Mobiliser la communauté de recherche en français pour assurer sa pérennité

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Véritable point de ralliement scientifique et multidisciplinaire de la francophonie, le Congrès de l’Acfas « se déroule cette année à un moment propice pour aborder les défis que rencontre la science en français », affirme Martine Lagacé, vice-rectrice associée à la promotion et au développement de la recherche à l’Université d’Ottawa et coprésidente du Congrès.

Les récents rapports de l’Acfas, du Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche et du Comité permanent de la science et de la recherche dressent des portraits similaires des défis et proposent des pistes d’action convergentes pour assurer la reconnaissance, la découvrabilité et la pérennité de la recherche en français.

Selon la vice-rectrice associée, le Congrès à l’Université d’Ottawa – un important établissement bilingue à vocation francophone et en situation minoritaire – offre le cadre idéal pour discuter des pistes d’action proposées en tenant compte des réalités de la recherche au Canada et à l’échelle internationale. Pour cette 91e édition de l’événement, l’heure est à la mobilisation et à l’action.

Les défis actuels de la recherche en français au Canada

La désertion de la recherche en français est tangible, documentée, et inquiétante si le statu quo persiste. Les statistiques en disent long : à l’échelle mondiale, la proportion d’articles savants publiés en anglais est passée de 64 % en 1995 à plus de 90 % en 2019. Sur la même période, la proportion d’articles publiés en français est passée d’un peu moins de 10 % à 1 % (rapport du Comité permanent de la science et de la recherche : Un nouvel élan à la recherche et la publication scientifique en français au Canada, p. 10, juin 2023). De nombreux obstacles présents dans l’écosystème de soutien à la recherche entravent le développement et la visibilité de la recherche en français. La vice-rectrice associée mentionne entre autres la notion d’excellence, définie par des critères tels que le « facteur d’impact des publications » (soit le nombre de citations d’un article). Ce facteur privilégie les publications en anglais en raison de leur plus grand rayonnement et de leur plus grande distribution. Les chercheuses et chercheurs francophones se sentent quasiment contraints de publier en anglais pour leur avancement professionnel et l’évaluation de leurs demandes de subventions.

Cette tendance a des répercussions sur la qualité de vie de l’ensemble des francophones, limitant son accès au savoir et réduisant la mobilisation des connaissances au sein de cette communauté. Sans compter l’absence de contribution en français au dialogue scientifique mondial.

Mme Lagacé souligne la nécessité d’établir une approche équitable qui valorise la qualité intrinsèque des travaux, indépendamment de la langue de publication. Elle reste optimiste quant aux pistes d’action claires et précises proposées pour remédier à la situation. Par ailleurs, elle souligne l’importance de réviser la notion d’excellence de la recherche pour y intégrer des critères plus inclusifs qui devraient notamment prendre en compte l’accessibilité aux ressources, les inégalités de financement, et les obstacles à l’accès à l’éducation et à la recherche.

Des pistes d’action pour un soutien durable de la recherche en français

La vice-rectrice associée a bon espoir que les mesures suggérées dans les trois différents rapports seront mises en œuvre. L’un des éléments clés, selon elle, serait l’adoption d’une stratégie pancanadienne de soutien à la recherche et à la publication en français. Elle en a d’ailleurs fait une recommandation formelle lors d’une comparution devant un comité permanent de la Chambre des communes en novembre dernier. La création d’initiatives de soutien pérennes, le renforcement du soutien institutionnel et la création d’un bureau de la science en français s’imposent également.

Mme Lagacé évoque aussi l’importance des outils de traduction pour permettre aux chercheuses et chercheurs anglophones de traduire leurs travaux en français. En effet, la recherche bilingue est extrêmement enrichissante : elle double la richesse des perspectives et favorise une plus grande accessibilité des connaissances.

L’Université d’Ottawa au cœur de la mobilisation nationale

Mme Lagacé exhorte les décisionnaires politiques, les organismes de financement et les universités à s’engager pleinement à soutenir la recherche en français au Canada. « L’Acfas joue un rôle central dans cette démarche. En encourageant une évaluation plus inclusive et diversifiée de l’excellence en recherche, nous pouvons envisager un avenir où la diversité linguistique et culturelle est pleinement valorisée et célébrée dans le paysage de la recherche canadienne. »

Martine Lagacé

« En encourageant une évaluation plus inclusive et diversifiée de l’excellence en recherche, nous pouvons envisager un avenir où la diversité linguistique et culturelle est pleinement valorisée et... »

Martine Lagacé

— Vice-rectrice associée, promotion et développement de la recherche et coprésidente du Congrès

L’Université d’Ottawa est bien placée pour comprendre les défis liés à la recherche dans les deux langues officielles du Canada. De plus, elle a indéniablement à cœur la recherche en français, comme en témoignent entre autres son Collège des chaires de recherche sur le monde francophone, son Centre de recherche sur les francophonies canadiennes, sa participation au Réseau international des Chaires Senghor de la Francophonie et ses multiples partenariats à l’échelle de la francophonie internationale.

Située au carrefour des communautés francophones minoritaires et majoritaires au Canada, l’Université d’Ottawa s’impose aujourd’hui comme un catalyseur pour réunir les acteurs clés autour d’une stratégie nationale visant à soutenir la recherche en français.

Sous le thème « Mobilisation des savoirs », le 91e Congrès de l’Acfas se déroulera du 13 au 17 mai à l’Université d’Ottawa.

Références

Rapport du comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche

Mémoire soumis par l’Acfas au Comité permanent de la science et de la recherche : Pour soutenir la publication savante en français au Canada

Rapport du Comité permanent de la science et de la recherche : Un nouvel élan à la recherche et la publication scientifique en français au Canada