Des juristes dans le métavers : moments forts du troisième concours annuel de plaidoirie en mode réalité virtuelle

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

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Pour la troisième année consécutive, la Faculté de droit (Section de common law) s’est transposée dans le métavers.
Le 18 novembre, elle a organisé la finale de son troisième concours annuel de plaidoirie LeClair Metaverse, une activité hybride se tenant partiellement en présentiel et partiellement en réalité virtuelle.

La Faculté est connue partout au pays et dans le monde – et maintenant dans l’univers – pour son excellence dans ce type de concours, qui consiste à écrire en équipe un mémoire sur une question juridique pour ensuite en débattre devant jury. 

La finale de cette année était présidée par trois juges en chair et en os – Ron LeClair de LeClair and Associates, qui commandite l’activité, Brian Casey, un arbitre pour Bay Street Chambers, et la professeure Céline Braumann. 

juges et étudiants

L’affaire en cause : la poursuite par un employé du prestigieux vignoble Fauteux ayant subi de graves blessures au travail en glissant sur une flaque de liquide clair pendant sa pause de dîner, lors d’une partie de poker.  

L’enjeu fictif soulevait des questions complexes concernant l’obligation de diligence du vignoble envers son personnel, le poids potentiel de l’acceptation des risques, la possibilité de négligence de la victime, etc. 

Autre contrainte épineuse, les étudiantes et étudiants devaient aussi trancher la question de savoir si un rapport d’expert généré par ChatGPT pouvait ou non être présenté comme preuve. 

Les quatre étudiantes et étudiants participants – Kasia Knap et Jessica Knezy de la partie demanderesse, Mathew Seeburger et Sean MacLeod de la partie défenderesse – ont d’abord présenté leurs argumentaires respectifs en présentiel, dans la salle d’audience du pavillon Fauteux.  

étudiants

Puis, la partie demanderesse a demandé à présenter la pièce à conviction virtuelle A et les sept membres de l’assemblée (les trois juges et les quatre juristes) ont enfilé leur casque pour se transporter dans la cave à vin virtuelle. Les avatars de chaque partie s’y sont livrés à leurs argumentaires, pour ensuite ressortir du cadre virtuel et poursuivre leurs plaidoyers en personne, dans la salle d’audience physique.

juges

« Notre programme de tribunaux-écoles ne cesse d’outrepasser les limites du cadre conventionnel, et les étudiantes et étudiants sont aux premières loges de cette transformation », raconte le professeur Anthony Daimsis, qui supervise le programme de tribunaux-écoles de la Section de common law.

« Il ne fait aucun doute que les exercices de plaidoirie fictive sont la meilleure méthode pour former efficacement les cohortes en droit, qui se dotent ainsi des compétences nécessaires pour pratiquer leur profession. De plus, l’intégration d’outils technologiques d’avant-garde et de sujets contemporains, comme l’intelligence artificielle (IA), qui révolutionnent actuellement notre domaine, leur donne un avantage supplémentaire. »

salle d'audience

Le concours de plaidoirie LeClair Metaverse a été créé en 2022 à l’initiative de Ritesh Kotak, alors étudiant à l’Université d’Ottawa. Également entrepreneur en technologie, ce dernier a abandonné une carrière policière pour se lancer dans une maîtrise en administration des affaires suivie d’un Juris Doctor, qu’il a obtenu en 2022. Le projet métavers est généreusement financé jusqu’à la fin de 2026 par LeClair and Associates.  

« Le concours de cette année a sans aucun doute été l’essai le plus réaliste accompli avec cette technologie, qui permet de recréer une scène et de s’y transposer virtuellement, explique Ritesh Kotak. Jamais auparavant n’avons-nous pu présenter des preuves de cette façon. 

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C’est vraiment épatant de voir comment évolue cette épreuve. La première année, c’était la première fois que le concours passait dans le métavers; la deuxième année, nous avons introduit les preuves virtuelles; cette année, nous sommes parvenus à reconstituer une scène. Et nos plans pour l’année prochaine ne sont pas moins ambitieux. » 

Le ministre de la Justice et procureur général du Canada, Arif Virani, a présenté à l’assemblée un message d’accueil enregistré, dans lequel il raconte comment il a lui-même participé à un tel concours de plaidoirie, 25 ans plus tôt. 

« Pour moi, débattre, c’est une seconde nature; c’était un plaisir de pouvoir me plonger concrètement dans un problème juridique pour y amener mes arguments, raconte-t-il. Ces expériences m’ont marqué et ont contribué à nourrir ma passion pour les rouages de la chose juridique. 

juges et étudiants masqués

Notre argumentaire est certes important, mais pas plus que la manière dont nous le livrons. À cet égard, ce concours est vraiment précurseur. » 

Toujours selon Arif Virani, il est évident que l’univers du droit est en train de changer, et ce concours n’est qu’« un exemple de comment nous pouvons nous adapter à cette évolution rapide. » 

« Avant la pandémie, l’idée même d’une salle d’audience virtuelle tenait du conte de fées. Maintenant, après près de quatre ans d’enseignement et de travail à distance, il devient clair que c’est une option viable, et ce, dans un avenir proche. 

Quand je vois le potentiel de cet outil, je pense aussitôt à la question de l’accessibilité, et à combien cette dernière s’est améliorée grâce aux audiences à distance et aux tribunaux virtuels. La réalité virtuelle peut nous amener beaucoup plus loin que le simple appel dans Zoom. 

On peut y lire le langage corporel, observer certaines nuances et s’investir dans la procédure. Dans un contexte de tribunal, cela ne peut être qu’un atout pour toutes les parties. J’ai bien hâte de voir comment cette technologie sera utilisée dans l’avenir pour que notre système de justice soit plus accessible, plus équitable et plus efficace. »