Ses parents étaient tous deux avocats. Son père, avocat plaidant de renom et généraliste, est devenu expert en droit constitutionnel. Quant à sa mère, elle a cessé de pratiquer le droit pour se consacrer à sa famille, puis est ensuite devenue peintre à temps plein. L’art et le droit ont donc toujours fait partie de la vie d’Emily.
Lorsqu’elle avait dix ans, son père l’a emmenée au tribunal pour qu’elle assiste à la cause qu’il plaidait devant la Cour suprême opposant une jeune fille au district de son école primaire. C’est à ce moment qu’Emily a pris conscience que le métier d’avocate était une bonne avenue pour elle, puisqu’il lui permettrait d’apporter des changements positifs dans le monde.
« J’ai réalisé que je voulais devenir avocate le jour où j’ai assisté à une audience de la Cour suprême dans l’affaire Ross c. Conseil scolaire du district no 15 du Nouveau-Brunswick ( [1996] 1 R.C.S. 825). Mon père représentait David Attis et sa fille, une fillette juive de mon âge que l’on avait intimidée pour qu’elle ne participe pas aux activités parascolaires de son école au Nouveau-Brunswick, et ce, en raison de l’influence antisémite d’un enseignant, Malcom Ross. À ce moment-là, j’ai ressenti une grande fierté envers mon père et une grande fierté d’être juive : j’ai su que voulais devenir avocate tout comme lui. »
Emily a terminé ses études de danse à l’école Ballet Divertimento en 2009 et a passé ses étés à Springboard Danse Montréal, à l’École nationale de ballet du Canada, au Banff Centre et à la Tisch School de l’Université de New York. Durant l’été 2007, elle était apprentie au sein du corps Rebecca Kelly Ballet à New York. Elle a pratiqué le ballet contemporain pendant plus de dix ans au sein de compagnies canadiennes, et ce dans tout le pays, aux États-Unis, en Europe et à Bangkok en Thaïlande.
Lorsqu’elle a pris sa retraite de la danse, elle s’est tournée vers le droit, pensant devenir avocate plaidante, comme son père. Mais c’est dans le cours d’introduction au droit fiscal ou « l’ABC de la fiscalité » comme elle l’appelle, qu’elle a véritablement trouvé sa passion. Elle adorait le côté plus posé du droit fiscal et les défis mentaux que posent les faits et la Loi de l’impôt sur le revenu. Elle appréciait le calme de la réflexion après toutes ces années à répéter et à se produire devant public.
Emily faisait preuve de dynamisme et de détermination tant dans la sphère scolaire que personnelle. Durant ses études, elle a d’ailleurs reçu le Prix Aird & Berlis LLP et la Bourse de l’honorable Ray-Lawson (nommée en l’honneur de l’ancien lieutenant-gouverneur de l’Ontario) qui récompense les meilleurs résultats scolaires d’une étudiante ou d’un étudiant de première année en common law. On lui a également décerné le Prix de l’Osgoode Society for Canadian Legal History Service qui est remis aux meilleurs étudiants et étudiantes des promotions de la Section de common law. Entre sa deuxième et sa troisième année d’études, Emily a donné naissance à son deuxième enfant et est déménagée à Toronto. Elle a décidé de faire ses stages chez McCarthy Tétrault S.E.N.C.R.L., s. r. l., car elle percevait ce cabinet torontois comme étant un modèle d’intégrité et de respect, des valeurs auxquelles elle est très attachée. Elle a été admise au Barreau de l’Ontario en 2020.
Lorsqu’on lui demande quels membres du corps professoral ont eu une influence positive sur elle, Emily répond : Constance Backhouse et Michael Pal.
« Constance est une mine de connaissances sur l’histoire du droit, et sa capacité à synthétiser l’information pour la présenter en classe est encore pour moi aujourd’hui une source d’inspiration lorsque j’écris. Quant au professeur Pal, j’admirais sa maîtrise du droit constitutionnel et sa grande intégrité. Je savais que je pouvais lui demander son avis, peu importe le sujet. »
Le 25 septembre dernier, elle a animé une séance du Symposium 2020 Droit et langue française présenté par le Massey College et mettant en vedette le conférencier d'honneur Fernand de Varennes, rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités.
Emily parle l’anglais, le français et l’hébreu et maîtrise la langue des signes américaine, qu’elle a appris pour communiquer avec sa famille étant donné qu’elle est atteinte d’un trouble du traitement auditif. Avant de savoir qu’elle avait ce trouble, elle était preneuse de notes bénévole pour le Service d’appui au succès scolaire. Elle croit fermement à l’importance d’offrir des accommodements aux personnes qui en ont besoin afin qu’elles disposent des outils et du soutien nécessaires pour réussir.
« Quelqu’un de ma promotion m’a un jour demandé pourquoi je ne gardais pas mes notes pour moi au lieu de proposer mes services de preneuse de notes pour les étudiantes et étudiants ayant un handicap. La réponse courte à cette question est que l’égalité ne signifie pas traiter tout le monde de la même façon. Une étudiante dyslexique ou un étudiant ayant un trouble de la mémoire à court terme, par exemple, sont grandement désavantagés par rapport aux autres. Si le fait de partager mes notes a permis d’atténuer ne serait-ce que légèrement ce désavantage, je suis bien contente de l’avoir fait. Les accommodements scolaires ne procurent pas un avantage indu : ils permettent simplement de ramener tout le monde sur un pied d’égalité. Ironiquement, j’ai découvert une fois mes études terminées que je souffrais d’un trouble du traitement auditif grave, ce qui signifie que je lisais sur les lèvres pour comprendre. »
Emily Leduc Gagné est maintenant une sociétaire de première année chez McCarthy Tétrault. Elle pratique le droit fiscal général et fait actuellement une maîtrise en création littéraire à l’Université de la Colombie-Britannique. Sa famille et elle partagent leur temps entre Toronto et la Côte-Nord, au Québec.