Parlez-nous de vos recherches. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Mes recherches portent sur la gouvernance mondiale des données dans le secteur agroalimentaire. Je prépare actuellement deux documents de travail : un très théorique et un document de recherche empirique. Le document théorique reprend les grandes composantes du cadre d’analyse et de développement institutionnel (en anglais IAD) d’Elinor Ostrom et offre une perspective exploratoire de la gouvernance des données biologiques issues des ressources phytogénétiques, communément appelées « information de séquençage numérique » (ISN). Mon principal objectif est de dégager des constatations sur les ententes institutionnelles, les interactions entre diverses parties prenantes à l’ISN et les facteurs contextuels qui influent sur ces interactions et produisent les résultats que l’on peut observer. J’y traiterai également des répercussions qu’entraîne la structure de gouvernance actuelle de l’ISN (ou plutôt son absence) sur les politiques, la réglementation et le secteur agroalimentaire en général.
Mon document de recherche empirique portera quant à lui sur la dynamique de cocréation de valeur à partir d’ISN qui prévaut dans le secteur. Il prendra en considération les intérêts divergents et parfois conflictuels des parties prenantes ainsi que les dilemmes sociaux auxquels ces dernières sont confrontées dans le cadre de ce processus de création. Ce volet de recherche permettra également de recenser les lacunes et les nuances conceptuelles dans notre compréhension des implications de cette valeur dans l’utilisation de l’ISN.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Mon travail est fortement inspiré par ma passion pour l’agriculture et le développement agricole durable, une passion que je me suis découverte en gérant un vaste réseau de productrices et producteurs inscrits à un programme d’accréditation indépendant dans mon pays d’origine, le Cameroun. Je crois que la recherche peut être un moteur de changement parce qu’elle aide les parties intéressées et les têtes dirigeantes à comprendre certaines réalités et à prendre de bonnes décisions. Mes travaux pourraient apporter une contribution précieuse au discours ambiant sur l’amélioration de la gouvernance agroalimentaire et le développement durable des systèmes alimentaires. À l’heure où nous cherchons à revoir nos pratiques agricoles afin d’améliorer la valeur nutritionnelle et la sécurité alimentaire mondiale, il faut un modèle de gouvernance efficace pour que le secteur agroalimentaire soit en mesure de fournir les services nécessaires et de répondre aux besoins de la population mondiale toujours plus nombreuse. Il faut également collaborer avec d’autres secteurs d’activité et parties prenantes afin de remédier aux problèmes de la faim, de la pauvreté et des changements climatiques, et à ceux que posent les progrès technologiques.
Qu’espérez-vous accomplir lors de votre passage à l’Université d’Ottawa ?
J’espère diversifier mes compétences, élargir mon réseau professionnel et étoffer mon dossier de publications. Je crois que mon postdoctorat à l’Université d’Ottawa m’offre une occasion incomparable d'approfondir ma formation dans la sphère des politiques agroalimentaire, de biosciences et de science, technologie et innovation.
Avez-vous des conseils pour les personnes qui font actuellement un doctorat ?
La réalité du parcours doctoral est souvent difficile à prévoir à cause de la multitude de facteurs en jeu, mais prenez le temps de bien dormir, de vous détendre, de bien manger, de faire régulièrement de l’exercice et de cultiver votre vie sociale. Vous aurez aussi besoin d’une bonne préparation mentale. Le chemin est parfois semé d’embûches et stressant, mais persévérez pour obtenir votre diplôme. Après la pluie vient le beau temps!
Un bon système de soutien vous aidera d’ailleurs à traverser la tempête. Développez votre réseau de soutien parmi les membres du personnel du département et du corps professoral, les anciens doctorants et doctorantes ainsi que les membres de votre cohorte et de votre famille.
Fixez-vous des délais réalistes pour vos recherches et dotez-vous d’un plan de recherche détaillé et bien structuré. Ayez des échanges francs et réguliers avec votre directrice ou directeur de thèse. Demandez de l’aide lorsque vous en avez besoin.
Et profitez de vos vacances!
Quels sont les trois mots qui vous décrivent le mieux ?
Énergique, ambitieuse et passionnée.
Que lisez-vous en ce moment ?
Why Nations Fail de Daron Acemoglu et James Robinson.