Alliée de longue date des communautés autochtones, Marguerite (Margot) Duford est décédée en mai 2018 à l’âge de 93 ans. C’est par l’intermédiaire de la Fondation Jean Baptiste Duford et Marguerite St. Julien, qu’elle avait créée en l’honneur de ses parents, que son don est parvenu à l’Université.
Conformément aux instructions de Matthew Ebbs (LL.B. 1993), exécuteur testamentaire et président de la Fondation, ce legs servira à créer des bourses d’au moins 2 500 $ pour la relève autochtone en droit et en médecine.
La création et la réaffectation de bourses pour les étudiantes et étudiants autochtones aux cycles supérieurs figurent au nombre des objectifs définis en 2020 dans le Plan d’action autochtone (PAA) de l’Université.
Des bourses pour les cycles supérieurs
À l’heure actuelle, la plupart de ces bourses se limitent aux programmes de premier cycle, explique Tareyn Johnson, directrice des Affaires autochtones de l’Université d’Ottawa. Les ressources financières se font plus rares pour quiconque poursuit ses études à la maîtrise, au doctorat ou dans d’autres programmes d’études supérieures.
Si l’on veut gonfler les rangs des candidates et candidats autochtones au doctorat et, à terme, améliorer la représentation de ces communautés au sein du corps professoral, il faut impérativement aider la relève à poursuivre ses études. Notre capacité à faire du campus un milieu plus accueillant pour les populations autochtones en dépend, fait remarquer Mme Johnson, qui a cosigné le plan où tous ces objectifs sont d’ailleurs énoncés.
La relève se dirige naturellement vers certaines facultés, et notamment vers le droit, continue-t-elle.
« Après tout, c’est qu’il existe des systèmes de droit autochtone. Nous sommes des nations souveraines au sein du Canada. Nous avons nos propres structures juridiques. Si les étudiantes et autochtones s’intéressent au droit, c’est que cette discipline n’est pas étrangère à notre culture. »
Toujours selon Mme Johnson, la relève autochtone se fait rare dans certains autres domaines, comme en génie, parce qu’elle ne se reconnaît ni dans les programmes des facultés ni dans leur corps professoral.
« Des bourses dans ces secteurs pourraient contribuer à changer la donne. »
Réduire les obstacles et accroitre l’accessibilité et pour les étudiants autochtones
Pour tenir compte des obstacles auxquels les membres des communautés autochtones font face aux cycles supérieurs, les modalités de l’aide financière doivent être flexibles. Par exemple, comme bon nombre d’entre eux viennent de communautés nordiques ou éloignées, il leur faut débourser des sommes considérables pour leurs déplacements.
Ces étudiantes et étudiants sont souvent appelés à retourner chez eux en cas de maladie ou de décès dans leur communauté, où les liens familiaux sont particulièrement étroits. Le coût du voyage est tel que par le passé, certains n’ont pas repris le chemin de l’Université après coup.
Nos étudiantes et étudiants des Premières Nations, métis et inuits sont aussi souvent parmi les premiers de leur famille à poursuivre leurs études à ce niveau. Ils sont ainsi mal préparés aux aléas de la recherche de logement et de ressources d’aide aux études. Nombre d’entre eux doivent aussi étudier à temps partiel pour continuer de prendre soin de leurs proches ou de travailler, ce qui les rend inadmissibles aux bourses dans bien des cas.
La création de bourses tenant compte de ces réalités contribuera grandement à attirer et à retenir plus d’étudiantes et d’étudiants autochtones sur notre campus, soutient Tareyn Johnson.
Pour une présence accrue de la population autochtone à uOttawa
Sur plus de 40 000 membres de la population étudiante de l’Université d’Ottawa, seuls quelque 450 s’identifient comme autochtones. Si l’on se fie au potentiel de population étudiante dans les régions desservies, nous pourrions en recevoir quatre fois plus, pour peu qu’ils aient accès à davantage de ressources, y compris financières.
« Nous nous privons d’un important bassin de personnes tout à fait capables d’entreprendre des études supérieures, poursuit la directrice. Les obstacles qui se dressent devant elles sont simplement parfois trop nombreux pour qu’elles choisissent cette voie. »
Les bourses comme celles rendues possibles grâce à la Fondation Duford contribuent à faire tomber ces obstacles. Ce faisant, elles font aussi progresser le processus de réconciliation à l’Université d’Ottawa.
« Il nous faut plus de personnes autochtones aux études supérieures, ajoute Tareyn Johnson. Aider la relève à y accéder, c’est aussi une forme de réconciliation. Si l’Université peut jouer un rôle dans leur réussite, il est de sa responsabilité de le faire. »
Une admiration de longue date des gardiens du territoire et de leur culture
La famille Duford a fait sienne cette responsabilité, selon Matthew Ebbs. Amoureux du plein air bien connu du milieu des affaires, Jean Baptiste Duford admirait les valeurs de ses amis et collègues autochtones, ainsi que leur rôle de gardiens du territoire.
« La famille avait une affinité avec la communauté autochtone », explique-t-il.
Margot Dufort, dont l’éducation s’est faite au couvent et dans des écoles de maintien, était une amie des arts et une voyageuse d’une grande culture, ajoute-t-il.
C’était une « dame brillante et dynamique, une femme en avance sur son époque. »
Bien que son legs date d’avant la découverte des tombes près de multiples pensionnats indiens au pays, M. Ebbs estime que ces drames n’auraient qu’amplifié la volonté de sa cliente et amie à faire tout en son pouvoir pour aider les communautés autochtones.
« Sa famille et elle en auraient eu le cœur brisé. »
Avant son décès, Margot Duford vivait à Sandy Hill et fréquentait l’église St. Joseph; elle faisait ainsi partie de la communauté élargie de l’Université d’Ottawa. C’est pourquoi M. Ebbs a choisi d’y créer les bourses.
Mme Dufort croyait qu’en aidant les étudiantes et étudiants autochtones à devenir des médecins et des juristes, ceux-ci pourraient exercer un leadership dans leurs communautés comme ailleurs au Canada, et ainsi soutenir la lutte contre la pauvreté et les injustices.
« C’est une façon de donner au suivant et d’aider les communautés autochtones de partout au pays », conclut Matthew Ebbs.