À l'origine de l'initiative de la semaine, la professeure titulaire et directrice du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF), Lucie Hotte, ouvre le bal en recommandant Depuis toujours, j'entendais la mer de Andrée Christensen. Originaire d'Ottawa, Christensen a publié plus de vingt titres et remporté plusieurs prix littéraires.
« Il s’agit d'un roman complexe, un roman choral, qui est construit à partir d’un feuilleté de strates sémantiques, qui se répondent et s’appellent », nous dit la professeure. « Par un subtil jeu de miroir, Christensen propose une réflexion particulière sur la vie et sur la mort, qui n’est pas celle de la roue ou de l’éternel recommencement, mais plutôt celle de l’acceptation même de notre mortalité. Cette réflexion qui est loin d’être macabre donne à l’œuvre toute sa force et la force de l’écriture fait du roman un chef d’œuvre. »
« Parmi les nombreuses œuvres marquantes de l’Ontario français, le premier roman d’Andrée Christensen mérite d’être souligné. Le roman a remporté cinq prix, dont le Prix Émile-Olivier. »
Lucie Hotte
— Professeure titulaire et directrice du CRCCF
La professeure à temps partiel, Monia Brahim, recommande quant à elle Capharnaüm de Nancy Vickers, autrice établie à Ottawa depuis plus de quarante ans. « Dès les premières pages, le lecteur explore le monde des objets, ces objets qui prennent de plus en plus de place jusqu'à remplacer les êtres humains. Le lecteur assiste à une lente descente en enfer, à la déchéance du personnage principal, englouti par les objets qu'il aimait tant. »
« Le roman de Nancy Vickers plonge le lecteur dans un monde étrange, à la fois effrayant et émouvant. »
Monia Brahim
— Professeure à temps partiel
Dominique Bourque, professeur à double affectation au Département de français et à l'Institut d'études féministes et de genre, recommande le livre d'une de ses collègues, Les porteuses d'Afrique ! d'Angèle Bassolé-Ouédraogo. « Dans une poésie percutante, A. Bassolé-Ouédraogo célèbre les femmes africaines méconnues dont elle égrène les noms magnifiques. Il s’agit d’un hommage éblouissant à ces figures historiques qui ont nourri et protégé les peuples d’Afrique de siècle en siècle, qui les ont maintenus en vie à travers les épreuves. »
Angèle Bassolé-Ouédraogo a réalisé son doctorat en Lettres dans notre département, et est maintenant chercheuse à l'Institut d'études féministes et de genre. Elle a publié Les Porteuses d'Afrique ! en 2008 (L'Interligne) qui a été finaliste au Prix du livre d’Ottawa.
« Elles sont Debout ! Les Mères-courage ! Debout ! Au carrefour des malheurs africains. »
Angèle Bassolé-Ouédraogo
— Les Porteuses d'Afrique !
Joël Beddows, professeur au Département de théâtre et Conseiller spécial en francophonie à la Faculté des Arts, partage trois titres qui l’ont particulièrement marqué.
Sa première recommandation est Le testament du couturier de Michel Ouellette, un de nos anciens professeurs à temps partiel qui a également réalisé son baccalauréat, sa maîtrise et son doctorat dans notre département. « Cette œuvre m’a bouleversé grâce à sa capacité à déplacer l’enjeu identitaire dans un contexte inventé de toute pièce, voir un monde de science-fiction. »
La pièce de Sarah Migneron, À tu et à moi, l’a également touché : « Cette pièce m’a permis de comprendre – ne serait-ce qu’un peu – qu’une femme n’est jamais simplement un personnage inventé par un homme ». Sarah Migneron détient une maîtrise en création dramaturgique de l'Université d'Ottawa.
Joël Beddows complète sa liste avec le titre de Patrice Desbiens, L’Homme Invisible-The Invisible Man. Selon lui, le recueil lui a permis « de cerner dans quelle mesure l’existence bilingue en est une de quête de sens.
Professeur au Département de français et spécialiste du 19e siècle, Maxime Prévost, a lui aussi recommandé le livre de Patrice Desbiens, l'œuvre franco-ontarienne l'ayant le plus marqué : « D’abord, j’admire son audace de se placer aussi résolument, dès le titre, dans une lignée qu’on pourrait qualifier de mythologique (The Invisible Man de H. G. Wells et Invisible Man de Ralph Ellison). Alors qu’Ellison représentait la réalité vécue par les Afro-Américains dans les années 1950, Desbiens se sert d’une forme littéraire extrêmement originale pour illustrer celle des Franco-Ontariens : des poèmes de forme libre, in both official languages. Mais attention : la version anglaise n’est pas une simple traduction du texte français, car, subtilement, Desbiens donne voix à la double nature de son expérience française et anglaise. »
« Notons que toute l’œuvre de Patrice Desbiens mérite d’être lue et relue. »
Maxime Prévost
— Professeur titulaire
Pour finir cette semaine de célébration en beauté, quelques étudiantes des cycles supérieurs ont aussi partagé leur coup de coeur.
Myriam Legault-Beauregard, étudiante au doctorat, recommande le livre de poésie Projet Terre, paru en 2021 aux éditions David, sous la direction de Michel Thérien et Nelson Charest, l'un de nos professeurs. « Plusieurs des poètes qui y ont contribué viennent de l’Ontario ou y habitent », commence-t-elle. « La diversité des propos et des styles m’a beaucoup plu. J’ai aussi visionné le spectacle qui a découlé de ce projet – c’était absolument magnifique d’entendre les auteurs et autrices réciter leurs textes engagés et émouvants ».
« Ce collectif m’a fait réfléchir sur le rôle que l’art peut jouer dans la protection de notre environnement. »
Myriam Legault-Beauregard
— Étudiante au doctorat
La recommandation d'une autre étudiante au doctorat, Eve Bilodeau, est Compost-partum d’Éric Charlebois, diplômé en Lettres françaises à l'Université d'Ottawa : « Dans ce recueil poétique, l’auteur expose ses peurs liées à la paternité dans une langue qui conjugue parfaitement le lexique médical et la réalité subjective de l’enfance et de l’enfantement. Teinté d’humour, c’est la richesse de son éloignement au lyrisme qui permet de bien absorber la réflexion sur son rapport à autrui. »
« C’est un texte qui doit être lu et relu pour en saisir la force et les subtilités. »
Eve Bilodeau
— Étudiante au doctorat
Finalement, L'homme invisible / The Invisible Man de Patrice Desbiens semble être le livre le plus populaire. « C’est une œuvre incontournable de la littérature franco-ontarienne. Elle représente bien la quête identitaire complexe de l’Ontario français », nous confirme Kayla Levert, étudiante à la maîtrise, qui en propose également la lecture.
« Je recommande toujours ce récit à mes proches québécois afin qu’ils puissent mieux comprendre les enjeux linguistiques et sociaux de ma communauté adoptive. »
Kayla Levert
— Étudiante à la maîtrise