Le don anonyme d’un million de dollars servira à soutenir jusqu’à 50 Autochtones en finançant leurs études en droit, comme l’explique Danielle Lussier-Meek, ancienne directrice des relations communautaires et autochtones à la Section de common law de la Faculté de droit. L’organisme Indspire, qui investit dans l’éducation des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis, bonifiera ce montant grâce aux fonds qu’il reçoit à cet effet du gouvernement du Canada.
« Pour vous donner une idée, la représentation autochtone passera de 600 à 650 personnes au Barreau de l’Ontario, sur un total de 50 000 membres, précise-t-elle.
« Une cinquantaine de plus, ce n’est pas rien! Ces juristes en devenir donneront plus de poids au point de vue autochtone au sein du système juridique et judiciaire de l’Ontario et du Canada. »
Le don anonyme fait à la Faculté de droit, Section de common law, et l’apport additionnel de 800 000 $ de la part d’Indspire, serviront à créer des bourses d’admission. L’Université a également placé une partie de la somme dans un fonds d’urgence pour aider les étudiantes et étudiants en cas de crise ou s’il survient une maladie ou un décès les obligeant à se rendre auprès de leur famille.
En effet, il est arrivé que des Autochtones doivent se rendre dans leur communauté, souvent éloignée, pour des funérailles ou un autre événement malheureux, et abandonnent ensuite leurs études en raison du coût prohibitif du trajet aller-retour.
Éliminer les barrières
Le don anonyme vise à accroître rapidement les admissions d’Autochtones aux programmes de droit, qui leur sont difficilement accessibles en général.
« Cette cause est suffisamment importante pour qu’une personne décide d’y investir une somme importante, et son geste a fait boule de neige, souligne Danielle Lussier-Meek. Les mots me manquent pour exprimer toute la gratitude qu’elle m’inspire. »
Bien que les membres des Premières Nations et des communautés métisses et inuites reçoivent des fonds pour leurs études postsecondaires de premier cycle des transferts du gouvernement fédéral, aucune aide ne leur est accordée pour les études supérieures.
Le racisme structurel, le sous-financement de l’éducation dans les réserves et les plaies qu’ont laissées les pensionnats autochtones sont autant d’obstacles à la poursuite de leurs études au-delà du secondaire. Moins de 10 % des Autochtones ont un diplôme universitaire, comparativement à la moyenne nationale d’environ 26 %, selon Universités Canada.
La CIBC crée 20 nouvelles bourses pour les Autochtones qui poursuivent des études universitaires
Grâce au don anonyme et à son partenariat avec Indspire, l’Université a pu obtenir de la CIBC un don additionnel dans le cadre de la Bourse CIBC pour étudiantes et étudiants autochtone. Un montant supplémentaire de 200 000 $, aussi bonifié par Indspire, financera des bourses de 5 000 $ destinés à Autochtones qui étudient dans un programme menant à un grade, peu importe le cycle d’études.
« Il est important pour nous d’investir dans la nouvelle génération de leaders autochtones, qui sera porteuse de changement, par l’entremise de cette bourse de l’Université d’Ottawa », déclare Jaimie Lickers, vice-présidente des marchés autochtones de CIBC.
Sur la population étudiante totale de l’Université d’Ottawa, qui dépasse les 44 000, environ 630 personnes s’identifient comme autochtones.
Une aide décisive
Maître Lickers, avocate onondaga de la communauté Haudenosaunee des Six Nations de la rivière Grand, est bien placée pour savoir que les bourses, notamment celles d’Indspire, jouent un rôle décisif. Elle a bénéficié de l’aide de l’organisme, qui s’appelait alors Fondation nationale des réalisations autochtones, pendant ses études de droit.
« Dans un programme aussi exigeant, c’est crucial, assure-t-elle. Je n’aurais pas aussi bien réussi mes études en droit si mon esprit avait été occupé par des soucis financiers. »
Selon Mike DeGagné, président et chef de la direction d’Indspire, il faudra multiplier les partenariats et les investissements pour abattre la barrière structurelle qui se dresse entre les Autochtones et l’université.
« Nous sommes ravis de nous associer à la CIBC et à l’Université d’Ottawa, et nous espérons qu’ensemble, nous pourrons accélérer les choses et faire en sorte que cette initiative essentielle soit suivie d’autres mesures en faveur des étudiantes et étudiants autochtones, déclare-t-il.
« Des partenariats tels que celui-ci, qui ouvrent des avenues pour l’ensemble des membres des communautés autochtones du pays, font concrètement avancer la réconciliation. »
Dans le cadre de son engagement en faveur de la réconciliation, l’Université a fait sa priorité de l’appui aux étudiantes et étudiants autochtones. Son plan d’action autochtone, rédigé par le Comité permanent des affaires autochtones, appelait à créer plus de bourses ainsi qu’un fonds d’urgence pour cette clientèle.
Bien qu’elle ne couvre pas entièrement les droits d’admission annuels à la Faculté de droit, cette aide financière procure la sécurité alimentaire et un toit à ses bénéficiaires, qui peuvent donc se consacrer entièrement à leurs études.
« Les bourses sont déterminantes pour ces personnes », soutient Danielle Lussier-Meek.
Bon nombre d’Autochtones admis à la Faculté ou à d’autres programmes d’études supérieures ont déjà une carrière derrière eux et souhaitent se réorienter. En plus de faciliter leurs études, l’appui de l’Université d’Ottawa encourage les générations qui suivent à envisager à leur tour des études postsecondaires.
« En voyant le soutien qu’on offre à leurs parents, les enfants gagnent en estime et en confiance », poursuit Mme Lussier-Meek.
Ces bourses et le soutien communautaire au sein de l’Université contribuent à l’amélioration des relations.
« Il est très important que tous ceux et celles qui vivent au Canada adhèrent à cet idéal de vivre en harmonie », conclut-elle.