La science ouverte : une révolution en marche à l’Université d’Ottawa

Par Université d'Ottawa

Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Une illustration générée par intelligence artificielle représentant une porte s’ouvrant sur une galaxie remplie d’icônes scientifiques.
Quand Jenna Keindel avait 16 ans, ses médecins lui ont diagnostiqué une dystrophie musculaire des ceintures (LGMD), une maladie rare et progressive qui affaiblit les muscles au fil du temps. Sans correspondance génétique précise, son équipe médicale ne pouvait que supposer un diagnostic, laissant Jenna sans réponse sur l’évolution de sa condition. Pendant des années, ses symptômes se sont aggravés, la contraignant à utiliser un fauteuil roulant, tandis que la recherche d’un sous-type génétique se poursuivait.

Cette recherche a pris un tournant inattendu lorsqu’en 2019, Jenna est tombée sur un article scientifique en libre accès partagé dans un groupe de soutien sur Facebook. L’étude suggérait que certains cas de LGMD pouvaient en réalité imiter un trouble auto-immun. Se reconnaissant dans cette étude, Jenna l’a envoyée à sa neurologue, la Dre Jodi Warman, qui lui a prescrit un test. Et bien effectivement, les résultats ont révélé un trouble auto-immun hautement positif, menant à un nouveau diagnostic et à un traitement porteur d’espoir.

Cette avancée a été rendue possible grâce à la science ouverte, qui supprime les barrières à la connaissance et rend la recherche accessible au plus grand nombre. Sans elle, Jenna n’aurait peut-être jamais découvert l’étude qui a changé sa vie.

Ne serait-ce de la recherche en libre accès, d’innombrables innovations en médecine, en technologie, en sciences de l’environnement et en politiques publiques resteraient inaccessibles derrière des verrous payants, freinant ainsi les progrès des équipes de recherche, des décisionnaires et du grand public. La population étudiante et le personnel enseignant auraient du mal à accéder aux dernières découvertes, les petites entreprises et les jeunes pousses se heurteraient à des obstacles à l’innovation, et les communautés confrontées à des défis urgents – comme les changements climatiques et les crises de santé publique – manqueraient de connaissances essentielles pour prendre des décisions éclairées. La science ouverte accélère la découverte, favorise la collaboration interdisciplinaire et garantit que le savoir profite à toutes et à tous, plutôt que simplement à celles et ceux qui en ont les moyens.

À l’Université d’Ottawa, le Groupe de travail sur la science ouverte et son comité d’action s’emploient à promouvoir la transparence, la collaboration et l’innovation en recherche pour qu’elle bénéficie à l’ensemble de la société. En 2023-2024, le groupe a formulé huit recommandations en vue d’intégrer la science ouverte à l’Université, accompagnées d’une feuille de route.

Feuille de route de la science ouverte : Recommandations clés

Qu’est-ce que la science ouverte?

La science ouverte facilite l’accès du public aux résultats de la recherche, qui est en partie financée par les impôts des contribuables. Elle permet en outre aux chercheuses et chercheurs du monde entier de collaborer et de s’inspirer des découvertes de leurs collègues pour pousser la recherche plus loin. En mettant à disposition la recherche financée par le secteur public, y compris les ensembles de données qui sous-tendent les résultats de la recherche, la science ouverte favorise la transparence et la réutilisation tout en garantissant que les données restent aussi ouvertes que possible et aussi fermées que nécessaire.

« Si nous prônons une plus grande ouverture dans la culture et les établissements de recherche, c’est pour que les connaissances bénéficient à l’ensemble de la société, comme le veut la raison d’être même de la science », souligne Martine Lagacé, vice-rectrice associée à la promotion et au développement de la recherche et coprésidente du groupe de travail.

Dans ses recommandations, le groupe préconise une culture d’ouverture, la mise en valeur des pratiques de science ouverte, l’investissement dans les infrastructures ouvertes et l’intégration de ces principes dans les politiques.

