Parler de droit aux enfants : Souvent plus simple que l'on pense | par Marie-Pier Jolicoeur
« C’est encore un des contresens des éducations communes que, parlant d’abord aux enfants de leurs devoirs, jamais de leurs droits, on commence par leur dire le contraire de ce qu’il faut. » — Jean-Jacques Rousseau (1872)
Un point de départ : La Convention relative aux droits de l’enfant
Le 20 novembre marque la Journée internationale des droits de l’enfant. Cette journée a été créée en 1954 et depuis 1990, elle souligne également l’anniversaire de l’adoption de la Déclaration des droits de l’enfant1 et de la Convention relative aux droits de l’enfant [ci-après Convention]. Elle vise, en quelque sorte, à faire la promotion des droits des enfants à travers le monde. Pour l’occasion, je trouvais opportun d’aborder brièvement, dans le cadre de ce billet, la question de l’éducation des enfants à la connaissance de leurs droits. Rappelons qu’il est prévu, à l’article 42 de la Convention, que « les États parties s'engagent à faire largement connaître les principes [de la Convention] aux adultes comme aux enfants ». L’article 12 de la Convention prévoit aussi que l’enfant a le droit d’exprimer librement son opinion sur toutes questions l'intéressant.
Le jeu et le yoga pour aborder les droits des enfants : Faire preuve de créativité
J’aimerais partager une anecdote qui illustre à quel point il peut être accessible d’aborder la question des droits avec les enfants. Depuis trois ans, l’espace de quelques jours de l’été, je suis professeure pour un camp de yoga trilingue pour enfants. J’anime alors des ateliers qui offrent l’occasion aux enfants d’apprendre, de manière ludique, des postures de yoga, des techniques de respiration et les initier à l’anglais et à l’espagnol. Au-delà de ces objectifs, j’ai aussi pour mission de leur transmettre des outils qui leur permettront de prendre soin de leur santé, et d’apprendre à être à l’écoute de leurs besoins ainsi que de ceux des autres. Cette année, pour la première fois, j'ai proposé le thème du « Bien-être & des droits ». Je me disais que ce serait une belle occasion de joindre l’utile à l’agréable en faisant participer mes campeurs à une expérience mettant en valeur des principes de droit de l’enfance qui me guident depuis le début de ma thèse, sans savoir si cela allait bien fonctionner. J’ai donc planifié un calendrier d’activités autour du thème des droits de l’enfant. Par exemple, le mardi, le thème choisi était « el derecho de jugar /le droit de jouer/the right to play », le mercredi, « el derecho a la salud/le droit à la santé/the right to healthcare », etc.
Dans le cadre de mes animations, je posais des questions plutôt simples aux enfants : pourquoi est-ce important de jouer; qu'est-ce que ça veut dire avoir « le droit à la santé », qu’est-ce que ça signifie de dire que tous les humains naissent « égaux », etc. Les discussions étaient parfois réalisées en équipe de deux, en petits groupes ou en plénière. Elles étaient combinées à des exercices ludiques ou artistiques comme le dessin, la chanson ou les jeux de rôles ainsi que de petits exercices de yoga comme des respirations énergisantes et amusante en lien avec droit de jouer, et des postures de yoga bonnes pour le corps et l'esprit pour le droit à la santé. J’ai également repris certains des droits énoncés dans la Convention en vue d’en faire un enseignement simplifié, sous forme de jeu-questionnaire, en demandant à l’enfant ce qu’il comprend d’un énoncé écrit au tableau tel que: « Tu as le droit aux meilleurs soins de santé, de boire de l’eau potable, de manger de la nourriture saine et de vivre dans un environnement sain ». Les différents sites nationaux d’Unicef regorgent de ressources à consulter pour une discussion sur les droits avec un enfant2. Il en va de même sur le site Internet de l’organisme Right To Play3.
En somme, je dois dire que j’ai été absolument ravie du résultat de ces activités, de la réaction des enfants, leur participation, et leur enthousiasme. Le mariage naturel entre le yoga pour enfants et l’éducation aux droits ne m’était jamais sauté aux yeux avant cette expérience. De plus, les campeurs pouvaient, à travers ces journées, apprendre à communiquer respectueusement leurs besoins, leurs émotions et leurs opinions (articles 3, 5, 12 et 13 de la Convention). Cette anecdote m’a fait réaliser qu’il est parfois beaucoup plus simple que l’on pense de prendre le temps de mettre en œuvre - « concrètement » - les articles 12 et 42 de la Convention.
Références
1. Nations Unies, Journée mondiale de l’enfance le 20 novembre, en ligne : https://www.un.org/fr/observances/world-childrens-day
2. Par exemple, le site d’UNICEF Belgique regorge une grande quantité d’informations sur l’éducation aux droits, entre autres des jeux et des vidéos sur les concepts d’équité de diversité, de droit à la participation, etc. : Unicef Kids, voir en ligne : https://kids.unicef.be
3. Right to play, « about us », en ligne : https://righttoplay.com/en/