Au secondaire, Hubert Marleau excelle en mathématiques et commence alors à s’intéresser aux placements. Adolescent, il convainc son père, un entrepreneur en mécanique qui exploite sa propre entreprise, d’investir en bourse une partie de l’épargne du ménage. Heureusement, son conseil porte ses fruits, et le placement génère du rendement. Après cette expérience, l’investisseur en herbe est déterminé à perfectionner, dans les règles de l’art, ses compétences en placement et sa capacité à comprendre le fonctionnement des marchés.
Franco-Ontarien de Cornwall, Hubert Marleau a toujours su qu’il étudierait l’Université d’Ottawa. Pendant son parcours universitaire, il profite de ses étés pour travailler sur le plancher de la Bourse de Montréal, où il met en pratique les connaissances acquises dans ses cours d’économie. C’est là qu’il a l’occasion de voir l’économie à l’œuvre.
L’environnement est agité, bruyant et stimulant. L’étudiant a l’impression de réaliser un rêve. « L’Université m’avait fourni les références dont j’avais besoin pour faire ce travail », explique-t-il. « Rien n’égale un bon cours théorique d’économie pour apprendre le fonctionnement de l’offre et de la demande. »
Hubert Marleau obtient son diplôme à l’Université d’Ottawa en 1967, puis il occupe des postes de cadre auprès de BMO Nesbitt Burns (qui deviendra Nesbitt, Thomson and Company), puis de la Financière Banque Nationale (à l’époque Lévesque Beaubien). Pendant les vingt premières années de sa carrière, il acquiert de nouvelles compétences et bâtit son réseau.
Il dirige des services de recherche, travaille comme économiste en chef et premier vice-président pour la Financière Banque Nationale, et pilote l’expansion de la Banque à l’échelle du Canada et ailleurs dans le monde. Il apprend à gérer le volet commercial d’entreprises du secteur financier, mais reste toujours à l’affût des fluctuations des marchés.
« Après tout ça, j’avais une expérience si vaste que j’ai fini par devenir administrateur pour une centaine de sociétés cotées en bourse dans toutes sortes de secteurs au Canada », souligne l’économiste. Selon lui, il est capital de faire du réseautage dans le milieu des affaires. Siéger à ces nombreux conseils d’administration lui donne une meilleure compréhension des entreprises et l’aide à obtenir de nouveaux contrats.
En plus d’avoir des compétences en économie et en affaires, il possède un solide esprit entrepreneurial. « Je viens d’une famille entrepreneure », explique-t-il. « Je pense que cette volonté de développer nos propres projets est innée, chez nous. »
Plus tard, Hubert Marleau constitue et dirige deux maisons de courtage : Marleau Lemire Inc. en 1990 et Palos Management Inc. en 2001. Cette dernière est une entreprise familiale, et ce sont ses deux fils qui ont pris la relève des branches financière et administrative.
« J’avais l’impression de boucler la boucle », se remémore l’entrepreneur, au sujet de sa décision de confier à ses fils la gestion des activités courantes de Palos. « Au fond, ils poursuivent ce que j’ai commencé. Et, pour moi, ce fut un retour aux sources, car j’ai pu recommencer à travailler comme économiste. »
Inspirer la prochaine génération d’économistes
Hubert Marleau a bouclé la boucle en passant le flambeau, mais aussi en devenant un généreux donateur pour le Département de science économique de la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa.
En 2019, son soutien financier permet de mettre sur pied la série de conférences Marleau sur la politique économique et monétaire. Dans le cadre du projet, le Département a depuis accueilli des spécialistes de renommée mondiale dans le domaine de l’économie et financé, sur une base annuelle, plusieurs séminaires de recherche aux cycles supérieurs.
« La politique monétaire a un impact majeur sur ce qui se passe », note-t-il. « Après le gouvernement, la banque centrale est l’institution la plus importante d’un pays. Sa façon de réagir aux événements et les politiques qu’elle met en œuvre influencent énormément l’évolution cyclique des marchés. »
Le donateur souhaite que la série de conférences nourrisse la passion de la communauté étudiante pour le sujet.
« J’espère que les conférences encourageront et motiveront les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs à poursuivre leurs études. »
Hubert Marleau
Ce projet est le reflet de sa soif d’apprendre et de sa capacité à travailler en finances comme en économie. Avide lecteur, il passe cinq à six heures par jour à absorber de nouvelles informations, une habitude qui ne date pas d’hier.
« L’économie est une science en constante évolution. Il faut donc constamment se tenir à jour », explique Hubert Marleau. « Chaque jour apporte avec lui son lot de nouvelles, et lire permet d’atténuer le bruit et de mettre l’information en contexte. » À ses yeux, la série de conférences est aussi un autre outil pouvant servir au perfectionnement des compétences et à l’élargissement des perspectives de la population étudiante et du corps professoral.
Comme elle donne la parole à des conférencières et conférenciers de grands établissements de partout dans le monde, comme l’Université de Chicago ou l’Université Harvard, elle pourrait contribuer, selon l’économiste, à faire de l’Université d’Ottawa une destination de choix pour toute personne qui poursuit des études en économie. « Le gouvernement est à Ottawa. Le ministère des Finances et la Banque du Canada aussi. Je ne vois pas pourquoi Ottawa ne pourrait pas devenir l’endroit par excellence où étudier l’économie. »