Leonard Marchand est, de son propre aveu, le genre d’homme à « voir le verre à moitié plein ».

Par Common Law

Communication, Faculté de droit

Droit autochtone
Droits des autochtones
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Le premier juge en chef autochtone de la Colombie-Britannique est d’avis que le système judiciaire a fait des « progrès importants » pour mieux répondre aux besoins des Autochtones, mais qu’il « reste encore beaucoup à faire ». 

Leonard Marchand a récemment pris la parole lors de la conférence annuelle Feeney, ainsi nommée en l’honneur du doyen fondateur de la Section de common law, Thomas Feeney.

Le juge en chef, qui est membre de la Nation Syilx, a alors déclaré que les taux d’incarcération des Autochtones demeuraient « obstinément et grotesquement élevés » et que les taux d’arrestation des enfants autochtones dépassaient de loin ceux de leurs pairs non autochtones.

« Je sais que ces chiffres peuvent être décourageants », a-t-il déclaré lors de son allocution, qui portait sur l’interaction cruciale entre le pluralisme et l’inclusion pour faire progresser la réconciliation au Canada.

« De toute évidence, nous avons du pain sur la planche pour faire en sorte que le système judiciaire fonctionne pour tout le monde. Mais je suis optimiste et je pense que nous pouvons accomplir de véritables progrès. Je suis optimiste, mais je ne me berce pas d’illusions. Mon optimisme est réaliste. Il s’appuie non seulement sur les avancées concrètes que j’ai constatées dans la revitalisation des ordres juridiques autochtones, mais aussi sur mon expérience du système judiciaire canadien. »

Le juge en chef Marchand a cité plusieurs procédures qui intègrent maintenant les perspectives et les pratiques autochtones, dont celles des tribunaux autochtones de détermination de la peine et le Processus d’évaluation indépendant des pensionnats autochtones indiens, qui a permis de régler 30 000 réclamations dans le cadre d’un processus non accusatoire et axé sur la partie demanderesse.

« Dans tout le pays, des tribunaux ont également intégré des rituels et des symboles autochtones – cérémonies de purification, cérémonies des couvertures, tambours, plumes d’aigle – dans leurs procédures quotidiennes.

« Ces expériences m’ont appris que le système judiciaire canadien peut être amélioré si nous prêtons l’oreille aux perspectives autochtones, si nous avons l’ouverture d’esprit nécessaire pour les intégrer et si nous agissons, même si – ou peut-être surtout si – cela oblige certaines personnes à sortir de leur zone de confort. »

En ce qui concerne l’avenir, le juge en chef Marchand espère que la prochaine génération de juristes – actuellement aux études ou fraîchement diplômée – aura les connaissances, les compétences et la motivation nécessaires pour rendre les salles d’audience et l’ensemble du système judiciaire plus réceptifs aux besoins des Autochtones.

« Continuons d’encourager les actrices et acteurs du système judiciaire canadien à mieux connaître leurs communautés autochtones locales – leur histoire, leurs coutumes, leurs difficultés et leurs ressources. Autrement, comment pourrions-nous comprendre et prendre en compte les besoins des Autochtones qui ont affaire au système judiciaire?

« Continuons d’œuvrer à l’établissement de relations mutuellement respectueuses en accordant une large place aux peuples, aux communautés, aux coutumes, aux traditions et aux lois autochtones. Autrement, comment pourrions-nous démontrer que nous assurons la justice pour tout le monde?

« Je vous invite à profiter de chaque occasion d’approfondir notre compréhension collective des ordres juridiques autochtones et de leurs fondements juridiques et théoriques afin qu’ensemble, nous puissions contribuer à bâtir notre tissu social et, ainsi, poursuivre les efforts de réconciliation. »

Parmi les grands noms évoqués par le juge en chef Marchand figuraient le juge de la Cour fédérale Sébastien Grammond, ancien doyen de la Section de droit civil, ainsi que la professeure Aimée Craft.

Il a toutefois conclu son discours en citant l’un de ses héros, le regretté Murray Sinclair, ancien sénateur et juge :

« Nous savons que les choses ne peuvent pas s’améliorer du jour au lendemain. Ce processus prendra des générations. C’est ainsi que les dégâts ont été causés et c’est ainsi qu’ils seront réparés. Cependant, si nous nous entendons sur l’objectif de la réconciliation et que nous acceptons de travailler ensemble, nos démarches d’aujourd’hui renforceront considérablement le tissu social du Canada de demain. »

Lors de son passage au pavillon Fauteux, le juge en chef Marchand a également participé à un cercle de lecture communautaire du Comité de réconciliation et de décolonisation ayant pour thème le livre One Drum de Richard Wagamese.

Il a alors rappelé aux étudiantes et étudiants que « la voie de la réussite passe par la bienveillance », a souligné Tasha Simon, spécialiste des programmes autochtones, qui a organisé la visite du magistrat.

Feeney lecture Reading Circle
Le juge en chef Marchand discutant avec des étudiantes et étudiants autochtones lors de son passage au pavillon Fauteux.

Lors d’une causerie avec les étudiantes et étudiants autochtones, il s’est donné la peine de faire connaissance avec chacune et chacun d’eux et a pris le temps de répondre à toutes leurs questions. « Il leur a parlé de l’importance de trouver sa propre voie, de rester fidèle à soi-même face aux occasions qui se présentent et d’un ingrédient secret : la bienveillance. » 

Feeney lecture Fireside Chat
Le juge en chef Marchand discutant avec des étudiantes et étudiants autochtones lors de son passage au pavillon Fauteux.
Feeney lecture LMarchand GWhiteduck KBoon
Le juge en chef Leonard Marchand en compagnie de Gilbert Whiteduck, gardien du savoir anishinabe algonquin, et de Kristen Boon, doyenne Susan-et-Perry-Dellelce de la Section de common law.
Feeney Lecture CSpense and POkalik
Invités ayant assisté à l’événement, de gauche à droite : Christian Spence, diplômé (J.D. 2024) et Paul Okalik, diplômé (L.L.B. 1997).
Feeney Lecture Gift
Les membres de la Gouvernance des étudiant(e)s autochtones en droit remettant un présent au juge en chef après son allocution.