L'eau, c'est la vie : la professeure Aimée Craft nous invite à explorer notre relation avec l'eau

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

Chaires de recherche de l'Université
Conférence
Indigenous Legal Tradition Mural artowk
Dans la loi anichinabée, l'eau est considérée comme étant plus qu'une ressource. Elle est considérée comme une entité vivante dotée de sa propre spiritualité. L'eau ne peut être possédée, contrôlée ou gouvernée, mais chacun d'entre nous entretient une relation avec elle et en est responsable.

Le 20 janvier 2023, la communauté de la Faculté de droit s'est réunie pour une double célébration spéciale avec pour but de mettre l'accent sur cette relation. La soirée a été marquée par le dévoilement d'une nouvelle peinture murale au troisième étage du pavillon Fauteux de l’Université d’Ottawa, créée par deux artistes autochtones du collectif Onaman, Christi Belcourt et Isaac Murdoch, représentant les enseignements et les principes juridiques anichinabés relatifs à nibi (eau). Puis, les participants ont également assisté à la conférence inaugurale de la chaire de recherche universitaire (URC) de la professeure Aimée Craft, Nibi miinawaa aki inaakonigewin en gouvernance autochtone en relation avec la terre et l’eau.

Professeure agrégée de la Faculté de droit, Section de common law de l’Université d’Ottawa et avocate autochtone (anichinabée-métisse) originaire du territoire visé par le Traité no 1 au Manitoba, la professeure Craft a commencé sa conférence en soulignant l'utilisation du mot relation dans le titre de sa chaire de recherche : « Il ne s'agit pas d'un sujet, d'un objectif ou d'une question », a-t-elle déclaré. Elle ajouta : « Il s'agit en fait de notre relation avec les terres et les eaux.  Alors que les systèmes juridiques eurocentriques sont principalement fondés sur les droits des individus et la protection de la propriété privée, les lois autochtones, en revanche, sont ancrées dans les relations et l'objectif du bien-être collectif. » Elle a noté que le droit étatique tend à considérer l'eau comme un objet ou un sujet, alors que dans le nibi inaakonigewin anishinaabe, l'eau est un acteur juridique.

La professeure Craft a expliqué comment les communautés autochtones ont traditionnellement reconnu l'esprit et l'action de l'eau et a décrit plusieurs des projets de recherche communautaires qu'elle codirige, notamment le travail effectué sur la déclaration Nibi du traité n°3 du Grand Conseil, le projet sur les lois cries Misipawistik Ishtwawina et les échanges d'eau qui ont lieu actuellement entre les peuples autochtones du Canada et de la Colombie. De plus amples informations sur tous ces projets sont disponibles sur le site Web du Partenariat Decolonizing Water codirigé par la professeure Craft et la Dre Deborah McGregor de l'Université York.

En tant que pays disposant de l'une des plus grandes réserves renouvelables d'eau douce sur Terre, le Canada a l'occasion de montrer l'exemple au reste du monde en ce qui concerne la façon dont il gère sa relation avec l'eau. Le gouvernement canadien travaille actuellement à la mise en place de la première Agence de l'eau du Canada, une nouvelle agence qui aura pour priorité de garder l'eau du Canada sécuritaire, propre et bien gérée.  La professeure Craft a souligné qu'il s'agit d'une occasion pour les personnes concernées par l'eau d'innover, en créant une agence de l'eau décolonisée qui mettrait en avant les lois et les ordres juridiques autochtones dans ses processus, tout en intégrant les valeurs autochtones dans ses prises de décision.  

Professeure Aimée Craft headshot

« L'eau détient un pouvoir immense. Elle agit et elle nous parle, mais elle n'a pas de voix. Comment allez-vous l'écouter? Comment allez-vous prêter votre voix à l'eau? »

Professeure Aimée Craft

— Chaire de recherche universitaire (URC) Nibi miinawaa aki inaakonigew en gouvernance autochtone

La professeure Craft est largement reconnue pour ses recherches sur les lois, les traités et l'eau autochtones. Son travail est axé sur une recherche interdisciplinaire, basée sur la terre et dirigée par la communauté, qui est fondée sur les partenariats et la transmission du savoir intergénérationnel. Dans l'ensemble, sa priorité en matière de recherche est l'évaluation et la reconnaissance égales des formes de connaissances autochtones par l'application de méthodes et de langues autochtones, le développement de relations communautaires, la recherche collaborative et la création d'occasions de participation des communautés et des jeunes à la recherche.  Sa CRU avait été initialement attribuée en 2021, mais la conférence inaugurale a été retardée en raison de la pandémie.