La professeure Collins encourage ses étudiantes et étudiants à cultiver leur bien-être et leur résilience mentale depuis qu’elle s’est jointe à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa en 2006. Quelle enseigne au premier cycle ou aux cycles supérieurs, elle commence invariablement par une minute de méditation de pleine conscience, en invitant les gens à faire le vide dans leur esprit.
« Dès le début, il m’a paru important de souligner qui est impossible de produire un travail de qualité si on ne respecte pas ses limites », explique celle qui s’inscrit à contre-courant du discours prédominant dans la profession juridique, selon lequel les efforts acharnés sont la seule clé de la réussite.
Consciente qu’il n’existe pas de recette universelle, elle s’emploie à en promouvoir les principaux ingrédients du mieux-être : bien dormir, bien s’alimenter, faire de l’exercice et socialiser.
« Ces techniques ont pour effet de démultiplier notre rendement dans tous les domaines, explique-t-elle. S’il existe une solution miracle pour maximiser son potentiel, c’est bien de cultiver son bien-être mental et physique parce que c’est la base de tout le reste. »
Pendant la période des examens, par exemple, elle propose ce petit exercice en classe : « Imaginez que vous étudiez à la Faculté de musique. Vous avez pratiqué un morceau sans relâche, vous le connaissez sur le bout de vos doigts, mais juste avant de vous présenter à l’examen, vous lancez votre instrument contre un mur et sautez à dessus à pieds joints. Eh bien, c’est exactement ce que vous infligez à votre cerveau si vous passez la nuit à étudier. »
Même si cette métaphore peut faire sourire, la professeure de droit affirme que son avertissement fait mouche depuis quelques années, depuis qu’elle compulse les recherches empiriques sur le bien-être et son effet sur le rendement scolaire.
Par exemple, selon une étude réalisée par une faculté de pharmacie, les personnes qui dorment suffisamment obtiennent en moyenne une pleine note alpha de plus que celles qui sont toujours épuisées. « Lorsque je mentionne cette statistique, j’ai soudainement l’attention de tout le monde. Les personnes qui étudient en droit ont l’esprit critique. C’est une bonne chose qu’elles ne se contentent pas de me croire sur parole! »
En creusant la question, Lynda Collins a déniché une foule de données à l’appui de ses conseils. « Je peux maintenant encourager mes étudiantes et étudiants à prendre soin d’eux parce qu’ils le méritent et parce que c’est le moyen le plus sûr de réussir dans leurs études et leur carrière. »
À l’avant-garde des facultés de droit canadiennes
En 2019, l’intérêt de la professeure Collins pour ce champ de recherche a abouti à la création d’un séminaire spécialisé sur le bonheur et le droit, un cours au choix offert aux étudiantes et étudiants de première année que vient compléter un séminaire sur la pleine conscience donné ultérieurement dans le programme par l’avocate criminaliste Heather Cross.
Ces deux cours confèrent à l’Université d’Ottawa une longueur d’avance par rapport aux autres facultés de droit sur le plan de l’intégration du mieux-être dans l’enseignement des concepts juridiques fondamentaux. La professeure Collins attribue ce succès au soutien que lui a apporté la Faculté de droit au cours des dernières années.
« Au plus fort de la pandémie, on m’a demandé de donner le cours [sur le bonheur et le droit] à trois reprises, souligne-t-elle. Cette année-là, les ressources manquaient cruellement et nous venions tout juste d’opérer une transition brutale vers l’apprentissage en ligne, mais la Faculté avait compris que les étudiantes et étudiants auraient plus que jamais besoin de ces compétences. »
En phase avec l’engagement envers l’équité, la diversité et l’inclusion de l’Université d’Ottawa, la professeure Collins a à cœur d’incorporer différentes conceptions du bien-être dans ses cours, ce qui l’amène parfois à sortir du cadre des sciences occidentales en abordant la pratique de la méditation et les perspectives autochtones, par exemple. Elle décrit son séminaire comme un endroit où les étudiantes et étudiants peuvent parler librement de la place qu’occupent la santé et le bien-être dans leur culture, leur identité et leur religion.
« Par contre, il ne faut pas perdre de vue que la recherche du bien-être ne saurait remplacer la justice sociale, précise-t-elle. S’il existe du racisme systémique à la Faculté, on ne réglera pas le problème en suggérant aux victimes de méditer. Je propose des outils et des conseils d’un genre particulier, mais je n’irai jamais prétendre qu’ils peuvent remplacer les changements systémiques que la Faculté de droit et la profession en général doivent opérer. »
S’agissant de l’avenir, elle aimerait créer un site Web interactif où les étudiantes et étudiants anciens et actuels de l’Université d’Ottawa pourraient partager leur vision de la santé mentale et du bien-être. Elle invite déjà d’anciens étudiants et étudiantes à prendre la parole dans son cours sur le bonheur et le droit, et constate que les jeunes sont très sensibles à leurs propos.
Somme toute, la professeure Collins trouve une profonde satisfaction dans son travail : « Les enseignantes et enseignants se soucient réellement du bien-être des membres de la population étudiante. Comme les autres, je ne souhaite que leur bonheur et leur succès, alors oui, ça me procure une grande satisfaction professionnelle. »
Ressources
Unies dans la promotion de la santé mentale, l’Université d’Ottawa et l’Association des diplômés ont mis en chantier nombre d’initiatives pour voir au mieux-être de leur communauté. Vousavez besoin d’aide, mais ne savez pas où commencer? Les liens ci-dessous vous dirigeront vers des ressources qui pourraient vous être utiles.
Ressources pour la communauté universitaire sur le campus et en ligne