Classe à part : Réflexion sur la médiation des conflits d'autodétermination

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

Apprentissage expérientiel
Droit
Affaires publiques et internationales
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L'histoire suivante a été écrite par Robin M. Kelly (candidate au J.D./M.A. 2024), étudiante de 2e année en Common Law et, dans le cadre de la série AU-DELÀ DE LA CLASSE. Cette série présente des opportunités d'apprentissage par l'expérience et des textes d’opinion écrits par nos étudiant.e.s.

Exactement 62 ans après que la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale des Nations Unies ait confirmé le droit à l'autodétermination des pays et des peuples sous domination coloniale, un groupe d'experts s'est réuni à Londres (Royaume-Uni) pour discuter du rôle que peut jouer la médiation dans la résolution pacifique des conflits d'autodétermination dans le monde. Conciliation Resources (CR), une ONG internationale de consolidation de la paix qui est basée à Londres, et la Sasakawa Peace Foundation (SPF), basée à Tokyo, ont dirigé une consultation d'experts qui a facilité l'établissement de liens au-delà des frontières et des disciplines. J'ai accompagné le professeur John Packer, titulaire de la chaire Neuberger-Jesin de résolution des conflits internationaux et conseiller spécial de CR, pour ce projet de trois ans. J'ai assisté les organisateurs en tant que preneuse de notes de la conférence.  

La conférence a permis de créer des liens entre les secteurs qui travaillent sur l'autodétermination et la médiation afin de partager des expériences communes et d'analyser comment la médiation évolue au fur et à mesure que les conflits fondés sur l'autodétermination se transforment. La prémice de la réunion et du projet découle de travaux antérieurs de CR et du professeur Packer qui ont observé le problème et ses défis récurrents.  En outre, il est ancré dans le fait qu'un quart de la population mondiale vit dans des situations de conflit violent, la moitié des conflits connus impliquant des revendications d'autodétermination. Parmi les discussions sur la façon de jeter les bases d'une médiation réussie dans les conflits d'autodétermination, les experts ont mis l'accent sur les questions de liberté et de participation, soulignant souvent l'importance de traiter les torts du passé et les aspects psychosociaux tout en gardant l'accent sur la recherche d'un modus vivendi pacifique. Réconcilier les torts du passé avec les projets d'avenir permet d'établir une confiance mutuelle et des intérêts partagés, augmentant ainsi les chances d'un règlement durable.  

Au cours de discussions animées, les participants ont analysé des méthodes créatives pour traiter les revendications d'autodétermination dans une variété de contextes et à différents stades du conflit. Ces conversations ont présenté un large éventail de perspectives grâce aux contributions d'experts venant de ou directement engagés dans, entre autres, la Géorgie/Abkhazie, le Mali, le Sud-Soudan, le Cachemire, le Yémen, le sud de la Thaïlande, Chypre, le Pays basque et la Catalogne, ainsi que des praticiens d'organisations internationales et des experts dans des domaines (comme le partage du pouvoir) liés à l'autodétermination. Les discussions animées se sont poursuivies en dehors de la conférence structurée, lors des dîners et des pauses du groupe. Certaines des idées principales étaient d'accorder plus d'attention à l'élaboration de scénarios possibles de résolution de conflits par le biais de mécanismes et de méthodes inclusifs de partage d'informations sur les options et les possibilités de créer des accords d'autodétermination flexibles - qu'ils soient "externes" (c'est-à-dire débouchant sur des États indépendants) ou "internes" (c'est-à-dire manifestant divers arrangements d'autonomie ou d'autogouvernance au sein d'un État existant). 

Ce n'était que le début d'un projet à long terme visant à développer des résultats clés pour la médiation dans des contextes d'autodétermination. La conférence faisait partie d'un processus de trois ans dans le cadre duquel CR et SPF cherchent à développer et à promouvoir du matériel et du savoir-faire pour aider les praticiens et les personnes confrontées à des conflits d'autodétermination à identifier les questions clés, à négocier et mettre en œuvre des moyens créatifs de résolution de problèmes pour parvenir à une paix et un développement durable. La conférence permettra d'orienter et de concevoir les activités à venir pour l’an 2 et 3du projet, notamment en ce qui concerne la manière dont la réflexion sur l'avenir peut aider à cadrer les situations et à faire avancer la médiation ou, plus généralement, les processus de paix, y compris les moyens d'utiliser les outils numériques pour analyser des situations complexes et concevoir des médiations dans les conflits d'autodétermination.  

Ma participation à la conférence de Londres a élargi ma compréhension de l'autodétermination, de ses variations et de sa complexité, ainsi que des défis de construction de la paix par la pratique de la médiation internationale de la paix. En tant qu'étudiante du programme combiné de maîtrise en art (Affaires internationales) de l'École Norman Paterson School of International Affairs de l'Université Carleton et du  Juris Doctor (J.D.) de la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa, l'expérience à Londres m'a offert une occasion spéciale de voir comment les concepts et les acteurs que j'ai étudiés interagissent dans des questions contemporaines aussi importantes. Puisque mon programme de maîtrise est spécialisé dans la diplomatie et la politique étrangère, j'ai concentré une grande partie de mes études sur la façon dont les outils juridiques sont utilisés en diplomatie pour construire la paix ; deux de mes projets de recherche ont porté sur les outils juridiques pour aborder l'autodétermination dans le cas du Sahara occidental et dans un autre projet en cours, je travaille avec le professeur Packer pour examiner les violations de la Convention sur le génocide par le Myanmar contre la minorité Rohingya (une affaire actuellement devant la Cour internationale de justice).  

La conférence à Londres sur l'autodétermination m'a permis de mieux comprendre les nombreuses perspectives et questions qui se posent lors de la médiation de tels conflits et m'a fait rencontrer un éventail remarquable d'experts et d'autres acteurs. Elle m'a également aidé à comprendre comment construire une approche interdisciplinaire pour travailler à des solutions qui seraient autrement impossibles si les négociations étaient cantonnées à un seul sujet. J'emporterai cette expérience, ainsi que les leçons apprises et les perspectives nuancées, dans ma future carrière.