Chaire de recherche du Canada en humanités numériques

À l’époque de « fausses nouvelles » et des « faits alternatifs », les universitaires, politiciens, éducateurs, étudiants et citoyens doivent avoir accès à des renseignements fiables et à leur contexte historique. Mais le « tissu conjonctif » dont les utilisateurs du Web ont besoin pour faire la synthèse des énormes quantités de données fiables n’existe pas. Ce tissu conjonctif est fait de données liées – une méthode de publication de données structurées de façon à ce qu’elles soient interreliées et s’avèrent plus utiles.

Pouvoir accéder à des données faisant autorité et évaluées par des pairs comporte des bienfaits économiques, sociaux, en matière de santé et même de défense qui ont été bien établis. Mais il n’y a pas suffisamment de données de sciences humaines disponibles en ligne sous le format de données liées. Actuellement, les données liées constituent seulement 1 p. 100 du Web. Cela signifie que, qu’ils le sachent ou non, les utilisateurs n’ont pas accès à toute la puissance de création des connaissances que le Web pourrait apporter.

Constance Crompton, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en humanités numériques, veut changer cette situation en permettant aux utilisateurs du Web d’accéder aux « superpouvoirs des humanités » : une meilleure capacité à comprendre le passé afin d’améliorer l’avenir.

Mme Crompton, son équipe de recherche et ses collègues convertissent en données liées d’importantes quantités de contenus numériques de sciences humaines évalués par les pairs, faisant autorité et en libre accès, et ils créent des modèles du passé qui pourraient guider les prévisions sur l’avenir. Les informations fiables qu’ils produisent seront présentées avec leur contexte historique pour aider les lecteurs humains et les ordinateurs à déduire de ces données des solutions appropriées. Ultimement, cette recherche permettra de décloisonner les silos de données et contribuera à faire des utilisateurs du Web des superhéros des sciences humaines.

Chaire de recherche du Canada sur l’environnement, la société et les politiques

Le monde fait face à des problèmes socioenvironnementaux sans précédent. Le changement climatique, le changement social, les réformes politiques et le développement à grande échelle entraînent des conditions mondiales qui changent rapidement. Il est devenu crucial de déterminer, de définir et de régir efficacement les interdépendances complexes qui existent entre les humains et l’environnement naturel. 

Jackie Dawson, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’environnement, la société et les politiques, examine la résilience des collectivités où le changement environnemental a entraîné la restructuration et la transformation des économies locales. Il met l’accent sur les collectivités dont les économies ont été ruinées par des conditions environnementales changeantes et sur celles qui ont connu de nouvelles occasions économiques en raison de l’environnement changeant.

Au Canada et dans le reste du monde, les collectivités qui dépendent de ressources environnementales vulnérables sont, de longue date, susceptibles de connaître des cycles économiques de vaches grasses et de vaches maigres. Ces derniers sont encore plus courants dans notre ère de développement économique rapide et de mondialisation. Il est donc plus important que jamais que les collectivités pèsent le pour et le contre du développement et qu’elles s’intéressent de près à la résilience, à l’adaptation et aux politiques économiques connexes.

La recherche de Jackie Dawson permettra d’accroître les connaissances et de réduire les risques en matière d’environnement et de sécurité publique associés aux conditions environnementales et socioéconomiques changeantes des collectivités.

Chaire de recherche du Canada sur les traditions intellectuelles et l'autodétermination des Premiers Peuples - Takuaimatishun

Les recherches du Dr Ross-Tremblay et de son équipe portent les perspectives des Premiers Peuples quant aux effets multidimensionnels du génocide et du colonialisme actuel ainsi que sur la continuité et l’expansion des traditions orales et intellectuelles comme alternative aux réalités coloniales vécues et comme source de transformation sociale. La Chaire de recherche du Dr Ross-Tremblay est constituée de quatre unités :

1. Documentation & archives
2. Recherche & analyse
3. Enseignement & partage des savoirs
4. Service à la communauté

Les actions de la Chaire visent à renforcer les souverainetés narratives et normatives ainsi qu’à soutenir les pratiques effectives d'autodétermination.La Chaire poursuit à la fois l’autonomisation des Premiers Peuples en recherche, l’excellence des recherches sur l’opérationnalisation effective du droit des Premiers Peuples à disposer d’eux-mêmes et la protection des terres ancestrales. Le Dr. Ross-Tremblay et son équipe ont comme objectifs spécifiques de : 

