonds d’archives, dont ceux de l’Association canadienne-française de l’Ontario et du journal Le Droit, le CRCCF est aujourd’hui l’un des plus importants centres d’archives de la francophonie canadienne, et le principal pour ce qui est de l’Ontario français. Les publications du centre, dont font partie les revues Mens, @nalyses et Francophonie d’Amérique, sont accessibles sur la plateforme Érudit.
Il joue un rôle crucial en documentant et en analysant les développements de la vie intellectuelle et des mouvements socio-culturels et politiques qui ont façonné l’identité franco-ontarienne tels que la mobilisation autour du règlement 17 (1912-1927), visant à limiter le français dans les écoles ou celle en faveur de la préservation de l’Hôpital Monfort (1997-2002), menée par feu Gisèle Lalonde.
Un acteur incontournable acteur de la francophonie canadienne
« Nous avons été très présents lors de la crise entourant le démantèlement de l’Université Laurentienne en 2021 et le sommes aussi pour soutenir la fondation d’une université autonome dans le nord de l’Ontario », explique ce natif de Sudbury. Le CRCCF s’est aussi beaucoup impliqué dans l’organisation du Colloque Franco-Parole III sur l’avenir des universités de la francophonie canadienne. Il est reconnu comme pivot dans la mobilisation des communautés de recherche pancanadiennes sur la question de la francophonie dans l’écologie universitaire actuelle.
« Nous avons à cœur de contribuer à maintenir la vitalité du français sur le campus de l’Université par nos productions scientifiques, par la diffusion des connaissances en français et par le renforcement des synergies de collaboration avec nos partenaires du Collège des chaires et du CIRCEM », explique le chercheur, qui voit la création d’un vice-rectorat en charge de la francophonie au sein de l’Université comme un geste d’une portée symbolique très forte. « Nous voulons contribuer à fédérer les membres de la communauté de recherche qui s’intéressent à la francophonie, et l’organisation du colloque annuel du CRCCF durant le 91e Congrès de l’Acfas, au sein de l’Université d’Ottawa, incarne parfaitement cette démarche ».