Réfugiée au Canada, Roya Shams a trouvé sa voie et une nouvelle famille à l’Université d’Ottawa

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Faculté des sciences sociales
Roya  Shams, diplômée de l'Université d'Ottawa
Roya Shams, diplômée de l'Université d'Ottawa
Roya Shams (B.Sc.Soc. 2019) met toute sa ténacité, sa détermination et sa passion dans la poursuite de son rêve d’étudier le droit et dans la défense des droits des femmes et des filles en Afghanistan, son pays natal.

Roya est arrivée au Canada comme réfugiée en 2012, après que son père a été tué par les talibans pour avoir défendu le droit de sa fille à l’éducation. « Je suis privilégiée d’avoir été élevée par des parents à l’esprit libéral dans une société conservatrice », dit-elle à propos de ses 14 années passées à Kandahar aux côtés de ses quatre sœurs et quatre frères. « Nous gardons de beaux souvenirs de notre enfance, car nos parents nous ont donné beaucoup d’amour, de sagesse, de liberté et de confiance en nous. »

Elle s’est établie à Ottawa avec l’aide cruciale de quelques personnes, dont Lisa LaFlamme (B.A. 1988), diplômée de l’Université d’Ottawa, et elle y a poursuivi son objectif, selon le souhait de ses parents, de faire des études universitaires. Tout n’a pas été facile; elle se souvient que Shakespeare lui donnait du fil à retordre au secondaire et que sa famille lui manquait beaucoup, mais elle a persévéré. 

Grâce à la bourse Roger-Guindon, elle s’est inscrite au programme de développement international et mondialisation à l’Université d’Ottawa. Elle se rappelle le jour où Lisa LaFlamme lui a fait visiter le campus : « Elle m’a dit “Roya, si tu travailles fort et que tu gardes la tête hors de l’eau, tu iras loin, car ici, c’est une terre d’avenir” ».

Aujourd’hui, elle a trouvé non seulement la voie de son avenir, mais aussi la grande famille des Gee-Gees. Roya souligne qu’elle a appris à apprécier la communauté solidaire et tissée serrée que forme l’Université d’Ottawa, de ses conseillères et conseillers aux études à son ancien recteur, Allan Rock (LL.B.1971). « Tous ces gens me tiennent en vie, dit-elle. Je crois que la bienveillance nous mène loin. »

Roya Shams (B.Sc.Soc. 2019)

« Personne n’a envie de quitter sa maison et ses proches. Ces gens cherchent seulement une vie meilleure. »

Roya Shams (B.Sc.Soc. 2019)

Une communauté accueillante pour toutes les personnes réfugiées
 

Près de dix ans après son arrivée au Canada, Roya Shams a aidé les autres membres de sa famille à venir la rejoindre. C’était en 2021, alors que l’Afghanistan était sur le point de tomber aux mains des talibans. Des mois durant, elle a surveillé l’état de plus de 20 demandes d’asile. 

Enfin, au début d’octobre, elle a accueilli 27 membres de sa famille, dont sa mère, à l’Aéroport international Toronto Pearson. Ce n’était pas seulement des retrouvailles : elle a rencontré des neveux et nièces qu’elle n’avait jamais vus, et à qui elle avait apporté des sucettes dans l’espoir de devenir leur tante préférée. Depuis que toute la famille vit à Ottawa, elle fait régulièrement du gardiennage.

En plus de soutenir ses proches, Roya est bénévole auprès de plusieurs groupes qui aident des personnes réfugiées venues de Syrie, de Palestine et d’Afghanistan à s’installer dans leur nouveau pays. Il lui arrive de raconter sa propre histoire, mais le plus important pour elle, c’est d’accueillir ces gens avec la plus sincère bienveillance. 

Car elle sait, pour avoir dû fuir son pays à l’adolescence, que les personnes réfugiées n’ont pas choisi d’être là et qu’elles tentent seulement de s’en sortir le mieux possible dans les circonstances. 

« Personne n’a envie de quitter sa maison et ses proches, insiste-t-elle. Ces gens cherchent seulement une vie meilleure. Ce ne sont pas des extraterrestres venus d’une autre planète; ce sont des êtres humains comme nous. On doit traiter les autres comme on traite ses proches. »

Roya Shams, diplômée de l'Université d'Ottawa
Roya Shams, diplômée de l'Université d'Ottawa

Une lutte acharnée pour les droits des femmes et des filles en Afghanistan
 

Roya Shams terminera bientôt sa maîtrise en affaires internationales et lorgne le programme de common law. « Plus on s’instruit, plus on prend conscience des différents points de vue et mécanismes de développement », observe-t-elle. 

Elle voit d’un œil nouveau la situation en Afghanistan : « Avant [mon grade], ma réaction était émotionnelle. J’étais frustrée, déçue, déchirée. Aujourd’hui, avec les outils dont je dispose et les compétences que j’ai acquises, je ne peux pas baisser les bras. J’ai plus de moyens et un regard neuf pour analyser les problèmes et chercher des solutions. »

Parmi ces solutions figure l’organisme de bienfaisance qu’elle a mis sur pied en 2016, pendant sa deuxième année d’études à l’Université. La Fondation Andisha (auparavant la Fondation Shams) encourage les parents en Afghanistan à continuer d’envoyer leurs enfants à l’école en leur donnant en échange des repas nutritifs pour toute la famille. 

La lutte pour l’éducation est d’autant plus cruciale qu’en 2022, les talibans ont annoncé qu’ils ne rouvriraient pas les écoles pour les filles au-dessus de la sixième année. « Toutes ces filles sont constamment dans mes pensées quand je marche sur le campus ou que je roule à vélo, confie Roya Shams. C’est tellement frustrant de voir un petit groupe de barbares piétiner le droit fondamental à l’éducation. »

Elle ajoute que la solution passera par l’émancipation économique des femmes : « Quand on donne l’autonomie financière aux femmes, on leur évite de subir toutes sortes d’abus. Et c’est ce qui fait peur aux talibans. J’aurai terminé ma mission quand toutes les Afghanes, qu’elles soient les filles ou les épouses de talibans ou de simples civiles, auront le droit d’aller à l’école. »