• Protéger les archives orales menacées et marginalisées, partager aux familles les riches récits existants mais non accessibles de leurs Aînés et générer des outils innovants d’auto-archivage pour soutenir la souveraineté narrative familiale et communautaire; 
• Accompagner les individus, les familles et les communautés dans l’enregistrement de leurs mémoires, la production et socialisation de leurs récits, en particulier auprès des jeunes, via l’utilisation de la technologie sociale de la mémoire; 
• Mener des études avancées sur les manifestations contemporaines du colonialisme psychologique et des abus de pouvoir par l’amplification des mémoires et voix marginales, incluant l’étude des phénomènes relatifs à l’oubli culturel (amnésiologie) et à l’ignorance (agnologie) en tant qu’obstacles aux savoirs intergénérationnels et à la protection de la terre; 
• Soutenir les processus d’analyses et de recherche appliquée relatifs à l’expansion des ordres juridiques, souverainetés ancestrales et conceptions de l’autonomie; 
• Offrir des expertises de pointe pro bono en matière de formation, de gestion de projets de mémoire, de renforcement et d’affirmation des ordres juridiques ancestraux, de prévention et de gestion de conflits, de diplomatie et de résolution de problèmes complexes. 

Les travaux de la Chaire prioriseront les projets de recherche et de formation définis et mis en œuvre par, pour et avec les Premiers Peuples.

Chaire de recherche universitaire en traditions familiales et communautaires métisses

Cette Chaire de recherche universitaire en traditions familiales et communautaires métisses s'appuie directement sur le travail entrepris pendant les dix ans de mandat de Brenda Macdougall en tant que titulaire de la Chaire en recherche métisse. Ce programme de recherche examine comment les "kinscapes" métis - des constellations relationnelles réparties sur une vaste zone géographique - ont agi comme épicentres de la floraison culturelle et du sentiment de nation des Métis des Plaines. En analysant comment les chasseurs de bisons métis des Plaines, appelés Otipaimsiwauk (les gens qui étaient leurs propres chefs) en cri, ont articulé leur sens de l'identité à travers une série d'actions sociales et politiques, ce travail fournira de nouvelles perspectives sur l'évolution et les qualités de leur nation. 

Macdougall s'engage en outre dans de nouveaux projets basés sur des pratiques artistiques enracinées dans les traditions de la culture matérielle. Ce nouveau projet de création de recherche est une extension de la recherche sur les "kinscapes" en mariant les valeurs traditionnelles à l'engagement contemporain avec nos proches à travers les générations et les personnes de genres divers. Ce projet explore comment notre peuple utilisait les vêtements et les ornements pour présenter notre esprit à notre famille, à notre communauté, à notre nation (humaine et non humaine) et, en fin de compte, à nos ancêtres, grand-mères et grands-pères, aides spirituels, la première Grand-mère et le Créateur. Il cherche à répondre à une question centrale : comment pouvons-nous intégrer nos véritables "moi" spirituels dans notre travail en tant que moyen de nous engager dans l'indigénisation décolonisée en réfléchissant à la façon dont les enseignements traditionnels, les loges cérémoniales et les sociétés fonctionnent aujourd'hui et peuvent modéliser l'indigénisation et la décolonisation au sein de l'académie. De manière significative, les deux projets reflètent les compréhensions autochtones des Plaines de notre propre histoire et cherchent à fournir un moyen pour nous de communiquer de manière à refléter nos valeurs, nos connaissances et nos croyances. Ce programme de recherche contribue à l'objectif de l'Université d'Ottawa de promouvoir des sociétés justes et, en mariant les méthodologies de recherche autochtones aux technologies des humanités numériques et à la création de recherche, il crée une nouvelle perspective théorique pour enquêter sur notre savoir traditionnel.

Communautés franco-ontariennes et immigration : vitalité, transformation et diversification

Étant donné la priorité politique et communautaire donnée au projet de l’immigration francophone pour assurer la vitalité des communautés francophones en Ontario, il est essentiel de comprendre comment les membres établis de ces communautés vivent et perçoivent l’arrivée de nouvelles populations d’origines diverses en leur sein. Mon programme de recherche contribuera à l’avancement des connaissances empiriques et conceptuelles sur les communautés franco-ontariennes en documentant les dynamiques sociospatiales et les interactions entre groupes culturels dans le contexte unique de ces communautés francophones. Les résultats serviront à développer des recommandations pour des politiques publiques et des pratiques communautaires qui répondent aux besoins locaux des communautés francophones données.

