Ces jeunes spécialistes du numérique ont alors travaillé en étroite collaboration avec l’administration et les membres de la Faculté pour basculer ses activités universitaires en ligne et lui permettre de proposer un enseignement bimodal, des évènements spéciaux et d’autres projets novateurs.
Maintenant que ce but est largement atteint, l’équipe vise plus loin : tout droit vers le métavers!
Ainsi, ce mois de mars, pour la première fois au Canada et certainement au monde, la Faculté de droit accueillera les finales de son concours annuel de plaidoirie en mode réalité virtuelle (RV) plutôt qu’en personne.
Rappelons que ce concours consiste à élaborer, en équipe, une plaidoirie sur un problème juridique pour débattre devant un jury.
Cette année, les finales, qui seront présidées par trois juges bien réels, auront donc lieu dans un tribunal virtuel conçu spécialement pour l’évènement par EngageVR.
Nos trois juges seront :
- L’honorable Ian Binnie, juge retraité de la Cour suprême du Canada
- La juge Jodie-Lynn Waddilove de la Cour de justice de l'Ontario.
- M. Ron LeClair, directeur de LeClair and Associates et commanditaire du concours.
« Voici une belle preuve de l’avant-gardisme du programme de plaidoirie de l’Université d’Ottawa, commente le professeur Anthony Daimsis, responsable du déroulement du concours.
On constate une réelle soif chez nos étudiantes et étudiants de pouvoir mettre à l’épreuve leur talent d’éloquence et de défense. Nombre des juristes qui font aujourd’hui la fierté de notre profession sont passés par ces concours. »
L’équipe de stagiaires en technologie, dès les débuts de la pandémie, a su saisir le potentiel du numérique pour « créer des espaces immersifs et stimulants », explique Ritesh Kotak, étudiant de troisième année.
L’étudiant, également entrepreneur en technologie, a abandonné une carrière dans la police pour se lancer dans une maîtrise en administration des affaires suivie d’un Juris Doctor.
À l’époque, il a toutefois fallu composer avec le coût prohibitif de la réalité virtuelle : à lui seul, un casque de VR de bonne qualité pour accéder au métavers coûtait 1 000 $.
Cette formalité n’a pas arrêté le jeune entrepreneur qui a successivement demandé l’autorisation du doyen Adam Dodek, du professeur Craig Forcese et du vice-doyen aux études de deuxième et de troisième cycle, de se pencher sur l’amélioration de l’accès à la justice au moyen des nouvelles technologies.
Petit à petit, les technologies de RV sont devenues plus performantes, plus rapides, plus fonctionnelles et surtout plus abordables : les géants du Web, mais aussi de simples cabinets d’avocats ou des écoles de droit ont ainsi pu considérer l’usage du métavers.
« Comme l’équipe de stagiaires en technologie avait des casques à sa disposition, nous en avons profité pour explorer les possibilités du métavers, mais aussi ses potentiels défis. Selon nous, la meilleure façon consistait à l’essayer, tout simplement.
Nous avons donc testé différents outils de productivité au sein du métavers, puis nous avons commencé à tenir nos rencontres hebdomadaires en RV : cette technologie nous a semblé apporter un peu plus de présence physique à l’univers virtuel ordinaire. C’est une recherche que nous poursuivons aujourd’hui, l’outil en étant encore à ses débuts. »
Il n’y a là rien d’extraordinaire pour nos spécialistes en innovation numérique.
L’année dernière, une équipe de ces stagiaires – Ayushi Dave, Ritesh Kotak, et Ryan Mosoff – avait déjà remporté le Défi Harley-Finkelstein en entrepreneuriat. Financé par Harley Finkelstein – titulaire d’un J. D. et d’un MBA (2009), et président de Shopify – le concours vise à développer l’esprit d’entreprise, essentiel au leadership, et à renforcer le leadership, les qualités de juristes et l’esprit d’entreprise des membres de la communauté étudiante.
Le concept d’entreprise innovante et unique proposé par l’équipe, appelé jusTech, avait été initialement développé dans le cadre d’un concours Hackaton.
Qu’est-ce que jusTech? Il s’agit d’un outil de protection de la vie privée destiné aux petites entreprises, automatise le processus de déclaration des violations de données au travers du flux de travail en ligne. En cas d’atteinte à la protection des données, les propriétaires doivent tout d’abord répondre à une série de questions sur le site de jusTech, puis reçoivent plusieurs documents générés automatiquement : un formulaire de déclaration d’atteinte à la Loi sur la protection des renseignements personnels et aux documents électroniques (LPRPDE), une notification au client, une lettre de communication interne, un guide pratique sur la déclaration d’atteinte à la protection des données et des exemples de politiques de cybersécurité. En bref, un système facile d’utilisation qui épargne aux petites entreprises un stress inutile et permet des économies puisqu’il est entièrement gratuit pour ces dernières.
Le nouveau projet de tribunal en réalité virtuelle est quant à lui généreusement soutenu par le cabinet d’avocats LeClair and Associates, implanté à London, en Ontario.
« Nous nous réjouissons de soutenir un projet de l’Université d’Ottawa, et qui plus est l’équipe créatrice et hôte du tout premier concours de plaidoirie en réalité virtuelle! » s’exclame Ron LeClair, directeur du cabinet et futur membre du jury des finales.
Et de souligner : « Aider des étudiantes et étudiants en droit, c’est-à-dire nos collègues dans un futur proche – à découvrir de nouveaux moyens pour favoriser l’accès universel à la justice est extrêmement motivant! »
« Ces deux dernières années ont été témoin d’un réel développement dans les outils numériques, lesquels nous permettent aujourd’hui de travailler ensemble, simultanément, aux quatre coins du monde. Or la réalité virtuelle ne fait que propulser les capacités de cette collaboration à distance, en commençant par la réunion d’une diversité de personnes dans un même espace virtuel. Nous tenons à féliciter les étudiantes et étudiants, la faculté de droit et l’administration de l’Université d’Ottawa pour leur vision novatrice et leur initiative! »
C’est aussi ce point que met en avant Ayushi Dave, un autre des stagiaires ayant travaillé sur le projet de concours en RV, pour qui la réalité virtuelle permet de réellement réunir des personnes, où quelles soient, en un seul et unique espace :
« le lieu où l’on se trouve physiquement ne constitue désormais plus un obstacle.
Le potentiel de la technologie à améliorer l’accès à la justice a déjà pu se voir dans la suppression des frais de déplacement et la possibilité d’assister à un évènement dans le confort de son domicile », précise-t-il.
« la VR n’en est encore qu’à ses débuts, mais elle permet déjà d’améliorer l’expérience utilisateur en passant d’un écran en 2D à un environnement virtuel en 3D. Avec cette technologie, nous pourrons reconstituer des scènes d’incidents et effectuer des comparutions virtuelles tout en diminuant drastiquement le coût d’un procès ordinaire. Et petit à petit, ce système se frayera une place dans nos pratiques. Nous n’en sommes qu’à découvrir toutes les facettes de son potentiel! »