Doctorante en Droit, Canadienne originaire du Maroc, Fatima concentre sa recherche sur l’effectivité du droit encadrant la violence et le harcèlement à l’égard des femmes dans le monde du travail et son impact sur leur vécu et leur santé, en optant pour le contexte marocain comme terrain de recherche qualitative.
Sa recherche se fait dans un cadre interdisciplinaire, conjuguant des approches émanant de la sociologie juridique, du féminisme intersectionnel et des sciences sociales. Ayant fait des études en sciences sociales, en sciences politiques, en gestion et en féminismes, son corpus d’analyse est le fruit d’un travail de recherche de doctrine et de littérature sur le sujet se trouvant ainsi à la croisée des chemins de plusieurs disciplines complémentaires.
Sa thèse est encadrée par la Pre Katherine Lippel, titulaire de la Chaire éminente de recherche du Canada en droit de la santé et de la sécurité du travail, qui, selon Fatima, « est une icône, c’est la référence au Canada en ce qui a trait au droit à la santé au travail, elle maitrise la problématique sous tous ses angles. Son enseignement m’a ouvert les yeux sur ce nouveau domaine pour lequel je me passionne aujourd’hui. Je suis contente et fière de l’avoir eu comme superviseure aussi bien de mon mémoire de maitrise que de ma thèse de doctorat ».
L’objectif principal de sa recherche est de parvenir à jeter une passerelle pour une meilleure compréhension du rôle du droit régissant la violence subie par des femmes en milieu de travail et de clarifier les liens qui existent entre les changements organisationnels et cette violence afin de développer des stratégies de prévention et de protection. La violence au travail doit être transformée d’une condition sans nom et sans problématisation à un problème social sujet à un contrôle normatif, et ce, dans le respect des engagements juridiques de l’État au regard du droit international afin de favoriser aux travailleuses un environnement de travail sécuritaire, exempt de violence.
« Dans ma recherche, je m’inspire de la lecture des textes internationaux et de la pratique au Maroc des droits des femmes au travail et sur leur chemin au travail pour dégager les constantes sur leur santé et leur sécurité dans l’espace public », déclare Fatima.
Elle s’intéresse aux perceptions des différents intervenants dans la mise en œuvre et la pratique du droit dans le monde du travail et dans le système de la société civile et étudie comment la culture influence les environnements sociojuridiques des femmes. Elle examine aussi les rapports entre les différentes formes de violence pour mieux comprendre leur impact sur la santé des travailleuses.
Ses intérêts de recherche se concentrant sur les droits des femmes, elle s’est impliquée dans des actions de bénévolats et militantisme communautaire actifs pour embrasser et défendre les causes des femmes pour un meilleur accès à une justice sociale.
« Mon approche examine les forces et les faiblesses des normes juridiques nationales. En effet, ces normes sont généralement d’essence patriarcale, et ce faisant, ne favorisent pas le respect des droits des femmes »
« Avoir des lois et des règlements est important, mais les respecter l’est encore plus et c’est ce qui m’a amené à défendre cette cause. Les lois sont certes des outils de changement, mais il est impératif d’aspirer à changer les mentalités ».
Pre Katherine Lippel l’a incitée à saisir toute opportunité qui pourrait faire avancer ses recherches, en lui offrant l’occasion de participer et présenter son projet de thèse en 2018 à un colloque de la Faculté de droit de l’Université de Chicoutimi et ensuite à une conférence internationale à Bordeaux en France sur le sujet de la violence et le harcèlement dans le monde du travail ainsi qu’à plusieurs autres évènements importants.
« Je n’exprimerai jamais assez toute la gratitude que j’éprouve à l’endroit de la Pre Katherine Lippel qui m’a été d’un grand soutien, m’encourageant sans cesse et me prodiguant conseils »
« J’ai croisé à la Faculté de droit et celle des sciences sociales des professeur.e.s chercheur.e.s très dynamiques qui m’ont beaucoup inspirée, m’ont encouragée dans mon cursus et ont joué un rôle crucial dans mon choix et m’ont permis de vivre une expérience incroyable et très enrichissante au sein de l’université ».
Fatima compte poursuivre sa passion de toujours : militer pour les droits des femmes.