Décoloniser les naissances : la professeure Aimée Craft cherche à restaurer les pratiques autochtones entourant l’accouchement

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

Faculté de droit – Section de common law
Autochtone
Droits des autochtones
Culture
Professor Aimée Craft
Pour les femmes et les nations autochtones, le fait de mettre au monde un enfant équivaut à une manifestation de souveraineté territoriale et à une affirmation de pouvoir. Toutefois, les pratiques traditionnelles autochtones entourant l’accouchement sont mises à mal par des relents de colonialisme.

Les pratiques autochtones visent à favoriser le bien-être de la mère et de l’enfant, à assurer la pérennité de la culture et à ancrer les relations physiques à la terre et à l’eau des territoires ancestraux. La transmission intergénérationnelle et communautaire de ces pratiques fait partie intégrante de l’identité culturelle et spirituelle. Voilà que la professeure Aimée Craft entreprend un nouveau projet destiné à préserver et à revitaliser ces pratiques, tout en exposant les interventions qui leur sont préjudiciables.

Financé par une subvention Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), ce projet intitulé Anishinaabe birthing reclamation examine la discrimination systémique vécue par les Autochtones au sein des systèmes publics de santé. Depuis plus de 60 ans, Santé Canada a pour politique d’évacuer les femmes autochtones des régions rurales et éloignées vers les zones urbaines au plus tard à leur 38e semaine de grossesse afin qu’elles accouchent dans un hôpital. Privilégiant une approche médicale de l’accouchement, on les retire – souvent contre leur volonté – de leur foyer, leur famille, leur communauté et leur territoire. Or, cette politique est contraire à la conception autochtone de la famille et de la communauté ainsi qu’aux pratiques traditionnelles selon lesquelles l’accouchement se déroule à la maison ou dans la communauté. Elle fait également obstacle à la perpétuation des pratiques culturelles, spirituelles et de santé traditionnelles.

Le projet de la professeure Craft prévoit la création d’un conseil anichinaabe des naissances composé de femmes, d’Aînées et d’Aînés ainsi que de gardiennes et gardiens du savoir issus du Grand conseil du Traité n° 3. Ce conseil aura pour mission de restaurer les pratiques des Anichinaabe entourant l’accouchement en remplaçant la médicalisation de la naissance par une approche favorisant l’implication de la famille et de la communauté ainsi que le rapport à la terre et à l’eau. Le projet prévoit l’élaboration de ressources pour les accompagnantes à la naissance anichinaabe. De plus, un rapport sur les résultats du projet sera largement diffusé parmi les organismes gouvernementaux concernés en vue d’influencer les lois et les politiques en matière de santé. 

Dirigée par la professeure Craft et l’Aînée Sherry Copenance de l’Université du Manitoba, l’équipe réunit des représentantes d’organismes communautaires, dont Darlene Curci, coordonnatrice des systèmes autochtones au GCT3; Stephanie Sinclair, analyste de la recherche et des politiques au Secrétariat à la santé et au développement social des Premières Nations du Manitoba; Elaine Ross, sage-femme autochtone à l’Association des sages-femmes de l’Ontario; Alisa Lombard, directrice de Lombard Law et professeure à temps partiel à la Section de common law; et Becky Holden, analyste des politiques pour l’équipe de sages-femmes autochtones de l’Association des sages-femmes de l’Ontario. S’y ajouteront les membres du futur conseil des naissances, des Aînées, des gardiennes du savoir, des sages-femmes et des doulas autochtones, des étudiantes en droit et d’autres personnes hautement qualifiées.

Les subventions Savoir du CRSH appuient l’excellence de la recherche en sciences humaines et en sciences sociales. Le programme Savoir a pour but d’approfondir les connaissances sur l’être humain, la société et le monde.

Félicitations à la professeure Craft pour ce projet d’intérêt!