CiCi a grandi à Laval, banlieue de Montréal, puis à Ottawa. C’est toute jeune qu’elle découvre le monde artistique. La montagne de cassettes VHS qu’elle a chez elle nourrit sa passion pour le chant, la danse et le métier d’actrice. Avec sa fratrie, elle écoute en boucle des films comme Rock n’ Nonne, Mathilda et La cloche et l’idiot jusqu’à en savoir les répliques par cœur. « Le jeu des actrices et acteurs, la musique, les couleurs : j’aimais tout », s’exclame-t-elle en riant. « Ces films ont façonné ma personnalité. »
Par ailleurs, plus que du divertissement, les mondes dans lesquelles les films la transportent l’aident à faire face à une enfance par moments tumultueuse. Enfant de parents divorcés, elle sent souvent le poids des attentes qu’a envers elle sa pieuse famille canado-haïtienne. « Je me perdais dans mon monde imaginaire et j’échappais à la réalité et à mes émotions », se rappelle CiCi.
Cette capacité à fuir de même que sa curiosité pour les comportements humains et sa facilité à décoder le langage corporel la mènent au programme de psychologie de l’Université d’Ottawa.
« Dans la culture haïtienne de l’époque, il était à peu près impossible de parler du divorce de ses parents, de ses émotions ou de santé mentale », explique-t-elle. « Je me posais tellement de questions sur les comportements et l’esprit. »
Pendant ses études à l’Université, CiCi continue de chanter au sein d’une chorale de gospel de la région. « Poursuivre un parcours intellectuel sans pour autant abandonner ma passion m’a permis de maintenir un merveilleux équilibre », souligne-t-elle. nelle, mentale et spirituelle, laquelle est enrichie par des cérémonies traditionnelles et les rapports avec la communauté.
Trouver sa place dans le monde des arts
Après avoir obtenu son diplôme à l’Université d’Ottawa, CiCi déménage à Toronto, et c’est une fois là-bas qu’elle plongera véritablement dans le milieu artistique. Une de ses collègues travaille à temps partiel comme actrice. « Je n’avais jamais envisagé les arts comme étant une source de revenus ou un domaine où faire carrière », explique-t-elle.
Elle s’inscrit donc à des cours d’art dramatique et reçoit des éloges de la personne qui lui enseigne et de ses pairs. Elle se tourne alors vers une agence artistique, puis obtient des contrats publicitaires. Moins d’un an plus tard, elle quitte son emploi à Toronto et se rend à New York afin de s’inscrire au programme intensif des arts de la scène de l’école d’art dramatique Tom Todoroff Studio.
« J’étais enfin entourée de gens qui aimaient la même chose que moi », s’enthousiasme-t-elle au sujet de son passage à New York. « Ce plongeon dans les arts m’a aidée à guérir l’enfant en moi et m’a donné l’espace dont j’avais besoin pour découvrir pleinement l’univers de ma propre imagination. J’avais l’impression de jouer non pas pour prendre la fuite, mais pour être bien. »
CiCi explique en quoi sa formation en psychologie influence sa façon d’aborder ses rôles : « Elle m’aide à m’attacher aux personnages, à les explorer à fond. Je leur imagine tout un profil psychologique, sur lequel je m’appuie pour essayer de comprendre leurs décisions. À mon avis, un cours de psychologie permettrait à n’importe quelle actrice ou n’importe quel acteur de s’améliorer. »
« Poursuivre un parcours intellectuel sans pour autant abandonner ma passion m’a permis de maintenir un merveilleux équilibre. »
Cici Moya
Créer du contenu et tisser des liens
En 2016, CiCi a mis sa carrière d’actrice sur pause pour se concentrer sur son rôle de mère. Sa fille, Ruby, est atteinte de drépanocytose depuis la naissance. Cette maladie génétique affectant les globules rouges est principalement présente dans la population noire. Selon CiCi, il lui faut beaucoup d’énergie pour gérer la maladie de sa fille et s’assurer qu’elle se porte bien. Pour sensibiliser le public, elle a créé quantité de vidéos dans lesquelles elle parle de la maladie.
Ce faisant, elle a découvert une toute nouvelle avenue artistique : la création de contenu numérique. Près de 20 000 personnes sont abonnées à sa chaîne YouTube et plus de 14 000 la suivent sur Instagram. « La création de contenu est à l’intersection du film et de l’art de raconter des histoires. Mais ce que j’aime le plus des médias sociaux, c’est cette possibilité d’entrer en contact avec les gens », explique-t-elle.
CiCi se sert de ses plateformes de médias sociaux pour présenter des marques de produits de beauté ou axées sur le style de vie. Elle a aussi animé, en personne comme en ligne, plusieurs événements d’envergure, comme le Pikliz Comedy Show, à Montréal. Son court numéro comique présenté en ouverture reflétait tout son amour pour l’art de raconter des histoires et le contact avec le public.
CiCi s’inspire de tout ce qui gravite autour d’elle, virtuellement ou non, y compris sa famille haïtienne. Le personnage de Marie-Simone, qu’elle incarne sur Instagram, a été créé à l’image de sa grand-mère. Aujourd’hui décédée, elle avait, selon l’artiste, une personnalité plus grande que nature. « J’aimerais bien, dans les prochaines années, écrire une pièce de théâtre ou une série de courts métrages. Je me vois prendre plaisir à faire évoluer mes personnages », souligne-t-elle.
Même si elle ne sait pas ce que l’avenir lui réserve, il est certain que l’art dramatique fera toujours partie de sa vie, d’une manière ou d’une autre. C’est une passion qu’il lui faut entretenir si elle veut s’épanouir. « À l’école d’art dramatique, on disait qu’un bon équilibre de vie repose sur l’existence d’un lien fort entre la tête, le cœur et les hanches. Il faut se donner au complet. »