Jouer avec la technologie pour transformer l’éducation

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Par Christine L. Cusack

Communications, Faculté d'éducation | Faculty of Education, uOttawa

Un étudiant dans l'edstudio souriant devant un membre du corps professoral.
EdstudiO | Crédit photo: B. FIndley
Qu’ont en commun les imprimantes 3D, les appareils de découpe au laser, les machines à coudre, les robots et les écrans verts? Vous trouverez tous ces objets au laboratoire d’apprentissage edstudiO, un lieu de créativité unique et novateur situé au pavillon Lamoureux de la Faculté d’éducation.

Prenez le temps d’explorer la série de salles colorées et connectées les unes aux autres et vous remarquerez quelque chose d’inhabituel : elles ne sont pas disposées comme des salles de classe traditionnelles. Oubliez l’image de l’enseignante ou de l’enseignant qui se tient devant des rangées d’élèves assis à des pupitres.

« Rien dans l’edstudiO ne favorise les modèles traditionnels d’enseignement, soutient la fondatrice et directrice, Michelle Hagerman. L’espace a été conçu pour remettre en question ce paradigme. »  

Le jeu, la collaboration et l’interaction se trouvent au cœur de l’expérience à l’edstudiO, où l’accent est mis sur l’apprentissage ludique grâce à des outils numériques à la fine pointe et du matériel physique.

« Les facultés d’éducation sont des endroits où les membres du corps enseignant et de la communauté de recherche aux études supérieures approfondissent les questions de l’enseignement et de l’apprentissage. Elles jouent donc un rôle crucial dans l’évolution, basée sur les faits, de la façon dont nous concevons l’école », explique la professeure Hagerman.

La recherche sur l’apprentissage par le jeu représente un aspect de cette évolution de la théorie et de la pratique en éducation. 

Les membres du corps professoral dans l'edstudiO tenant des legos.
Les membres du corps professorale Megan Cotnam-Kappel, Amal Boultif, Lerona D. Lewis and Michelle Schira Hagerman participent à l'apprentissage ludique dans le cadre de l'edstudiO..

Prendre le jeu au sérieux

De plus en plus d’études empiriques prouvent les bienfaits de l’éducation par le jeu et l’influence de cette dernière sur la participation et le bien-être des élèves. Les recherches démontrent que le jeu a des effets positifs sur toute une série de marqueurs de bien-être chez les enfants et les jeunes : il améliore la façon dont les élèves créent des liens sociaux, résolvent des problèmes et collaborent dans toutes les facettes de l’apprentissage.

Lorsqu’une généreuse subvention de la Fondation Lego a donné le coup d’envoi à la création du Réseau canadien des écoles ludiques (RCÉL) en 2022, huit membres de la communauté de recherche de la Faculté d’éducation ont combiné leur expertise pour coordonner des projets d’apprentissage ludique dans 41 écoles intermédiaires à travers le Canada. Une partie du financement de 2,7 millions a été consacrée à la création de l’edstudiO, qui constituait une des priorités stratégiques du RCÉL.

L’objectif était de construire un laboratoire d’apprentissage innovant, où la relève en enseignement et les chercheuses et chercheurs en éducation pourraient approfondir leur compréhension de l’apprentissage par le jeu, acquérir une expérience pratique et faire progresser les connaissances dans le domaine de la recherche sur le jeu. Un soutien supplémentaire du ministère des Collèges et Universités de l’Ontario et de la Faculté d’éducation a permis de concrétiser le concept de l’edstudiO. L’espace a été inauguré au début de 2024 et est depuis devenu un centre névralgique, « où l’imagination rencontre la transformation dans le but de redéfinir l’avenir de l’éducation ». 

Des membres de la population étudiante qui prennent des photos dans l'edstudio ; un mini-robot qui se déplace sur du papier.
À gauche : les membres de la population étudiante en B.Éd. prennent des photos de leurs créations edstudiO. À droite : Un mini-robot suit un chemin de couleur dessiné à la main sur du papier.

Préparer la relève en enseignement

Dans une dans une entrevue accordée à CTV News la professeure Hagerman fait part de son enthousiasme quant à la façon dont les candidates et candidats au baccalauréat en éducation (et leurs élèves) bénéficieront des activités de l’edstudiO.  

« Ce nouvel espace a été conçu pour permettre aux étudiantes et étudiants de notre Faculté – qui représentent le corps enseignant de demain – d’accéder à un espace flexible, dynamique et innovant, où ils peuvent apprendre à utiliser une multitude d’outils numériques et analogiques, et réfléchir ensuite de manière vraiment stratégique et ciblée à la façon dont ils peuvent intégrer ces outils dans leurs propres pratiques pédagogiques.

« L’école met désormais l’accent sur la nécessité de veiller à ce que les élèves de la maternelle à la 12e année comprennent comment utiliser les outils numériques à diverses fins : pour la recherche, pour la création de produits multimodaux, ou pour une réflexion approfondie sur la conception de ces systèmes », ajoute la professeure.  

