Visualiser la production de la parole : la professeure Suzy Ahn s’intéresse aux mouvements de la langue et du larynx

Recherche et innovation
Vu de côté de plusieurs têtes de personne avec un visuel du larynx larynx
La professeure Suzy Ahn étudie le monde fascinant de la parole. Plus précisément, elle observe les mouvements que font la langue et le larynx pour produire des sons dans différentes langues. En analysant les subtilités de l’articulation, cette professeure adjointe au Département de linguistique tente de comprendre les schémas, tant universels que propres à une langue donnée, de production et de perception des sons chez les humains.

Ce qui l’intéresse le plus, c’est la position de la langue et le mouvement du larynx dans le contraste phonémique, par exemple pour vocaliser la distinction entre le « b » et le « p » en anglais (comme dans les mots bet et pet). La professeure Ahn compare ces phénomènes dans différentes langues, dont l’anglais, le mandarin, le coréen, le portugais brésilien, le thaï, le hindi et le javanais. 

Une image échographique midsagittale de la langue pendant la production du son 'd'. Identifié sur l'image de gauche à droite: La racine de la langue, ligne blanche courbée : la surface de la langue et le bout de la langue.
Une image échographique midsagittale de la langue pendant la production du son 'd'. Identifié sur l'image de gauche à droite: La racine de la langue, ligne blanche courbée : la surface de la langue et le bout de la langue.

Depuis son arrivée à l’Université d’Ottawa en 2020, Suzy Ahn a élargi ses recherches au français laurentien, conséquence naturelle de ses interactions avec des locuteurs et locutrices de la région. Par exemple, son plus récent projet étudiait le dévoisement vocalique en français laurentien, la variété de français la plus courante au Canada, et dans laquelle la consonne finale entraîne une légère différence de prononciation de certaines voyelles, par exemple le « i » dans des mots comme petit (forme masculine) et petite (forme féminine). Elle a aussi entrepris récemment une étude avec le professeur Marc Brunelle sur la langue raglai au Vietnam.

Pour effectuer sa collecte de données, la professeure Ahn commence par inviter des participantes et participants adultes dans son laboratoire; ces personnes lisent un texte ou une liste de mots bien précis pendant qu’elle les enregistre. À l’aide d’ultrasons, elle visualise les mouvements de la langue et du larynx pendant la production de la parole. Cette démarche lui permet d’étudier le mode de production physique des sons et de comparer les processus articulatoires d’une langue à l’autre. Si le recours au bassin étudiant du Système intégré de participation à la recherche (SIPR) a facilité le recrutement, il n’est pas simple de trouver des locutrices et locuteurs natifs de langues moins courantes comme le javanais; pour ce faire, la professeure Ahn doit utiliser les médias sociaux et tirer parti de ses relations avec des ambassades et des organisations culturelles. En plus de ses recherches en laboratoire, son étude récente sur le raglai l’a amenée à travailler sur le terrain au Vietnam. 

Une configuration de la session d'enregistrement par échographie dans le laboratoire des modèles sonores situé au Pavillon Simard (salle 333A).
Une configuration de la session d'enregistrement par échographie dans le laboratoire des modèles sonores situé au pavillon Simard (salle 333A).

La professeure Ahn prévoit étendre son programme de recherche à la production bilingue et multilingue, ainsi qu’à la production de la parole chez l’enfant. Elle souhaite également appliquer des méthodologies plus complexes à l’analyse de données échographiques.

Suzy Ahn est d’avis que la compréhension de la production physique de la parole contribue à faire avancer divers autres domaines, notamment l’orthophonie, où ses applications directes permettent de diagnostiquer et de traiter les troubles du langage. En outre, ses recherches peuvent faciliter l’apprentissage des langues secondes et fournir de l’information précieuse sur la production de la parole chez les personnes bilingues. Ultimement, les travaux de la professeure Ahn nous aideront à comprendre comment nous parlons, ce qui améliorera considérablement nos connaissances sur la communication humaine.