Élu « coup de cœur » par les organisateurs du Congrès parmi plus de 200 colloques, et ayant fait l’objet d’un entretien sur les ondes de la radio de Radio-Canada, le colloque 411, intitulé « Peuples autochtones et État : quelle émancipation dans les espaces juridiques et politiques », a été organisé par une équipe de chercheuses et chercheurs issus de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa : la professeure Eva Ottawa et le professeur Thomas Burelli, tous deux la Section de droit civil, ainsi que les candidates au doctorat Justine Bouquier et Amira Maameri (en cotutelle avec la Faculté de droit de l’Université de Bordeaux).
« Le colloque a été très enrichissant à tous les niveaux. Les conférencières et conférenciers ont apporté différentes perspectives intéressantes pour nos réflexions futures. De plus, la participation de conférencières et conférenciers en provenance de différentes Premières Nations au Québec dont Adéline Basile, une Innue de Ekuanitshit, ainsi que Karine Wasiana Échaquan et Sipi Flamand, des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan, a apporté une contribution particulière aux échanges », souligne la professeure Eva Ottawa.
L’organisation du colloque a été inspirée par la cosmovision féministe des Atikamekw de Manawan : structuré par une cérémonie d’ouverture et une cérémonie de fermeture (chant au tambour) effectuées par des femmes membres de la communauté des Atikamekw de Manawan (la professeure Ottawa et Karine Wasiana Echaquan, artiste, conteuse, guide et aidante naturelle, Atikamekw Nehirowisi iskew), il a également fait intervenir une majorité de femmes et de personnes autochtones dont Adéline Basile, membre de la première nation innue de Ekuanitshit (Mingan) et étudiante à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, Sipi Flamand, vice-chef du Conseil des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan et candidat à la maîtrise en sciences politiques à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et Anne Levesque, professeure à la section de common law.
« Le colloque a constitué un espace de dialogue des enjeux et des perspectives autochtones à propos du territoire et de la famille. Il est important de souligner qu’un grand temps de parole a été alloué aux intervenants autochtones et que le colloque a également permis de soutenir plusieurs étudiants qui constituent la relève de la recherche » rappelle le professeur Thomas Burelli.
Cet évènement a été exclusivement financé par des institutions abritées par la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa : la Chaire Shirley E. Greenberg pour les femmes et la profession juridique, la Chaire de recherche du Canada sur la diversité juridique et les peuples autochtones, le Centre de droit public et le Centre de droit de l’environnement et de la durabilité mondiale. Ce financement aura en effet permis de rémunérer tous les intervenants autochtones ainsi que tous les intervenants étudiants, l’objectif étant à la fois de valoriser le temps mis dans la préparation des interventions et la qualité des savoirs partagés par les personnes autochtones tout en soutenant la communauté étudiante en ces temps de pandémie.
« Ce colloque m’a personnellement permis de grandir et d’affiner mes réflexions sur la décolonisation de la recherche. Le fait de l’organiser et d’y participer m’a notamment donné une certaine lucidité sur les avantages, mais aussi sur les limites de ce genre d’évènement scientifique quand on parle de mise en pratique de la décolonisation. Il faudrait rendre les interventions dans les langues autochtones plus aisées, faire en sorte qu’elles soient accessibles à toutes et tous, aménager des temps de parole plus favorables aux conférencières et aux conférenciers autochtones… En même temps le colloque 411 a reposé sur une coopération riche qui est l’expression, à mon sens, de la volonté de tous ses acteurs et actrices de s’impliquer dans le projet qu’il constituait » soutient Justine Bouquier, doctorante en droit.
Le colloque se voulait le lieu d’un dialogue interculturel, propice à l’échange, à l’écoute et à l’effervescence intellectuelle. Il a été ponctué de la diffusion d’une vidéo présentant le nouveau code coutumier atikamekw (https://vimeo.com/543804712/347efd4ec2) et de deux panels qui ont notamment fait figurer trois interventions ancrées dans la cosmovision atikamekw et une quatrième présentation enracinée dans la cosmovision innue. Les autres présentations ont permis de faire un état des lieux de la protection des personnes (adultes et enfants) et des peuples autochtones sur la scène internationale et nationale. Certaines ont également porté sur la décolonisation de systèmes éducatifs et sur l’invention de nouveaux concepts pour donner lieu à une gouvernance environnementale plus holistique.
« C’est dans l’optique de la philosophie renouvelée du droit et des traditions juridiques autochtones que j’ai été poussée à envisager ce colloque. Concrètement, le fruit de cette belle collaboration avec chacun.e des participant.e.s, a donné lieu à des échanges de qualité, des interrogations poussant encore plus loin la réflexion et pouvant donner lieu à des idées et des concepts parfois même novateurs. In fine, cela nous apporte de l’espoir quant à une vision du monde plus inclusive, réparatrice et ouverte aux savoirs ancestraux. Par conséquent, je me sens heureuse d’avoir réalisé un projet qui me tenait à cœur et je suis particulièrement fière que nous soyons parvenu.e.s à apporter une petite pierre à ce grand édifice, dont le retentissement se mesure à l’échelle internationale », explique Amira Maameri, doctorante en droit.
Le Comité d’organisateurs remercie tous les intervenants au colloque pour leur présence et leurs présentations. Il tient particulièrement à adresser ses chaleureux remerciements à Karine Wasiana Echaquan, Sipi Flamand et Adéline Basile pour leur implication et les savoirs qu’ils ont généreusement partagés à travers leurs interventions.
Le colloque est disponible en deux parties sur Youtube : https://youtu.be/_2TmJONydpQ (partie 1) et https://youtu.be/md_8SP7En4U (partie 2).
Author: Justine Bouquier