Faculté de droit : quand le jeu dépasse la réalité

Par Communications

Faculté de droit, Section de droit civil

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Section de droit civil
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Faculté de droit : quand le jeu dépasse la réalité
Bienvenue à la Faculté de droit virtuelle! (Image tirée du jeu Minecraft)

Le 3 septembre 2020 à 17 h, la Faculté de droit donnait rendez-vous à ses étudiantes et étudiants – de même qu’aux amateurs de jeux et aux curieux de la communauté universitaire – pour l’inauguration virtuelle du pavillon Fauteux. Cet automne, à défaut de pouvoir se rendre sur place pour faire le plein d’interactions sociales, les juristes de demain seront invités à se réunir à la Faculté de droit… dans le jeu Minecraft.

C’est au plus fort du confinement que Thomas Burelli et Alexandre Lillo – professeurs à la Section de droit civil et cotitulaires de la nouvelle Chaire de recherche en innovation pédagogique de la Faculté de droit – se sont lancés par pur plaisir dans la virtualisation du pavillon. Les deux professeurs ont posé le premier bloc à la mi-avril, et le vaste chantier vient tout juste d’être complété grâce au concours des étudiants Rami Halawi (construction et aménagement intérieur) et Simon Garceau (codage et soutien technique). La rumeur veut que la fille de la doyenne de la Section de droit civil aurait elle aussi mis la main à la pâte au début du projet.

Le jeu Minecraft est bien connu du milieu de l’éducation. Son créateur, Mojang Studios, propose d’ailleurs une version gratuite du jeu à des fins pédagogiques. Cette version n’offrant toutefois que de petits serveurs et ne pouvant accommoder le niveau souterrain du pavillon Fauteux, les architectes virtuels se sont rabattus sur une version payante du jeu pour donner vie à leur projet.

Pour le dévoilement de leur œuvre maîtresse, les professeurs Burelli et Lillo – alias Prof Bubu et Lillaw – ont fait appel à la participation du public pour guider le personnage dans sa visite de l’immeuble et ses interactions en temps réel avec des figures clés de la vie à la Faculté. L’événement a été enregistré et est désormais disponible en différé.

Stimuler les interactions sociales

Sans le savoir, le projet était destiné à prendre une dimension singulière pour cette rentrée sous le signe de la pandémie. « L’une des principales expériences universitaires, c’est de voir du monde, de rencontrer des gens, de se faire des amis, » fait remarquer le professeur Lillo.

En plus de pouvoir visiter le pavillon dans ses moindres recoins (ou presque), les étudiants se verront ainsi offrir l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui, comme eux, partagent un intérêt pour le droit et le jeu vidéo.

« Il y a une idée reçue que les jeux isolent les gens, mais ce n’est pas le cas, surtout avec les jeux qui sont de plus en plus connectés et avec une composante multijoueurs en ligne, ajoute le professeur Thomas Burelli. On espère que ça pourra créer des liens qui perdureront pendant la scolarité des étudiants. »

L'intérieur du pavillon Fauteux (image tirée du jeu Minecraft)
L'intérieur du pavillon Fauteux (image tirée du jeu Minecraft)

Un potentiel à explorer

Si le projet a forcément un caractère ludique, il n’en recèle pas moins un potentiel pédagogique intéressant. La construction virtuelle du pavillon Fauteux maintenant terminée, on pourrait songer à y intégrer une foule de composantes pour pousser l’aventure plus loin.

L’intégration à des plateformes de discussion en ligne, par exemple, permettraient de communiquer en temps réel – de vive voix ou par clavardage – avec des étudiants ou des professeurs aussi présents dans la faculté virtuelle. Certaines initiatives pourraient entre autres prendre un caractère plus créatif, comme un remodelage virtuel de l’intérieur et de l’extérieur de l’immeuble, puisque les professeurs entendent rendre disponible une copie du monde virtuel qu’ils ont créé.

Ceux-ci remettront pour ainsi dire les clés du pavillon à la communauté universitaire pour qu’elle s’approprie l’espace et y laisse libre cours à son imagination.

« Notre rêve le plus fou, ce serait que d’autres personnes à l’Université se décident à faire leur propre faculté, voire le campus en entier, confie Thomas Burelli. C’est un travail titanesque. Maintenant, c’est aux étudiants de jouer. »

À long terme, si le projet devait susciter suffisamment d’engouement, on pourrait même explorer la possibilité de lier cet éventuel campus virtuel à différents services universitaires – à condition bien sûr de pouvoir d’abord assurer la protection de la vie privée des utilisateurs.

Une chaire unique en son genre

Les professeurs Thomas Burelli (gauche) et Alexandre Lillo (droite)
Les professeurs Thomas Burelli (gauche) et Alexandre Lillo (droite)

En mai dernier, les professeurs Burelli et Lillo ont obtenu la toute première Chaire en innovation pédagogique de la Faculté de droit. Leur mission? Transformer l’enseignement du droit en milieu universitaire en exploitant le potentiel des jeux comme outil d’apprentissage pour former les juristes de demain.

Les cotitulaires de la Chaire travaillent depuis longtemps à procurer aux jeux leurs lettres de noblesse en milieu universitaire. « Qu’on préfère jouer aux cartes, aux jeux de société ou aux jeux vidéo, on est tous des joueurs, fait remarquer Alexandre Lillo. Il existe simplement différents profils de joueurs et différentes réponses aux types d’apprentissage par le jeu. »

Ils soutiennent que les jeux peuvent constituer de formidables outils d’apprentissage expérientiel, dynamique et centré sur les apprenantes et les apprenants, ainsi que des catalyseurs d’interactions sociales essentielles à la formation des juristes du 21e siècle.

Les professeurs estiment que cette année, il y aura fort à faire à la Faculté pour garder les étudiantes et étudiants de l’isolement et stimuler leur participation. En plus d’apporter une nouvelle dimension communautaire à la vie loin du campus, la généralisation de l’apprentissage par le jeu pourrait s’avérer un excellent moyen de briser la monotonie et de rallier la population étudiante autour d’initiatives hautement interactives.

« L’idée n’est pas nécessairement de remplacer le cours magistral, mais d’introduire d’autres façons d’apprendre, » fait valoir le professeur Lillo. 

La communauté de pratique sur l’apprentissage par le jeu de l’Université d’Ottawa, The EGG (Educational Gaming Group), a d’ailleurs récemment lancé un livre de recettes pour aider les membres du corps professoral à bien intégrer ce type d’apprentissage expérientiel à leurs cours – du jeu d’évasion aux jeux coopératifs, en passant par les speedruns pour aider les étudiants à gagner en vitesse. De tout pour les professeures et professeurs en quête d’inspiration, quoi.

C’est la rentrée. À vos marques, prêts, jouez!