L’Université d’Ottawa est déterminée à engager des efforts immédiats et à promouvoir un changement à long terme en ce sens.

« La science ouverte, c’est la promesse d’une mise en commun du savoir dans l’univers numérique pour trouver des solutions aux grands problèmes du monde, ajoute

Talia Chung, doyenne des bibliothèques et coprésidente du groupe. Le milieu de la recherche manifeste de plus en plus d’intérêt à l’égard de la science ouverte. Nous avons besoin d’outils, de ressources et d’expertise efficaces, notamment en ce qui concerne le droit d’auteur et le libre accès aux systèmes et aux infrastructures. »

Qu’en est-il des droits d’auteur?

La conservation des droits d’auteur est un aspect important de la science ouverte : les auteures et auteurs choisissent le processus de publication de leurs écrits. De nombreux éditeurs exigent que ceux-ci leur soient transférés, empêchant ainsi la libre circulation des connaissances produites grâce à des fonds publics. Ces pratiques soulèvent une importante question éthique : pourquoi tenir les découvertes à l’abri du regard du commun des mortels auquel elles sont pourtant destinées?

Selon les principes que l’Université d’Ottawa entend appliquer, les chercheuses et chercheurs restent maîtres de leurs droits d’auteur. La Bibliothèque de l’Université offre des ressources et des conseils pour la négociation avec les éditeurs afin que chaque personne ait la liberté de diffuser ses travaux comme elle l’entend et puisse permettre leur réutilisation.

Renseignez-vous sur les ressources de la Bibliothèque pour la conservation des droits d’auteur.

Les Presses de l’Université d’Ottawa : Bâtir sur un héritage d’accès libre

Première maison d’édition universitaire au Canada à proposer un programme complet d’accès libre, les Presses de l’Université d’Ottawa (PUO) jouent un rôle de premier plan dans la diffusion du savoir. 

Depuis 2009, elles ont publié plus de 100 livres numériques en accès libre, tous disponibles gratuitement en ligne au format PDF. Engagées en faveur d’une édition durable en accès libre, les PUO veillent à ce que les auteurs conservent leurs droits tout en élargissant la portée du savoir académique.

En adoptant un modèle de licence Creative Commons, les PUO permettent aux lecteurs de lire, partager et citer librement les ouvrages à des fins non commerciales. Cette approche élimine les barrières financières et garantit une diffusion plus large des nouvelles recherches.

Promouvoir l’accès libre au savoir : les prochaines étapes

Pour la suite, le groupe de travail suggère d’établir des mesures particulières dans chaque faculté en fonction des pratiques propres aux différentes disciplines, avec l’appui des vice-décanats à la recherche. Il importe d’appliquer des approches adaptées aux disciplines dans la recherche pour garantir leur viabilité. Malheureusement, le secteur actuel de la publication en libre accès privilégie certaines disciplines et pose des entraves à beaucoup d’autres, limitant ainsi la participation à la science ouverte à un petit nombre de chercheuses et chercheurs.

Le groupe de travail insiste sur la création inclusive de connaissances et appelle à une collaboration avec les chercheuses et chercheurs autochtones. L'intégration des systèmes de connaissances autochtones dans la science ouverte renforce la recherche en incorporant diverses perspectives et méthodologies, ce qui garantit un impact sociétal plus large.

Enfin, le groupe de travail s’est aussi penché sur le mandat de bilinguisme de l’Université d’Ottawa et la science ouverte dans la francophonie. En phase avec Transformation 2030, son rapport recommande d’encourager la création et la diffusion des travaux en français en libre accès afin d’accroître leur rayonnement.

Les prochaines étapes seront celles de la mise en place d’un comité d’action qui déterminera les mesures prioritaires en matière de science ouverte à l’Université d’Ottawa.

Grâce à ces efforts, l’Université vise à montrer la voie en promouvant un accès libre et inclusif au savoir et ce, pour l’ensemble de la population.

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