Classe à part : Une expérience pratique inestimable en négociations de paix pour une étudiante de la Section de common law

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

Faculté de droit – Section de common law
Section de common law
Étudiants ou étudiantes
Apprentissage expérientiel
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Étudiante de la Section de common law, Hannah Duhme, a récemment assisté à une réunion de représentants de groupes armés non étatiques (GANE).
Le 27 au 30 octobre, l’étudiante de troisième année Hannah Duhme a été invitée à assister le professeur John Packer lors d’une rare rencontre entre personnes représentant des groupes armés non étatiques (GANE) qui vivent une situation dont bien des Canadiennes et Canadiens n’ont pas encore connaissance.

Le but de l’événement était à première vue très simple : les représentantes et représentants de GANE négocieraient ensemble une déclaration humanitaire qui régirait leur conduite dans le conflit. Bref, ils cherchaient ainsi à réduire la violence et à protéger la population innocente. L’étudiante avait pour rôle de prendre des notes générales sur le dialogue entre les représentantes et représentants de GANE pendant qu’ils travaillaient à atteindre l’objectif convenu. 

La rencontre s’est déroulée au Canada et se voulait un processus sûr et confidentiel; l’étudiante devait même veiller à ne pas mentionner le pays en question. Les discussions portaient sur l’accès à l’éducation et la protection des droits des enfants et des femmes (notamment les soins de santé) dans un contexte de violence qui dure depuis des années et s’intensifie constamment. Une proportion considérable de ces enfants ne peuvent pas aller à l’école depuis quatre ans, ce qui témoigne de l’exacerbation du conflit, lequel cause d’énormes dommages sociaux et économiques.  

Selon la base de données de l’Uppsala Conflict Data Program, dans les dix dernières années, les conflits politiques violents se sont multipliés à l’échelle mondiale. En fait, comme le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, l’a souligné en mars dernier, quelque deux milliards de personnes (le quart de la population mondiale) vivent actuellement dans des zones de conflit armé. Bien que la guerre offensive russe ait attiré l’attention sur les conflits interétatiques classiques, la majorité des conflits mondiaux sont intraétatiques – et l’on n’en parle presque jamais dans les nouvelles. Mais pour celles et ceux qui souffrent, ces hostilités et leurs conséquences sont bien réelles. 

La réunion a été organisée à court préavis par des membres de la diaspora dotés de bons contacts, et le professeur Packer a été appelé à conseiller les personnes organisatrices, à informer les participantes et participants sur les normes internationales et les expériences comparables, ainsi qu’à faciliter des négociations efficaces. Quelques jours avant, le professeur avait offert à ses étudiantes et étudiants une chance incroyable de l’assister.

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« Il est extrêmement rare d'avoir l'occasion d'être aux premières loges d'une telle négociation multipartite. En fait, à ma connaissance, ce type de réunion de groupes armés non étatiques dans un... »

Professeur John Packer

— Professeur Neuberger-Jesin sur la résolution de conflits internationaux

« Il est extrêmement rare d'avoir l'occasion d'être aux premières loges d'une telle négociation multipartite. En fait, à ma connaissance, ce type de réunion de groupes armés non étatiques dans un conflit actif est sans précédent au Canada, » a observé le Professeur Packer, professeur titulaire de la chaire Neuberger-Jesin de résolution des conflits internationaux. «C'est le genre de chose que nous pouvons accueillir utilement et que nous devrions aider à réussir. Et la prochaine génération devrait être équipée pour le faire. »

Hannah Duhme a mis ses autres activités sur la glace pour se rendre au lieu de la rencontre. Pendant le trajet en train, le professeur Packer lui a donné du contexte sur le conflit en question. À leur arrivée, le professeur et l’étudiante ont rencontré d’autres observatrices et observateurs de quatre États intéressés.

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« J’ai pris conscience de l’importance de la rencontre quand les responsables m’ont expliqué qu’un bon nombre des personnes participantes ne s’étaient jamais retrouvées ensemble dans la même pièce. »

Hannah Duhme

— 3rd-year Law Student

« J’ai pris conscience de l’importance de la rencontre quand les responsables m’ont expliqué qu’un bon nombre des personnes participantes ne s’étaient jamais retrouvées ensemble dans la même pièce. Quand ils ont admis que le processus comportait son lot de défis et d’incertitudes, je me suis demandé quelle serait l’ambiance le lendemain », raconte Hannah Duhme.

Celle qui avait déjà suivi un cours du professeur Packer sur la médiation pour la paix internationale ajoute toutefois :

« Je n’avais jamais eu l’occasion d’observer sur place ce genre de dialogue, son organisation concrète, sa conduite, sa dynamique. En fait, je n’avais jamais rencontré quelqu’un qui intervenait activement dans un conflit politique violent, ni aucun membre de la communauté internationale œuvrant pour la paix (outre le professeur Packer). J’ai assisté à des discussions entre les représentantes et représentants de GANE et je les ai écoutés travailler ensemble – parfois avec émotion et dans un climat de tension palpable – à atteindre leur objectif commun, la protection humanitaire, tout en conciliant leurs intérêts particuliers et parfois concurrentiels. »

L’étudiante a pris note de leurs positions, y compris leurs différents points de vue sur les approches en éducation et leurs convictions concernant la protection des droits des enfants et des femmes durant le conflit. Entre les séances structurées, elle a jasé avec les observatrices et observateurs internationaux. Elle a ainsi pu se familiariser avec les réalités des négociations de paix et découvrir l’expérience de celles et ceux qui participent aux initiatives de paix (avec des résultats variables) dans le monde.

« J’ai acquis des connaissances importantes tout au long de la rencontre. En tant que preneuse de notes, j’ai entendu des gens directement impliqués dans un conflit armé décrire leur vécu, leurs inquiétudes immédiates, leurs difficultés et leurs objectifs. Je les ai écoutés échanger sur leurs obligations humanitaires et sur les éventuels chemins de la paix. »

Ces apprentissages pratiques sur les programmes de rétablissement et de consolidation de la paix ont amené Hannah Duhme à se demander comment s’orienter vers ce domaine dans sa propre carrière en droit.

« J’ai constaté que ces négociations peuvent changer directement et positivement la vie des gens dans les situations de conflit. Mon bagage universitaire est alors devenu concret et, dans une optique professionnelle, à la fois significatif et accessible. Je peux m’imaginer entreprendre une telle carrière, car je sais que je veux pouvoir apporter une contribution semblable après mes études en droit.

« Cette expérience s’est avérée très précieuse dans mon parcours scolaire. Ça a été un privilège d’assister le professeur Packer, de rencontrer des gens si extraordinaires, et d’être témoin de négociations de paix entre des acteurs non étatiques soutenus par des instances gouvernementales et des spécialistes indépendants. Et maintenant, je sais que cela peut fonctionner. »