Mme Campbell était l’invitée d’honneur dans le cadre de l’événement « Le pouvoir des femmes dans la vie publique », présenté par le Projet sur l’histoire des femmes (en anglais seulement) en partenariat avec la Fondation Famous 5 (en anglais seulement) , Famous 5 Ottawa (en anglais seulement) , l’Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF) et l’Université d’Ottawa, ainsi qu’avec l’appui de la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa.
Tenue dans le cadre de la Journée de l’affaire « personne » – qui commémore le jugement rendu par le Conseil privé britannique, le 18 octobre 1929, en vertu duquel les femmes étaient reconnues en tant que personnes –, la soirée-causerie était l’occasion, pour l’ancienne dirigeante, de célébrer les femmes en tant qu’êtres humains à part entière : « Il ne suffit pas d’être une personne sur le plan juridique : nous devons être reconnues pour la qualité des vies que nous menons et pour ce que nous offrons à la société. »
Kim Campbell a donc profité de cette tribune pour rappeler l’importance de réfuter les mythes, préjugés et stéréotypes qui perdurent à l’endroit des femmes, et pour renverser certains discours qui tendent à occulter leurs contributions dans les domaines scientifiques et culturels : « Nous devons changer les conceptions dominantes au sujet des femmes. Nous devons redécouvrir et réaffirmer leurs réalisations. Nous n’avons pas besoin d’en inventer. Nous n’avons pas à faire semblant. Nous n’avons pas besoin d’exagérer. [...] Le fait que notre sexe ait apporté des contributions extraordinaires à la culture mondiale doit faire partie de la conversation. [...] Ces messages sont importants, et nous devons raconter la vérité. »
Une histoire de « premières » politiques
Du moment où, à l’âge de 16 ans, elle est devenue la première jeune femme à présider le conseil des élèves de son école secondaire, à celui, 30 ans plus tard, où elle est devenue la 19e personne à diriger le pays, Kim Campbell a passé une grande partie de sa vie à briser des « plafonds de verre ».
Après avoir siégé au Vancouver School Board, puis à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique, elle fait le saut en politique fédérale en 1988. En tant que membre du cabinet de Brian Mulroney, elle devient la première femme à exercer les fonctions de ministre de la Justice et de procureure générale du Canada, puis la première femme à être nommée ministre de la Défense nationale et ministre des Anciens Combattants.
Ces expériences lui permettent d’instaurer le « mode de consultation Campbell », qui consiste à élargir les consultations publiques à toutes les parties prenantes, y compris les groupes marginalisés. Cette volonté d’aller à leur rencontre, de même que son penchant pour la collaboration, l’amène à faire adopter des projets de loi difficiles ou controversés. Des victoires qu’elle attribue à sa capacité de nouer des relations basées sur l’intégrité et le respect : « Le respect est la monnaie la plus précieuse que vous puissiez dépenser. Si les gens se sentent respectés, alors les bases nécessaires à la communication sont posées. »
L’ascension politique de Kim Campbell culmine évidemment avec sa nomination comme chef du Parti progressiste-conservateur, et conséquemment comme chef du gouvernement canadien, un mandat qu’elle remplira du 25 juin au 3 novembre 1993.
En tant que première femme à occuper ce rôle, Mme Campbell se rappelle avoir eu peur de l’échec : « J’avais une seule crainte : si je me présente, que je deviens chef et que j’échoue, vais-je gâcher les choses pour tout le monde? ». Avec le recul, elle est bien consciente que même si une femme peut échouer, le genre féminin en entier n’échoue pas pour autant. Elle ajoute d’ailleurs, en se rappelant le traitement « deux poids, deux mesures » auquel elle se bute parfois, que « l’idéal serait que les femmes puissent être pardonnées au même titre que les hommes, et qu’elles ne soient pas soumises à des normes plus élevées qu’eux ».
C’est sans doute pour cette raison qu’au terme de sa carrière parlementaire, Kim Campbell s’est engagée au sein de plusieurs organisations internationales, dont le Council of Women World Leaders, qui rassemble 34 femmes chefs d’État et chefs de gouvernement (actuelles et passées) – organisation dont elle est également présidente émérite. À travers ce regroupement, Mme Campbell désire donner plus de visibilité aux dirigeantes mondiales afin que leur présence dans les plus hautes sphères du pouvoir « ne soit plus vue comme une anomalie ».
Une démocratie à protéger
De son passage au gouvernement, Kim Campbell retient sa volonté de faire de la politique autrement, pour éviter que l’électorat se sente délaissé par son gouvernement : « Je voulais essayer de faire de la politique de manière à ce que les citoyennes et citoyens aient confiance en leur communauté démocratique. »
D’ailleurs, elle continue à défendre la démocratie au sein des multiples forums, conseils d’administration et comités dont elle fait partie.
Enfin, Mme Campbell a conclu la soirée en encourageant l’auditoire à protéger ce que nous avons de plus précieux : « Au bout du compte, il n’y a rien que l’on puisse faire de plus important que de veiller au fonctionnement des démocraties. » En effet, face à la montée de l’autoritarisme et du populisme – des courants qui, souligne-t-elle, se montrent particulièrement irascibles à l’endroit des femmes –, le maintien de l’État de droit doit demeurer une priorité, car « la chose la plus importante que nous puissions dire à propos de notre pays, c’est qu’il s’agit d’une démocratie ».
Pour en savoir plus sur l’histoire des femmes et leur contribution à la vie publique :
-
Parcourez la nouvelle ligne du temps interactive conçue par les Archives et collections spéciales de la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa : Femmes et politique – Activisme politique pour l’égalité des sexes : 1960-2000.