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Andrea Lanza

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Professeur assistant à l’Université de Toronto, historien de la pensée et des pratiques politiques, Andrea Lanza mène ses recherches autour de deux axes majeurs: la constellation des penseurs français du politique (Lefort, Castoriadis, Gauchet, etc.) et l’émergence du socialisme dans la France de la première moitié du XIXe siècle.

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Samuel de Brouwer

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Samuel de Brouwer est un candidat doctoral en science politique à l’Université York à Toronto. Avec une méthode ancrée dans l’histoire des idées, sa thèse porte sur la polémique entre Marcel Gauchet et Miguel Abensour sur les notions d’État, de démocratie et de révolution.

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Gilles Labelle

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Gilles Labelle est professeur émérite de pensée politique à l’École d’Études politiques de l’Université d’Ottawa (Canada). Il s’est intéressé en particulier à la pensée politique en France après 1945, de Maurice Merleau-Ponty à Miguel Abensour. Il a notamment publié L’écart absolu : Miguel Abensour (Paris, Sens & Tonka, 2018).

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Daniel Tanguay

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Daniel Tanguay est professeur émérite au Département de philosophie de l’Université d’Ottawa. Il a écrit une biographie intellectuelle de Leo Strauss ainsi que de nombreux articles sur cet auteur. Il a aussi travaillé et publié des articles sur la philosophie politique française contemporaine d’inspiration libérale.

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Dan Furukawa Marques

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Dan Furukawa Marques est professeur agrégé au Département de sociologie de l’Université Laval (Québec) et titulaire de la Chaire Alban D’Amours en sociologie de la coopération. Ses travaux portent sur la construction de communautés coopératives et de subjectivités politiques, ancrées sur le travail collectif, l’économie solidaire et les communs, notamment au Brésil et au Québec. 

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Stéphane Vibert

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Stéphane Vibert est professeur titulaire à l’École d’Études Sociologiques et Anthropologie de l’Université d’Ottawa, et responsable de l’axe « Démocratie, pensée politique et sociale » au CIRCEM. Ses travaux portent sur les identités collectives dans le monde contemporain, la notion de « communauté » ainsi que les perspectives holistes en sciences sociales. 

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Nicolas Piqué

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Nicolas Piqué est maître de conférences habilité en philosophie à l'université de Grenoble. Ses travaux portent sur différents champs (histoire, éducation), mais aussi sur des auteurs français contemporains (M. Merleau-Ponty, C. Castoriadis, C. Lefort) pour analyser les termes et l'heuristique d'une philosophie holiste. Il est également membre du comité de directions des Nouveaux Cahiers Castoriadis.

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Mattia Di Pierro

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Mattia Di Pierro est chercheur post-Doc à l’Université de Milan. Ses recherches concernent la pensée politique contemporaine, les théories de la démocratie et la pensé du politique. Il est l’auteur de Claude Lefort’s Political Philosophy (Palgrave Macmillan, 2023) et L’esperienza del mondo: Claude Lefort e la fenomenologia del politico (ETS, 2020).

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Date and time
Dec 6, 2024
9:30 a.m. to 5 p.m.
Format and location
In person
Social Sciences Building (FSS), room 4006
Language
French
Audience
General public
Organized by
CIRCEM

TITRES ET RESUMES DES CONTRIBUTIONS

Andrea Lanza, À la fin des dogmes ? Démocratie et lutte des classes chez Claude Lefort

Une chronique publiée en janvier 1996 dans Le Monde (composée d’extraits d’un article paru quelques semaines plus tard dans Esprit) est peut-être le texte de Claude Lefort le moins compris. Dans mon intervention, je chercherai à montrer comment ce texte, loin de constituer un alignement sur le libéralisme, affronte un nœud fondamental de la crise actuelle de la démocratie : l’extinction de la lutte des classes. Je commencerai par proposer de revenir à un texte marquant son temps (les années 1820 et 1830) qui pourrait résonner dans l’article de Lefort : Comment les dogmes finissent de T. Jouffroy. Ensuite, j’examinerai les conceptions lefortiennes de la lutte des classes, pour revenir finalement à la question centrale du malheureux article : que devient la démocratie lorsque « l’idée de la logique de l’histoire [qui] commandait la démonstration » s’épuise et que les dogmes prennent fin ?

