Financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) dans le cadre de son Initiative sur la race, le genre et la diversité, ce projet a pour but de soutenir des partenariats ancrés dans les collectivités et menés par elles, qui s’attaqueront aux problèmes critiques du racisme systémique et de la discrimination. Aux fins de leur étude, les professeures se sont associées au Conseil des Atikamekw de Manawan, à la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador et aux Services de santé Masko Siwin, qui assurent les services de première ligne à la communauté de Manawan.
Le projet tire son origine des observations alarmantes de chacun de ces groupes. Malgré les efforts déployés pour améliorer les services communautaires de santé, d’urgence et de santé mentale, l’accès aux services demeure un problème majeur. En effet, la communauté de Manawan enregistre un taux de suicide largement au-dessus de la moyenne canadienne. À cela s’ajoute l’onde de choc provoquée par le décès de Joyce Echaquan, puis la pandémie de COVID-19, qui a culminé en une crise de santé mentale. En raison de l’absence de services dans la communauté, les personnes en détresse sont emmenées par les policiers à l’urgence du Centre hospitalier de Joliette où elles sont internées. La surutilisation de l’internement psychiatrique à l’encontre des membres des Premières Nations est documentées dans d’autres juridictions et s’inscrit dans la continuité des pratiques coloniales.
Les professeures Bernheim et Ottawa entendent décrire les conséquences de ces pratiques coercitives sur les membres de la communauté de Manawan, afin de dresser un portrait fidèle de la situation et de promouvoir les services que leurs partenaires jugent les plus appropriés pour y remédier. Elles espèrent faire reconnaître l’importance cruciale de la dimension culturelle en santé mentale, et promouvoir l’intégration du savoir autochtone pour mettre fin à la surutilisation des pratiques coercitives et culturellement inappropriées. En outre, lors des négociations avec les gouvernements fédéral et provincial, leurs travaux étaieront les arguments de la communauté de Manawan en vue d’obtenir une plus grande autodétermination en matière de santé. Les résultats de l’étude seront également utiles à d’autres communautés autochtones qui souhaitent développer leurs propres services.
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et accès à la justice, la professeure Bernheim vise à appuyer et faire rayonner la recherche par et pour les personnes ayant fait l’expérience d’un traitement judiciaire en santé mentale. La professeure Ottawa travaille étroitement avec les membres des communautés autochtones, cherchant à identifier et à valoriser leurs points de vue, à comprendre leurs préoccupations et à dégager leurs aspirations. Elle a soutenu sa thèse de maîtrise en 2021. Le projet des professeures Bernheim et Ottawa s'aligne sur le plan stratégique de la recherche de la Section de droit civil, qui propose une vision de la recherche comme outil de transformation et une source de droit et d’innovation sociale.
Toutes nos félicitations aux professeures Bernheim et Ottawa pour cet important projet!