Luc Bélanger

De vulnérabilité et d’empathie : un diplômé de l’Université d’Ottawa brise d’anciens tabous

Luc Bélanger
Après s’être longtemps tu sur l’anxiété de performance éprouvée dans sa vie personnelle et pendant son parcours professionnel, le diplômé Luc Bélanger, qui connaît une brillante carrière comme avocat et maintenant à titre de président d’un tribunal administratif fédéral, est revenu vers son alma mater afin de nous faire part de son expérience et pour transmettre son message sur la santé mentale.

Quand Me Luc Bélanger (LL.L. 1999) a terminé ses études à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, il n’avait encore jamais laissé la pression l’atteindre. Puis est venue l’étape du Barreau et de ses redoutables examens, et avec elle, d’importantes crises d’anxiété. Il lui aura fallu près de 20 années par la suite pour apprivoiser son anxiété de performance, un compagnon de route qu’il identifie dorénavant avec bienveillance comment étant « son gentil géant ». 

En novembre 2019, à la veille d’une conférence en droit de l’agriculture et de l’agroalimentaire où il devait prendre la parole à Toronto, cette anxiété l’a englouti. Insomnie, nausées, chaleurs, vomissements : d’heure en heure, son état empirait jusqu’au point où il a dû annuler sa participation à l’événement. Ce passage obligé lui a fait revivre une série d’évènements qui lui ont ouvert les yeux sur ce qui l’habite depuis si longtemps. 

« C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je devais entamer une réflexion, accueillir ce qui se passait en moi et parler aux gens autour de moi », confie le diplômé de la licence de droit civil, qui a étudié à une époque où le sujet de la santé mentale était tabou. En plus de s’ouvrir à sa famille et à son entourage, il a choisi depuis janvier 2020 de s’adresser à la prochaine génération de juristes dans les salles où il a lui-même fait ses études. Il a fait des présentations dans plusieurs ministères et est impliqué dans un groupe de travail sur la santé mentale au sein du Comité directeur des Chefs des organisations fédérales. 

Des outils pour tenir tête à l’anxiété 

Président de la Commission de révision agricole du Canada depuis juillet 2017 et du Conseil des présidents et des présidentes des tribunaux fédéraux entre janvier 2020 et janvier 2022, Me Bélanger a connu son lot de stress au travail et dans la vie. La pandémie a également ajouté des défis supplémentaires dans la gestion quotidienne des opérations d’un tribunal administratif. En début de carrière, et alors père de trois jeunes enfants, il a œuvré pendant six années dans les recours collectifs qui opposaient les manufacturiers de tabac contre gouvernement fédéral. Ces litiges ont mené à la plus grande production de preuve documentaire à cette époque, et son ascension dans la fonction publique s’est traduite par des horaires chargés et des déplacements fréquents. 

L’anxiété de performance est vite devenue pour lui chose courante, et c’est pourquoi il est allé chercher l’aide d’un professionnel en santé mentale. Aujourd’hui, lorsqu’il rencontre la communauté étudiante et nouvellement diplômée de la Faculté de droit, il lui arrive d’ailleurs d’inviter son psychologue à l’accompagner. Il s’agit pour lui d’une façon de déstigmatiser les problèmes de santé mentale et le recours aux ressources de soutien.  

Au fil des ans, son thérapeute et lui ont convenu que l’équilibre, pour lui comme pour tant d’autres, repose sur trois piliers fondamentaux : bien dormir, faire de l’exercice et ne pas verser dans l’excès,  ce dernier pilier faisant notamment référence au fait de bien manger et ne pas trop consommer d’alcool. Lorsqu’un de ces piliers vacille, son bien-être s’en ressent lourdement. Il tâche aussi de s’accorder du temps pour se recentrer après des efforts considérables et s’applique à rester dans le moment présent, même dans la tempête.  

Faire de sa vulnérabilité son alliée 

La démarche de Me Bélanger auprès de la nouvelle génération vise aussi à signaler que de se montrer vulnérable n’est pas une faiblesse, et que l’on peut apprivoiser son anxiété. C’est d’ailleurs un message qu’il s’efforce de faire circuler dans ses propres équipes au travail, où il tient à partager librement son vécu et à manifester son empathie envers chacun des membres de son équipe. 

« Quand on n’est pas bien il faut être à l’écoute de son âme et son corps, il faut en parler, il faut s’ouvrir, soutient-il. Il va toujours y avoir quelqu’un pour nous écouter peu importe l’heure du jour. Ça prend beaucoup de force pour être capable de parler de sa vulnérabilité et de dire ce qu’on ressent. » 

Dans ses présentations à l’Université, il ne manque jamais non plus l’opportunité de souligner l’importance de se montrer à l’écoute et de faire preuve de compassion et d’empathie. Et comme le non verbal est aussi particulièrement révélateur dans les cas de détresse psychologique, il recommande également de savoir en reconnaître les indices. 

« Prêtez attention au comportement des gens qui vous entourent, leur conseille-t-il. Quelqu’un qui commence soudainement à s’habiller toujours de la même façon, qui ne vient pas aux soirées de la faculté, qui manque ses cours, qui ne répond pas à ses messages… ce sont des signes qui peuvent indiquer qu’il y a peut-être quelque chose qui se passe. » 

Ressources 

Unies dans la promotion de la santé mentale, l’Université d’Ottawa et l’Association des diplômés ont mis en chantier nombre d’initiatives pour voir au mieux-être de leur communauté. Vousavez besoin d’aide, mais ne savez pas où commencer? Les liens ci-dessous vous dirigeront vers des ressources qui pourraient vous être utiles. 

Ressources pour la communauté universitaire sur le campus et en ligne 

Ressources pour la communauté diplômée 

Donner

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