La conférence, qui portera sur l’évolution des droits des femmes au cours des 30 dernières années, se tiendra le 5 mars prochain à 11h30, au FTX 147 A. Inscrivez-vous à la conférence commémorative en l’honneur de la feue professeure Marlène Cano.
«Il y a une partie de sa vie qui était un combat contre une société qui n’était pas encore rendue-là […]. On commençait à l’époque à avoir le droit de parler de la place des femmes», souligne sa fille, Marie-Noëlle Cano. «Ça dérangeait, c’est sûr.»
L’engagement de Marlène Cano se transposait surtout dans ses enseignements, ses ouvrages et ses conférences en matière de relations familiales et conjugales. L’experte en droit de la famille et en droit international s’est également distinguée par son implication en Amérique du Sud.
La vice-doyenne est décédée d’un cancer du sein au jeune âge de 38 ans. Au moment de son décès, la famille a reçu des mots de remerciements et des fleurs «de gens dont je n’avais jamais entendu parler, provenant de pays où je ne savais même pas qu’elle était allée», se rappelle Marie-Noëlle Cano. «Clairement, elle avait un impact!»
Marlène Cano avait également le bonheur de travailler dans une faculté qui laissait une juste place à son discours féministe, poursuit-elle. Elle cite en exemple l’appui indéfectible du doyen Louis Perret, «un supporteur de la cause».
« Elle qui était une battante, une engagée, une impliquée dans la défense de ses idées les plus chères : la justice et l’équité […]. Marlène, c’était la force tranquille ! »
Louis Perret
— Doyen de la Section de droit civil de 1994 à 2004
Rassembler les « Marlène de ce monde»
La bourse Marlène-Cano a été créée en 1995, un an après la mort de la professeure, mais n’avait plus été décernée depuis l’hiver 2021.
Marie-Noëlle Cano s’est réjouie de l’appel de la doyenne de la Section de droit civil, Marie-Ève Sylvestre, afin de relancer le programme. Elle veut en faire plus qu’une simple bourse qu’on donne, mais aussi une opportunité pour valoriser la cause féministe, la Faculté, et le travail de sa mère.
«Les Marlène de ce monde, comme Léa Clermont-Dion, comme Catherine [Cano, sœur de Marlène], comme la doyenne [Marie-Ève Sylvestre], comme moi, comment se rassemble-t-on pour créer une initiative de plus en plus forte?», se demande-t-elle. Le féminisme est une affaire de famille chez les Cano, Marie-Noëlle Cano soulignant aussi l'implication de sa grand-mère maternelle, Mona Gauthier.
«Le droit des femmes c’est d’avoir le droit à la sécurité sous toutes ses formes. En ce moment on n’y a pas droit, dénonce Marie-Noëlle Cano. Au Québec non plus». Elle donne en exemple les «biais misogynes évidents» de notre système judiciaire tout en soulignant les efforts de Léa Clermont-Dion pour la mise en place d’un tribunal spécialisé pour les violences conjugales et sexuelles au Québec en 2022.
Notons que l’Observatoire canadien du féminicide (sic) a dénombré 191 féminicides au Canada en 2023. De plus, 44 % des femmes qui ont déjà été dans une relation avec un partenaire intime auraient subi une forme ou une autre de violence psychologique, physique ou sexuelle de la part d'un partenaire intime au cours de leur vie, selon des données de 2018 de Statistique Canada.
Qu’est-ce que Marlène Cano penserait de la situation des femmes au Canada et ailleurs dans le monde si elle était toujours vivante?
«Socialement, elle serait très inquiète de voir que ça recule à beaucoup trop d’endroits, croit Marie-Noëlle Cano. Mais elle serait très heureuse de voir que la discussion se poursuit, que son legs c’est aussi ça […] le débat et la conversation qui continuent. Avec des femmes comme Léa qui ne vont jamais se tanner d’en parler.»
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