Médiation pour la paix internationale: ce n’est pas la solution miracle, mais il y a de l’espoir

Faculté de droit – Section de common law
International
Professeures ou professeurs

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

International Peace Mediation: No Silver Bullet, But Silver Lining
Il n’y a pas de solution miracle. On entend souvent cet adage lorsque l’on discute des dilemmes complexes qui caractérisent ce début du 21e siècle et c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de la résolution de conflits internationaux violents.

Le cours de Médiation pour la paix internationale enseigné par les professeurs John Packer et Ellen Zweibel, et parrainé par la bourse professorale Neuberger-Jesin pour l’étude de la résolution de conflits internationaux, vise à disséquer les divers éléments déclencheurs et causes des conflits et à examiner la manière dont le droit et la médiation peuvent appuyer les initiatives d’instauration et de consolidation de la paix.

Ce cours inaugural couvre des thèmes allant des fondements du droit international à l’analyse des conflits et de leurs acteurs en passant par l’élaboration de processus de paix. Le cours permet de se plonger dans le corpus substantiel des lois qui régissent les conflits et les interventions, et d’examiner, ce faisant, les situations conflictuelles et les efforts de médiation actuels.

Ce cours, fondé sur le programme de Résolution de différends et professionnalisme de l’Université d’Ottawa, nous permet d’expérimenter différentes compétences en matière de communication et de médiation dans le cadre de scénarios multiculturels. En tant qu’étudiants en droit, nous composons ainsi avec les réalités pratiques de l’obtention de cessez-le-feu et des accords de paix globaux sur la toile de fond de conflits ethniques enracinés de longue date combinés à toute une gamme d’intérêts divergents.

Ce cours offre une occasion exaltante d’acquérir de l’expérience dans un domaine qui ne cesse d’évoluer et d’être à l’avant-scène du changement en explorant la manière dont le droit peut favoriser ou entraver les tentatives visant à instaurer une paix durable. Les études entourant la paix sont une discipline relativement récente et, à ce titre, comportent pour le moment davantage de questions que de réponses. Cela découle en partie de la nature fermée de la plupart des efforts de médiation pour la paix, ce qui peut compliquer l’exercice consistant à déterminer les bonnes pratiques et les périodes d’apprentissage.

L’augmentation du nombre de chercheurs et de praticiens qui œuvrent dans ce domaine élargira en corollaire la capacité collective de déconstruire et d’évaluer les processus de paix sous l’angle critique. Entre-temps cependant, notre cours se fonde sur des conversations franches et ouvertes avec des praticiens comme le professeur Packer et d’autres qui interviennent directement sur le terrain.

Du 7 au 10 novembre 2019, notre apprentissage a été considérablement enrichi et complété par un voyage de classe au Kroc Institute for International Peace Studies à l’Université Notre-Dame, aux États-Unis, où nous avons rencontré d’éminents praticiens et penseurs dans le domaine de qui nous avons beaucoup appris. Entendre des histoires en provenance du monde entier nous a permis de nous faire une idée bien plus réaliste des défis et complexités que les médiateurs et d’autres praticiens rencontrent sur le terrain.

La conférence du Kroc Institute intitulée Building Sustainable Peace (https://kroc.nd.edu/news-events/events/building-sustainable-peace-ideas-evidence-and-strategies/) a attiré un vaste auditoire multidisciplinaire, nous avons pu ainsi assister à des discussions sur l’instauration de la paix selon les perspectives diverses que sont les élections, la santé, l’environnement, l’économie, le désarmement, etc. Une conférencière particulièrement captivante a été sujatha baliga, ancienne avocate de la pratique privée, qui s’est exprimée au sujet de son approche de justice réparatrice pour maintenir la paix nationale en misant sur la déjudiciarisation des jeunes du système de justice pénale américain dysfonctionnel et coûteux et ce, afin de combattre le recours abusif à l’incarcération des minorités raciales.

En plus de découvrir les paramètres traditionnels suivis par l’État, les diplomates, et les Nations Unies, nous avons pu observer une variété d’initiatives de consolidation de la paix, issues de la base, ascendantes et communautaires qui se concentrent sur les parties prenantes et les acteurs souvent absents des processus de paix conventionnels.

Se familiariser avec de multiples modes de résolution des problèmes est essentiel pour développer la créativité des futurs juristes afin qu’ils et elles puissent réagir à la complexité croissante et au caractère inédit des problèmes qu’ils et elles rencontreront au cours de leur carrière.

Cette conférence a été l’occasion de nous ouvrir l’esprit et les possibilités d’apprentissage étant donné que la plupart d’entre nous avons reçu un enseignement de fond aussi bien que pratique sur ces sujets cruciaux en plus de découvrir des perspectives de carrières qui nous étaient inconnues.

Les participants ont pu en outre bénéficier de conversations franches et ouvertes sur les échecs des processus de paix à des niveaux personnels et systémiques. La découverte de points de vue critiques sur des pratiques courantes dans le domaine nous accompagnera tout au long de notre cheminement cela nous aidera à poser les bonnes questions et à parler aux bonnes personnes lors de la planification des processus de paix pour aller des négociations fermées à des dialogues nationaux.

Bien que les solutions miracles n’existent pas, nous entretenons l’espoir qu’à l’avenir nous pourrons tous ensemble et ce, grâce à nos approches collectives et multidisciplinaires, parvenir à des solutions de paix meilleures et plus durables.

Au nom de toute notre classe, nous remercions les professeurs Packer et Zweibel ainsi que les diplômés de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa (Promotion de 1981) Edith Neuberger et Normin Jesin pour cette expérience d’apprentissage à la fois pratique et à la fine pointe.

Écrit par: Annie Arko et Les Honywill