La professeure Sullivan occupait une place bien spéciale à la Section de common law, où elle a enseigné durant 27 ans. Des centaines de membres de la communauté diplômée se rappellent avec affection leurs cours sur l’interprétation des lois, les délits civils et les successions. Ses textes, notamment The Construction of Statutes, ont été cités encore et encore par la Cour suprême du Canada et par d’autres tribunaux comme source essentielle pour la rédaction et l’interprétation des lois.
Née à Chicago en 1946, la professeure Sullivan grandit à Minneapolis. Pour fuir les potentielles conséquences de la conscription durant la guerre du Vietnam, elle quitte le Minnesota avec son mari, Dan Sullivan, afin de s’établir à Montréal en 1968.
Elle obtient une maîtrise en anglais de l’Université Concordia, des grades universitaires en common law et en droit civil de l’Université McGill (qu’elle termine à la tête de sa promotion pendant que son fils, Chris, est à l’école primaire) et une maîtrise en droit de l’Université d’Ottawa.
Elle déménage dans la capitale nationale en 1982 pour travailler comme auxiliaire juridique auprès du juge en chef Bora Laskin à la Cour suprême du Canada, puis elle est admise au Barreau de l’Ontario en 1984.
En 2011, elle quitte la Faculté après 27 ans d’enseignement pour travailler à la Direction des services législatifs du ministère de la Justice du Canada, où elle rédige – d’abord en détachement et en congé universitaire, puis à titre d’employée à temps plein – des projets de loi et des règlements, et où elle donne de la formation de même que des avis juridiques.
Dans un espace en ligne destiné à recueillir les condoléances, plusieurs membres de la communauté diplômée et collègues avec qui elle a travaillé au ministère de la Justice ont publié leurs souvenirs de cette femme remarquable.
« Ruth était, pour moi, à la fois une femme de savoir exceptionnelle, une conseillère juridique pragmatique et une experte toute en modestie. Elle était plus grande que nature! », a écrit Nancy Othmer, sous-ministre adjointe, Secteur du droit public et des services législatifs.
Pour Elise Schissler, une ancienne étudiante et collègue du ministère de la Justice, même si Ruth « devait donner le cours de première année Droit des biens pour la énième fois, elle parvenait toujours à présenter la matière de façon succincte et avec humour. Elle était absolument incomparable. »
Le professeur John Keyes a écrit que « Ruth était une chercheuse, une enseignante, une conseillère législative et une amie extraordinaire. Elle prônait une rédaction plus compréhensible et une interprétation plus précise des lois, et elle a exercé une grande influence dans ce sens. Ses écrits et ses cours magistraux étaient fort agréables et inspirants. Mais, surtout, elle était dotée d’une passion pour la justice et d’une générosité sans borne. Elle me manque énormément, mais son héritage perdurera. »
Le juge Howard Borenstein, qui a étudié auprès de la professeure Sullivan de 1986 à 1989, a écrit que ce fut un bonheur de l’avoir rencontrée.
« Comme d’autres l’ont dit, c’était une femme brillante. Elle était également drôle – d’un humour espiègle –, excentrique et modeste. Entre collègues de classe, nous discutions souvent de ses extraordinaires compétences à titre de professeure.
Il y a quelques années, nous nous étions donné rendez-vous pour aller prendre un verre. Lorsque je lui ai raconté à quel point mes collègues de classe l’adoraient, elle a semblé véritablement surprise de l’opinion qu’on avait d’elle. J’étais encore plus surpris d’apprendre qu’elle n’en avait aucune idée, car c’est un fait qui, de mon point de vue, était tellement évident, mais sa réaction prouvait une fois de plus sa modestie. C’était une perle, comme personne et comme professeure. »
Au cours des prochains mois, la Faculté se penchera sur la meilleure façon de marquer l’apport incroyable de la professeure Sullivan.
Que sa mémoire soit une bénédiction.