En gros, cette pratique vise à protéger la population et les personnes en crise, mais ce type d’hospitalisation peut nuire considérablement à ces dernières. De plus, les gens vivant dans la pauvreté ou qui sont en situation d’itinérance sont surreprésentés parmi ceux qui font l’objet d’une hospitalisation involontaire dans un établissement psychiatrique au pays. La mort tragique de Joyce Echaquan, en septembre 2020, a conduit à un examen plus approfondi de cette pratique et surtout du recours à celle-ci dans les communautés autochtones.
Cette année-là, les professeures Emmanuelle Bernheim et Eva Ottawa ont obtenu une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) dans le cadre de l’Initiative sur la race, le genre et la diversité pour creuser la question dans la communauté atikamekw de Manawan, au Québec, où vivait Joyce Echaquan. Par leur projet, elles espèrent faire reconnaître la dimension culturelle en santé mentale. Il est important de comprendre que, du point de vue du système de santé canadien, le rétablissement à la suite d’un problème de santé mentale est une responsabilité individuelle, tandis que pour bon nombre de communautés autochtones, c’est un processus communautaire. « Il s’agit de deux mondes différents, explique la professeure Bernheim. Pourtant, les Autochtones reçoivent dans les hôpitaux le même traitement que tout le monde. » Les travaux de recherche des professeures Bernheim et Ottawa défendent l’idée d’intégrer le savoir autochtone comme moyen de mettre fin à la surutilisation de pratiques coercitives et culturellement inadéquates.
Récemment, un article sur le projet – pour lequel les propos de la professeure Bernheim ont été recueillis – a été publié sur le site du Programme des chaires de recherche du Canada. Lisez « Découvrir les impacts des placements d’office : Comment la recherche éclaire une pratique judiciaire sous-examinée » pour en savoir plus et mieux comprendre pourquoi la chercheuse espère susciter des discussions à grande échelle sur le recours aux placements d’office.
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et accès à la justice, la professeure Bernheim veut soutenir et promouvoir la recherche par et pour les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale qui se retrouvent dans le système de justice. La professeure Ottawa, pour sa part, travaille en étroite collaboration avec les membres de communautés autochtones; elle cherche à obtenir et à faire valoir leurs points de vue, à comprendre leurs préoccupations et à exprimer leurs aspirations.