S’opposer au « colonialisme vert » : les professeures Wallet Aboubakrine et Thériault explorent les solutions climatiques menées par les Autochtones

Par Communications

Faculté de droit, Section de droit civil

Recherche et innovation
Droit
Droits des autochtones
Professeures ou professeurs
Changements climatiques
Mariam Wallet Aboubakrine & Sophie Theriault
Partout sur la planète, les changements climatiques et la transition vers la décarbonisation ont d’intenses répercussions sur les peuples autochtones et les communautés vulnérables. Souvent, ce sont les femmes et les personnes ayant un handicap physique qui en font les frais. Les leaders autochtones ont donné à cette tendance le nom de « colonialisme vert ».

Professeure auxiliaire, Mariam Wallet Aboubakrine est co-chercheuse principale pour un nouveau projet de 1,5 million de dollars intitulé « Confronting “Green Colonialism” – Indigenous and Local Community led Action and Solutions for Food-Water-Land Security » (S’opposer au « colonialisme vert » : actions et solutions menées par les Autochtones et les communautés locales pour assurer la protection de l’approvisionnement alimentaire, de l’eau et du territoire). Ce projet est financé par le fonds Nouvelles frontières en recherche dans le cadre d’une initiative internationale spéciale conçue pour faire progresser la recherche sur l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets.

La professeure Wallet Aboubakrine co-dirige ce projet avec la professeure Brenda Parlee de l’Université de l’Alberta, qui agit à titre de chercheuse principale responsable du projet. D’autres co-responsables se joignent à elles : Alejandro Argumedo de l’Association péruvienne ANDES; Mateus Batistella de l’Université d’État de Campinas, au Brésil; Vanessa Boanada Fuchs de l’Université de Saint-Gall, en Suisse; Emilio Moran de l’Université d’État du Michigan; Herbert Nakimayak de l’Université de l’Alberta; Jurgen Runge de l’Université Goethe de Francfort, en Allemagne; et Prasert Trakansuphakon de l’Association Pgakenyaw pour le développement durable, en Thaïlande. Sophie Thériault, de la Section de droit civil, participe également au projet à titre de co-chercheuse.

L’équipe souhaite documenter les pratiques qui contribuent au colonialisme vert tout en étudiant la manière dont les connaissances autochtones peuvent nourrir les innovations qui permettront une transition énergétique plus équitable. Les pratiques comme l’extraction du lithium pour la fabrication des batteries de véhicules électriques ou l’inondation de terres et la réinstallation des personnes qui les habitent pour construire des barrages hydroélectriques ont des répercussions importantes et disproportionnées sur les communautés autochtones. Ces communautés sont les premières à souffrir de ce genre d’initiatives vertes – et pourtant, les connaissances qu’elles possèdent constituent le socle sur lequel s’appuient l’innovation et la protection de l’approvisionnement alimentaire, de l’eau et du territoire depuis des siècles, voire des millénaires. L’équipe de recherche collaborera ainsi avec des communautés locales pour décrire les tendances en matière de stress climatique et de « colonialisme vert » dans huit régions bioculturelles de la planète. Ces données permettront de porter un regard interdisciplinaire sur les stratégies d’atténuation et d’adaptation employées par les communautés autochtones pour faire face aux changements climatiques.

Les études de conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale ont déjà établi l’efficacité des mesures autochtones de gestion de l’environnement. Plus de 80 % de la biodiversité se trouve sur des territoires appartenant aux Autochtones, qui représentent moins de 5 % de la population mondiale. Malgré la vulnérabilité des groupes autochtones, leur capacité éprouvée à innover et à s’adapter pourrait profiter à la planète tout entière. En définitive, l’équipe tentera de comprendre comment les connaissances autochtones peuvent orienter les décisions quant aux mesures urgentes à prendre pour combattre les changements climatiques tout en faisant preuve de responsabilité et d’équité.

Ce projet est complémentaire à un autre projet multidisciplinaire subventionné par le fonds Nouvelles frontières en recherche que dirige aussi la professeure Wallet Aboubakrine, aux côtés de la professeure Parlee, le projet Ărramăt. Le projet Ărramăt vise également à faire entendre les voix des Autochtones détenteurs et détentrices de savoir afin de mettre de l’avant les stratégies les plus porteuses pour protéger l’environnement et améliorer la santé et le bien-être dans le monde entier. À titre d’ancienne présidente de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones et étant donné la grande expérience qu’elle a acquise en occupant divers postes d’influence dans le domaine de la défense des droits en santé des peuples autochtones, la professeure Wallet Aboubakrine jouera un rôle important pour assurer l’atteinte des objectifs politiques de ce nouveau projet tout en dirigeant également les travaux qui auront lieu dans la région du Sahel, en Afrique, l’une des huit régions bioculturelles ciblées par l’équipe de recherche. Pour sa part, la professeure Thériault fera appel à son expertise et à son expérience des droits des peuples autochtones dans le contexte de l’extraction des ressources naturelles, au Canada comme ailleurs, pour procéder à une analyse coordonnée des lois et des politiques.

Menée par le Canada, l’Initiative internationale conjointe de recherche 2023 sur l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets soutient un large éventail de projets auxquels participent des chercheurs et chercheuses de 45 pays différents ainsi que des partenaires de financement étrangers de partout dans le monde. L’annonce a été faite le 3 juin par l’honorable Marie-Claude Bibeau, ministre du Revenu national, au nom de l’honorable François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, et l’honorable Mark Holland, ministre de la Santé.

En plus du financement du fonds Nouvelles frontières en recherche, le projet « Confronting Green Colonialism » recevra également l’appui financier de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (fondation allemande pour la recherche), de la National Science Foundation des États-Unis, de la Fondation brésilienne de recherche de São Paulo et du Fonds national suisse de la recherche scientifique.

Félicitations à la professeure Wallet Aboubakrine, à la professeure Thériault et aux partenaires de cette importante initiative!