Sa conférence portait sur les défis et perspectives qui entourent la protection des droits de la personne à la Cour internationale de justice. Le professeur Sicilianos a notamment discuté de la tendance croissante des États à saisir la Cour pour des questions liées au droit de la personne, et ce, même lorsque les droits de leurs propres citoyens ne sont pas directement en cause.
Il a cité en exemple la Gambie, qui a introduit une instance à l’encontre du Myanmar en lien avec le génocide à l’égard des Rohingyas. Il a aussi référé au Canada, qui envisage de porter une affaire contre l’Afghanistan en invoquant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Lors de son allocution d'ouverture, Sophie Thériault, doyenne par intérim de la Section de droit civil, a souligné l'importance cruciale des réflexions abordées par le professeur Sicilianos. « Alors que les conflits armés s’intensifient dans plusieurs régions du monde et que des allégations de violations massives des droits fondamentaux de la personne sont de plus en plus souvent portées devant la Cour, cette discussion s’avère plus nécessaire que jamais», a-t-elle affirmé.
La doyenne Thériault a par ailleurs insisté sur le rôle déterminant des futurs juristes face à un ordre international fragilisé où « la loi du plus fort menace de remplacer le droit international ».

La finalité «providence» du droit international
Daniel Turp, professeur émérite à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, a commenté la conférence du professeur Sicilianos, partageant sa propre expertise en matière de droit international.
À la suite des échanges stimulants avec le public, c’est la professeure Geneviève Dufour qui a conclu la discussion, rappelant que le droit international a deux finalités : d’une part, une finalité libérale visant à sauvegarder les intérêts des États, comme leur souveraineté et leur intégrité, et d’autre part, une finalité «providence» destinée à assurer le bien-être des individus. Cette dernière fonction revient à l’avant-plan en réponse aux défis globaux contemporains selon elle, comme le démontre le nombre croissant d’États qui saisissent la Cour internationale de justice pour protéger les populations vulnérables.
L'événement était animé par Valériane Thool, chercheuse postdoctorale affiliée à la Chaire de recherche en droit du commerce durable, responsable et inclusif. Mila Gagnon, présidente de la Société étudiante de droit international et étudiante à la Section de droit civil, a présenté les conférenciers. Nombreuses personnalités, dont l’ambassadrice de Grèce au Canada, Ekaterina Dimakis, étaient présentes pour l'occasion.
La conférence de Linos-Alexandre Sicilianos réaffirme le rôle essentiel que jouent les universités, incluant la Section de droit civil, en tant qu'espaces privilégiés de dialogue, de réflexion et de mobilisation intellectuelle pour affronter les défis complexes de notre monde en mutation.