Au fur et à mesure que la relève en éducation se déplace dans les zones d’activité qui offrent réalité virtuelle, jeux numériques, circuits, impression 3D et production de balados et de vidéos, les leçons expérientielles du travail en commun viennent renforcer la compréhension du pouvoir du jeu. Qu’il s’agisse de faire de la musique avec des beignes connectés ou de construire des robots en blocs Lego alimentés par du code à partir d’un ordinateur portable, l’edstudiO est un endroit où la collaboration ludique engendre la communauté. 

Les membres de la population étudiante avec des fils, des beignets et un ordinateur portable..
En connectant des beignets à un ordinateur portable et à un clavier musical, les futurs membres du corps enseignant explorent la technologie ludique en éducation.

Incorporer la conception autochtone

L’aménagement de l’espace dans l’edstudiO n’est pas qu’une simple question de style.  

L’edstudiO a été organisé suivant les recommandations de la conseillère de la Faculté Anita Tenasco (B.A. 1993, B.Éd. 1994), originaire de la communauté Kitigan Zibi Anishinabeg. Les teintes vives des murs et du mobilier sont riches de sens, certaines des couleurs symbolisant le passage des saisons et le lien avec la nature.  

On y trouve également une abondance de cercles. Inspiré des méthodes autochtones d’enseignement et d’apprentissage, qui favorisent l’interaction non hiérarchique, l’espace comporte des meubles ronds et des sièges mobiles et circulaires, qui constituent des éléments de conception utiles. La possibilité de s’asseoir, de demeurer debout ou de se déplacer incite les éducatrices et éducateurs ainsi que les chercheuses et chercheurs à réfléchir aux dimensions spatiales de l’enseignement et de la participation. L’espace est conçu pour favoriser un dialogue équitable et la cocréation de connaissances.

Les artistes Greta Grip et Craig Commanda dans l'édstudiO.
À gauche : l'artiste FIbre Greta Grip devant son œuvre 'Bien Fait'. À droite : L'artiste multidisciplinaire Anishinaabe Algonquin Craig Commanda avec son code QR perlé à la main.

Produire, créer, construire

La capacité humaine à créer est au cœur de la philosophie de l’edstudiO. C’est un lieu où les frontières entre l’art et la technologie, et entre le passé et le présent, sont intentionnellement brouillées.  

Deux artistes, dont les œuvres sont présentées dans l’espace, étaient des invités spéciaux lors du lancement officiel de l’edstudiO. Leurs œuvres incarnent l’essence même de la vocation de l’edstudiO : réfléchir en profondeur au monde que nous façonnons aujourd’hui pour les générations à venir.  

Artiste textile d’Ottawa, Greta Grip se passionne pour la « relation entre la technologie et l’artisanat ». Son œuvre, intitulée « Bien Fait », combine les résultats d’une machine à tricoter numérique modifiée aux imperfections créées par des fils laissés à l’abandon.  

Pour Craig Commanda, un artiste pluridisciplinaire anichinabé algonquin de Kitigan Zibi, la combinaison de la tradition du perlage autochtone et de la technologie numérique s’est traduite par un code QR physique pointant vers sa communauté d’origine. 

Des membres de la population étudiante posant devant le logo edstudiO.
Les futurs membres du corps enseignant et les chercheuses et chercheurs aux études supérieures ont été parmi les premiers groupes à faire l'expérience d'edstudiO.

Un apprentissage porteur et durable

La première cohorte de candidates et candidats au baccalauréat en éducation et de chercheuses et chercheurs des cycles supérieurs a perçu l’edstudiO comme un espace de découverte qui lui a permis d’ajouter à son répertoire d’enseignement professionnel des connaissances pratiques sur la manière de « faire l’éducation différemment ».

Pour la professeure Hagerman, l’ouverture de l’edstudiO a marqué le début d’un projet auquel elle pensait depuis ses études en enseignement, il y a plus de vingt ans.  

« C’est un réel privilège de voir les étudiantes et étudiants découvrir qu’on peut surmonter des défis et porter un regard critique sur l’enseignement d’une manière qui n’a jamais été possible auparavant dans notre Faculté. Je suis reconnaissante à toutes les personnes qui ont contribué à faire de l’edstudiO une réalité, affirme-t-elle.  

« Mes remerciements s'adressent tout particulièrement à mes collègues du Centre de ressources de la Faculté d'éducation et des TI, Leila Armesto, Dominique Noisette, Fauve Larose-Chevalier, Maura Lynch et Magali Dando, qui ont déplacé leurs activités pour s'adapter aux rénovations et qui se sont fait les champions du développement d'edstudiO depuis le début ", aux collègues des installations de l'Université d'Ottawa, Tim Ambery, Jamy Beauchamp, Elena Pizzo et Kevin Couture, qui ont joué un rôle essentiel dans l'élaboration de la conception et la gestion du projet de construction, et à Tyson Gofton, du bureau du provost et du vice-président des affaires académiques, qui a veillé à ce que nous soyons bien organisés et à ce que nous rendions compte de nos actions. » 

« Je suis fière de ce que nous avons accompli ensemble, mais ce n’est qu’un début : nous avons encore bien des projets à l’horizon ! »