– Cécile Coderre, professeure à l'École de service social
Dans les années 1980, les femmes gestionnaires étaient encore des oiseaux rares. Pour les battantes comme Ida Deurloo, par contre, il n'était pas question d'en rester là. Que ce soit à l'Université d'Ottawa, où elle a été registraire adjointe de 1983 à 1989, ou dans le milieu de la finance, où elle a terminé sa carrière, Mme Deurloo ne s'est pas contentée de se frayer son propre chemin : elle tenait aussi à ouvrir la voie à celles qui la suivraient.
L'équité et la promotion de la carrière des femmes étaient au coeur des préoccupations professionnelles de Mme Deurloo et de sa conjointe, la journaliste Muriel Paquin, décédée quelques années avant elle. Les études postsecondaires apparaissaient aux deux complices comme une voie privilégiée vers une carrière gratifiante et bien remplie.
La Bourse Murida, qu'Ida Deurloo a créée par un généreux legs testamentaire, viendra donner corps à cet engagement en encourageant les études dans le domaine des études des femmes à l'Université d'Ottawa.
« Ida était sensible à la discrimination, aux difficultés et aux obstacles que les femmes rencontrent dans leurs études et leur carrière professionnelle. Elle avait une conscience sociale très forte à ce niveau-là », dit Cécile Coderre, professeure à l'École de service social de l'Université d'Ottawa, qui a connu Mme Deurloo à l'époque où elles travaillaient toutes deux au Comité d'équité en matière d'emploi et d'éducation de l'Université d'Ottawa, dans les années 1980.
Ce souci de justice n'a jamais quitté Ida Deurloo, que ce soit dans les milieux professionnels qu'elle a traversés ou dans ses relations avec ses clients comme planificatrice financière; elle avait même l'habitude de rencontrer mari et femme séparément afin d'assurer l'équité financière dans le couple.
Femme de tête fidèle à ses convictions, Mme Deurloo était reconnue pour son franc-parler, mais aussi pour sa nature chaleureuse et l'intérêt profond qu'elle portait aux gens, que ce soit dans sa vie personnelle ou au travail.
Doug Guy, un de ses anciens collègues qui participe aujourd'hui à la gestion de sa succession, est bien d'accord : « Ida jugeait que pour vraiment arriver à aider les gens, elle devait bien les connaître. Je n'ai jamais rencontré un de ses clients qui n'était pas devenu un ami personnel. C'était très unique. Dans notre métier, ça ne se voit pas souvent. »