Une tradition d’apprentissage : le parcours scolaire d’une mère et de sa fille dans une communauté autochtone

Faculté d'éducation
Autochtone
Communauté diplômée
Angela et sa mère Theresa
Au sein de la petite communauté autochtone tissée serrée d’Aroland, dans le Nord de l’Ontario, l’éducation est plus qu’une voie vers une carrière : c’est une tradition et un legs qui transcende les générations dans la famille Towedo. Angela (B.Éd. 2003, M.Éd. 2024) et sa mère Theresa (B.Éd. 2003) incarnent ce legs : ayant étudié ensemble en enseignement, elles ont pu renforcer leur lien et avoir un impact positif sur leur communauté.

Le pouvoir transformateur de la famille et de la communauté

L’histoire d’Angela commence dans son village, où on lui inculque les valeurs du travail, de la famille et de la communauté. « Tout le monde prenait soin de tout le monde et veillait sur les autres. Je me suis toujours sentie en sécurité, aimée et entourée par des Aînées et Aînés prêts à transmettre leur sagesse. » Sa vision et sa compréhension de son environnement ont été façonnées par la solide éthique professionnelle de sa mère ainsi que la détermination et la résilience de son père.  

Pour Angela, l’éducation n’a jamais été qu’une simple question de réussite personnelle. Ce qui compte surtout pour elle, c’est la transmission des connaissances à sa communauté. Sa grand-mère, Julia Towedo, fut la première enseignante de langue autochtone à Aroland. Angela poursuit fièrement la tradition familiale : « Ma grand-mère enseignait la langue ojibwée avant même qu’Aroland ait une école officielle. Son travail a été crucial pour la préservation de notre langue et de notre culture. » 

Une histoire d’apprentissage continu, de mère en fille

Angela et Theresa ont suivi un parcours scolaire atypique. Côte à côte, en 2002, elles ont commencé leurs études dans le programme de formation des enseignantes et enseignants autochtones (ITEP) à la Faculté d’éducation. Cette expérience les a rapprochées.

« Nous pouvions étudier jusqu’à tard le soir. Parfois, nous nous encouragions à persévérer dans les moments difficiles », rapporte Angela. Elle évoque cette expérience d’éducation partagée qui leur a permis d’approfondir non seulement leur lien mère-fille, mais aussi leur relation de pair à pair alors qu’elles avançaient vers le même objectif.

Theresa et sa sœur étaient les seules élèves autochtones dans leurs cours avancés au secondaire. Les préjudices ont alimenté leur désir de travailler d’arrache-pied et de briller : « Ma sœur Frances réagissait au racisme systémique. Elle défendait les droits que nous conférait notre traité. Nous devions aller à l’école tous les jours, nous n’avions pas le choix. Mais nous n’avons jamais baissé les bras. La plupart de mes frères et sœurs (nous sommes 16) ont terminé le secondaire, à l’exception de deux. »

Inspirée par l’expérience de sa mère, Angela a eu le courage de poursuivre son cheminement scolaire et a fini par obtenir sa maîtrise en enseignement et apprentissage. « Cette expérience avec ma mère m’a préparée à l’apprentissage indépendant. Ça m’a prouvé que je pouvais aspirer à davantage et ça m’a poussée à ne pas lâcher prise », explique Angela. 

Jeter des bases pédagogiques pour la communauté

Pour Angela, son nouveau poste de directrice pédagogique à Aroland est l’aboutissement d’une vie consacrée à l’éducation. Elle gère plusieurs projets à l’école primaire locale, y compris un programme d’apprentissage sur le territoire et un autre de déjeuners, les deux intégrant le savoir et les pratiques traditionnelles au programme scolaire. La préservation de la langue ojibwée est aussi au cœur de son travail; elle prévoit d’ailleurs introduire des écriteaux dans la langue partout dans la communauté et créer des programmes d’immersion linguistique.

« La préservation de la langue est essentielle, affirme Angela. Notre langue est fondée sur les récits, et il est important pour nous de léguer ce patrimoine aux générations futures. J’aimerais entendre les jeunes adultes et les enfants parler couramment notre langue. » Ses efforts pour intégrer la langue et la culture au système d’éducation font partie d’un objectif plus large : préserver l’héritage autochtone et le lien entre les générations de demain et leurs racines. 

Un message pour les générations futures

Au moyen de l’éducation, Angela et Theresa continuent d’encourager les jeunes de la communauté d’Aroland à aller au bout de leurs rêves, à poser des questions et à ne jamais abandonner leurs objectifs. Le message est clair : l’éducation est indispensable au développement personnel et communautaire.

Leur parcours partagé nous démontre que l’éducation peut transformer non seulement les personnes, mais aussi les communautés. Leur histoire témoigne du pouvoir de la persévérance, de la famille et de la tradition d’apprentissage. 

Affirmation autochtone

Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre. Nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire, qui demeure non cédé. 

Nous rendons également hommage à toutes les personnes autochtones qui habitent Ottawa, qu’elles soient de la région ou d’ailleurs au Canada. 

Nous reconnaissons les gardiennes et gardiens des savoirs traditionnels de tous âges. Nous honorons aussi leurs dirigeantes et dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, au courage indéniable. 

À propos de l’affirmation autochtone.