Samuel de Brouwer, Complications lefortiennes : Libéralisme et démocratie sauvage

La question du libéralisme de Lefort peut se poser assez simplement d’un point de vue biographique lorsque l’on retrace sa trajectoire avec ses débuts trotskystes et son éventuel abandon du projet révolutionnaire. Or, la richesse dans l’évolution de la pensée de Lefort nous incite à complexifier l’idée naïve que la perte de foi en le grand soir conduirait tout droit à un libéralisme téléologique de type « fin de l’histoire ». Afin de préciser les paramètres de ce problème, notre présentation se concentrera sur trois éléments dans la pensée de Lefort: les droits de l’homme, la démocratie sauvage et l’État. Il s’agira d’examiner ces trois éléments à partir de l’accusation de
« révoltisme » lancée par Marcel Gauchet et de la défense partielle offerte par Miguel Abensour.

Gilles Labelle, « Lieu vide », « chair du social » et « élément humain » chez Claude Lefort

Il s’agira dans cette communication d’interroger quelques motifs propres à l’œuvre de Claude Lefort et qui paraissent à prime abord énigmatiques, même à qui a une certaine familiarité avec celle-ci. Outre un effort de compréhension, ces motifs requièrent à mon sens une interrogation portant sur leur compatibilité entre eux. On peut ainsi demander en quoi le concept de « lieu vide » du pouvoir, qui ne peut, comme l’indique Lefort lui-même, être simplement ramené à l’« alternance » propre aux régimes démocratiques et libéraux (le pouvoir n’appartient à personne en particulier mais est l’enjeu d’une compétition réglée), mais qui doit plutôt être associé à une «désincorporation » des sociétés par où se réalise une déliaison des « parties » et du « tout » appelant, conséquemment, une reconsidération des rapports que ces deux pôles entretiennent, est compatible avec le concept merleau-pontyen de « chair du social » qu’il arrive également à Lefort d’associer au principe démocratique. Circonscrite comme elle l’est dans les derniers écrits de Merleau-Ponty, on voit assez difficilement en effet en quoi la « chair du monde » ou la « chair du social », qui suppose, schématiquement énoncé, que la relation est première, antérieure à toute distinction entre « parties » et « tout » ou entre « sujet » et « objet », pourrait être associée sans médiation au motif de la désincorporation et, par extension, à celui de la déliaison; à tout le moins, le rapport établi par Lefort entre ces motifs devrait être interrogé ou problématisé. Par ailleurs, en particulier dans Un homme en trop, Lefort mobilise le motif de l’« élément humain », qui paraît devoir être rapproché de celui de « chair du social »– quoique l’on doive poser la question : si « l’élément humain » et la « chair du social » se recoupent, pourquoi utiliser des termes différents pour désigner essentiellement la même chose? L’« élément humain » est-il davantage compatible avec le motif du « lieu vide » que la « chair du social »? En quoi?

Nicolas Piqué, Institution symbolique et histoire chez C. Lefort

L’institution symbolique du social marque profondément les travaux de C. Lefort à la suite de sa critique du marxisme et elle constituera l’objet de mon intervention. Il n’agira pas d’en analyser la genèse, liée à la lecture par Lefort de l’œuvre de M. Merleau-Ponty, travail déjà largement effectué par G. Labelle. Je me concentrerai sur une forme de paradoxe. L’insistance sur le poids du symbolique induit généralement, comme chez C. Lévi-Strauss, une forme de déni de l’histoire, alors que chez C. Lefort elle conduit, à l’opposé, à une pensée très attentive à l’histoire, au plus près de la dynamique indépassable de l’histoire contre toute position de surplomb. C’est cette articulation, étonnante dans un premier temps, entre symbolique et histoire qui sera travaillée. C. Lefort apparaîtra alors comme celui qui pose les cadres d’une pensée de l’histoire débarrassée de toute tentation d’en dépasser ou d’en maîtriser le cours.
 