Chaire de recherche de l’ILOB en apprentissage et en acquisition des langues

Chaire de mobilité: recherche en bilinguisme

Les travaux de la professeure Zaidi font ressortir le pouvoir de la diversité dans la promotion de la justice sociale, de l'équitv et de l'inclusion, particulièrement dans les contextes transculturels et d'immigration. Elle trait du besoin urgent de rendre plus inclusifs l'alphabétisation et l'enseignement des langues dans les classes multilingues et multiethinicques du Canada, surtout face aux crises mondiales des personnes réfugiées.

Ses démarches ont abouti à des recommandations pan-provinciales sur les manières de mieux accompagner les familles de personnes réfugiées et immigrantes dans le systéme d'éducation. Elle exerce aussi son influence sur les politiques et pratiques pédagogiques par ses écrits; citons ses derniers ouvrages en date, Transcultural Pedagogies for Multilingual Classrooms: Responding to Changing Realities in Theory & Practice & Literacy Lives in Transcultural Times.

Chaire de recherche en apprentissage des langues médiatisé par les technologies et l’intelligence artificielle

À une époque où la technologie redéfinit l'éducation, Jérémie Séror trace la voie en tant que titulaire récemment nommé de la Chaire de recherche en apprentissage des langues médiatisé par les technologies et l'intelligence artificielle. Ses recherches portent sur les capacités transformatrices de l'IA générative pour l'enseignement des langues, notamment sa capacité à personnaliser et adapter l'expérience éducative tout en offrant aux éducateurs des outils pour aider à analyser et expliciter les structures linguistiques au cœur des textes étudiés par des apprenants.

À travers l'analyse de données quantitatives et qualitatives, les projets menés par la chaire visent à documenter les applications réelles de ces technologies émergentes. Jérémie Séror s'intéresse particulièrement à la capacité de l'IA à offrir des éclairages langagiers permettant d'établir des liens entre les langues d'origine des étudiants et les nouvelles langues qu'ils sont en train d'acquérir. Cette approche interlinguistique favorise la compréhension tout en encourageant des compétences plurilingues en incitant les apprenants à puiser dans l'ensemble de leur répertoire linguistique. Un enjeu majeur consistera à définir les compétences essentielles pour les éducateurs, afin qu'ils puissent intégrer de manière optimale les outils basés sur l'intelligence artificielle dans leur pédagogie, tout en atténuant les risques potentiels.

En partenariat avec des collègues, des centres de recherche et des partenaires externes, cette chaire de recherche contribuera non seulement à la réalisation des objectifs stratégiques de l’ILOB, mais aussi à l'élaboration de politiques plus larges, à l'enrichissement des pratiques en matière de didactique des langues et au déploiement éthique et inclusif de l'IA en contextes d’apprentissage des langues.

Chaire de recherche en politiques linguistiques

Nikolay Slavkov est professeur titulaire à l’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB). De 2017 à 2024, il a également été directeur du Centre canadien d’études et de recherche en bilinguisme et aménagement linguistique (CCERBAL) de l’ILOB. Les recherches du professeur Slavkov sur la politique linguistique se concentrent sur la politique linguistique familiale et ses intersections avec les idéologies linguistiques et le système éducatif. Comme l'a souligné Bernard Spolsky, la politique linguistique familiale (PLF) est un domaine clé au sein de la politique linguistique, traditionnellement axée sur les politiques des États-nations ou des institutions. Ainsi, les chercheurs s’accordent sur le fait que davantage de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les dynamiques, les attitudes et les pratiques linguistiques familiales.

Les recherches du professeur Slavkov mettent l’accent sur l’harmonie et l’inclusion linguistiques, et explorent les langues officielles ainsi que les langues patrimoniales ou minoritaires au Canada. À travers des études de cas, des questionnaires et des entretiens avec des familles, il a examiné les aspects suivants : 1) comment les jeunes enfants apprennent, oublient (perdent) et réapprennent (réactivent) des langues ; 2) quelles stratégies d’utilisation des langues à la maison et quelles trajectoires éducatives peuvent être suivies par les familles afin d’optimiser les résultats bilingues et multilingues des enfants ; et 3) comment les constellations linguistiques individuelles se forment dans les répertoires des enfants, en fonction de leurs trajectoires de migration, familiales et éducatives uniques. Plus récemment, ses recherches se sont également concentrées sur la décolonisation linguistique, adoptant une position critique vis-à-vis des épistémologies du Nord global et mettant l’accent sur l’inclusion linguistique, l’acceptation et la justice sociale.