Les 14 et 15 novembre derniers, j'ai eu le privilège d'assister au Sommet des jeunes sur le commerce et l’égalité des genres au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève. Cet événement majeur a rassemblé plus de 56 jeunes professionnel·le·s et des spécialistes du commerce et du genre, donnant vie à des discussions passionnantes au cœur des enjeux économiques mondiaux. L'objectif du Sommet était d'échanger sur les enjeux liés au commerce et à l'égalité des genres tout en favorisant un dialogue constructif avec les représentants des Membres de l'OMC, des chercheur·e·s expérimenté·e·s et des parties prenantes du monde entier1.
Participation et intérêt pour la recherche :
Ma participation à cet événement a été rendue possible à la suite d’une sélection par le comité organisateur du Sommet. En tant que doctorante travaillant sur la portée normative des dispositions relatives au genre dans les accords commerciaux internationaux et à titre de chercheuse au sein de la Chaire de recherche en droit du commerce durable, responsable et inclusif de l’Université d’Ottawa, mon intérêt pour ces questions se trouvait au cœur même des préoccupations du Sommet. C’était notamment l'un des sujets abordés par différents conférencier·ère·s, confirmant ainsi la pertinence de mes travaux dans un contexte international.
Sujets abordés :
Plusieurs sujets ont été abordés lors du Sommet dont le e-commerce, les principaux secteurs d’activités des femmes (textile, agriculture, pêche et tourisme), les enjeux de financement auxquels elles sont confrontées et les disparités encore présentes notamment dans le domaine de l’entrepreneuriat. Comme mentionné dans l’examen global de l’aide au commerce, « les femmes jouent un rôle important dans la croissance économique et le développement des pays. L'égalité entre les sexes est un élément essentiel pour mettre fin à la pauvreté extrême et favoriser une croissance durable »2. Le Sommet a été l’occasion de discuter de l'inclusion des dispositions sur le genre dans les accords commerciaux régionaux. L'importance de ces dispositions a été soulignée dans la Déclaration de Buenos Aires sur les femmes et le commerce en 20173, adoptée par 118 Membres de l'OMC et États observateurs en marge de la onzième Conférence ministérielle de l'OMC4. Les données de l'OCDE ont également mis en évidence l’importance des dispositions de genre dans les accords de libre-échange (ALE) puisqu’elles aident à promouvoir l'autonomisation économique des femmes en leur donnant accès aux marchés, aux financements et aux compétences, ainsi qu'en favorisant leur participation à la prise de décisions économiques5. Toujours selon l’OCDE, 80 accords commerciaux régionaux, dont 69 en vigueur, faisaient explicitement référence aux femmes et aux questions liées au genre en 2020. Certains accords, comme celui entre le Canada et le Chili, dédient des chapitres spécifiques à ces questions, tandis que d'autres, comme le PTPGP, intègrent ces dispositions dans divers chapitres. Cette diversité d'approches a suscité des débats sur la méthode la plus efficace pour promouvoir l'égalité des genres. Lors des conférences avec divers·e·s ambassadeurs et ambassadrices, certains se sont demandé s’il ne serait pas préférable de privilégier une vision transversale du genre (appliquée à l’ensemble des règles et des chapitres) plutôt que de simplement ajouter un chapitre distinct dans les accords. La littérature est encore lacunaire en la matière.
Retours et enseignements :
Cet événement a été une véritable source d'inspiration pour mes travaux de recherche, rappelant que l'égalité entre les hommes et les femmes n'est pas seulement une question de droits humains et de justice sociale, mais aussi une question de développement. Donner aux femmes les moyens de participer à l'économie est une condition indispensable au développement durable. Il est essentiel de s'attaquer aux obstacles et aux inégalités de répartition auxquels les femmes sont confrontées et d'adopter une perspective de genre dans tous les aspects de la politique et de la législation commerciales. Les discussions ont également mis en lumière l'actualité de ma thèse de doctorat.
« Mon expérience au Sommet des Jeunes sur le commerce et l’égalité des genres a été profondément enrichissante. »
Marianne Dionne
— Candidate au doctorat, Faculté de droit
Conclusion:
Mon expérience au Sommet des Jeunes sur le commerce et l’égalité des genres a été profondément enrichissante. Au-delà des échanges stimulants, j'ai eu l'occasion de rencontrer des chercheur·e·s et des praticien·ne·s du monde entier, renforçant ainsi mon réseau professionnel. Les différentes conférences auxquelles j'ai participé ont constitué une source inestimable de savoir et d'inspiration.
[1] Organisation mondiale du Commerce, « Le Sommet des jeunes sur le commerce met l’accent sur la contribution des jeunes au débat sur le commerce et l’égalité des genres », 2023, en ligne : <https://www.wto.org/french/news_f/news23_f/women_14nov23_f.htm>.
[2] Organisation mondiale du Commerce et Organisation de coopération et de développement économiques, « Examen global 2017: Promouvoir le commerce, l'inclusion et la connectivité pour un développement durable », 2017, en ligne : <https://www.wto.org/french/tratop_f/devel_f/a4t_f/gr17_f/gr17programme_f.htm>.
[3] Déclaration de Buenos Aires sur les femmes et le commerce, 11e Conférence ministérielle de l'OMC, 2017.
[4]Organisation mondiale du Commerce, « Déclaration de Buenos Aires sur le commerce et l'autonomisation économique des femmes », 2017, en ligne : <https://www.wto.org/french/tratop_f/womenandtrade_f/buenos_aires_declaration_f.htm>.
[5] Korinek, J., E. Moïsé et J. Tange (2021), « Trade and gender : A Framework of analysis », Documents de travail de l'OCDE sur la politique commerciale, n° 246, Éditions OCDE, Paris, en ligne :<https://doi.org/10.1787/6db59d80-en>.