Dan Furukawa Marques, L’expérience politique de la vie quotidienne : Claude Lefort, John Dewey et E.P Thompson

Qu’est-ce qui fait communauté politique ? Plus précisément, une communauté juste, définie comme incarnant des idéaux et pratiques permettant la pleine réalisation et accomplissement à la fois de l’individu et du collectif ? Je présenterai d’abord quelques idées clés de Lefort, celles d’expérience de la coexistence, d’expérience du monde et d’interrogation dans une réflexion sur le rapport entre transcendance et immanence par le prisme de la question de l’expérience démocratique. Il s’agira ensuite d’articuler ces réflexions à la théorie de la démocratie de Dewey, en interprétant son approche de la démocratie comme « forme de vie », incarnée par une culture et un ethos démocratique, comme une manière de prolonger les réflexions de Lefort quant à la possibilité d’interrogation permanente du lieu vide du pouvoir. Je conclurai brièvement en indiquant des manières d’observer concrètement ces questionnements et cette manière démocratique d’être au monde par un détour historique chez E.P Thompson.

Daniel Tanguay, Claude Lefort, lecteur et critique de Leo Strauss

Claude Lefort fut sans conteste en France l’un des lecteurs les plus attentifs de l’œuvre de Leo Strauss. Il a ainsi accordé une place de choix dans son propre travail de thèse sur Machiavel à l’interprétation avancée par Strauss. Par la suite, il a trouvé un allié en Strauss pour son propre travail de restauration de la philosophie politique. On pourrait toutefois soutenir qu’il fut aussi un allié encombrant. Nous chercherons à montrer que Lefort dans une série de textes critiques publiée dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix a pris bien soin de marquer une distance critique à l’égard de la pensée du philosophe politique américain. La critique lefortienne de Strauss soulève la question essentielle des rapports de la philosophie et de l’interrogation philosophique avec la démocratie. Cette critique permet de mettre en lumière les forces et les faiblesses de la thèse lefortienne affirmant que la démocratie serait le régime même de l’interrogation philosophique.

Stéphane Vibert, Indétermination démocratique et holisme sociologique

La pensée de la démocratie proposée par Claude Lefort cherche à se maintenir sur une étroite ligne de crête, à double distance du naturalisme et du relativisme au plan épistémologique, ainsi que de la tentation totalitaire de l’Un et de la fragmentation postmoderne au plan politique. En effet, selon Lefort, l’exceptionnalité de la démocratie, seul régime à reconnaître la division originaire qui constitue le social dans son rapport à l’Autre, constitue à la fois une dimension de lucidité et de fragilité, puisque la « dissolution des repères de la certitude », l’indétermination de son sens et la désincorporation du pouvoir n’éliminent pas l’exigence constitutive de toute société, à savoir assumer un « mode d’institution du social », un « principe générateur », une « configuration » de la coexistence qui commande à la fois l’unification de l’espace collectif et sa différenciation en rapports et groupes distincts. Le pari est-il tenable ? Ce double impératif porte à reconsidérer le questionnement de Lefort sur le rapport problématique nouant la modernité au problème théologico-politique, et à appréhender rigoureusement les limites de l’auto-institution démocratique, souvent présupposées dans le discours lefortien par le recours au « symbolique ».

Mattia di Pierro, Sur le politique : division, histoire et démocratie

Une des questions les plus controversées et débattues de la théorie du social de Lefort concerne le sens de la division originaire. Est-elle un postulat ontologique ou un élément historiquement déterminé ? Cette question est liée à la définition du politique. Peut-on dire que toutes les sociétés sont politiques ou le politique émerge-t-il plutôt dans un contexte historique déterminé : dans la modernité européenne ? En suivant cette seconde hypothèse, nous essaierons enfin d’interroger le sens de la démocratie pour comprendre si elle est, pour Lefort, une forme sociale qui va au-delà et au-delà de la modernité ou son accomplissement. En conclusion, nous pourrons ainsi essayer d’hypothétiser l’utilité et les difficultés de la théorie de Lefort pour l’analyse de la démocratie contemporaine.