Équité, diversité et inclusion : quoi de neuf?

Par Catherine Mavriplis

Professeure d'ingénierie méchanique, Ph.D., P. Eng., F.E.C., F.C.A.E., Université d'Ottawa

Catherine Mavriplis
Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique
Jeunes scientifiques en laboratoire

J'ai eu la chance d'être titulaire de la Chaire du CRSNG pour les femmes en sciences et en génie de l'Ontario pendant dix ans, de 2011 à 2021. Le paysage de l'équité, de la diversité et de l'inclusion (EDI) a certainement beaucoup changé au cours de ces dix années et encore plus au cours des dernières années. 

Alors que les organismes de financement et les organisations, y compris les organismes universitaires, sont aux prises avec de nouvelles exigences pour assurer la prise en compte des principes d'équité, de diversité et d'inclusion, il est naturel de constater une résistance au changement. Récemment, au Québec, la discussion a toutefois pris un tournant décisif, la ministre de l'Enseignement supérieur Pascale Déry ayant demandé au Fonds de recherche du Québec de réviser ses critères d'évaluation qui, selon elle, sont liés à la "censure". Vous pouvez lire l'article ici :

La Presse: Québec demande aux universités de ne pas tolérer la censure

et la réponse de quelques parties intéressées ici :

Le Devoir: Réduire les angles morts des critères d’excellence en recherche.

Ce dernier article intitulé "Réduire les angles morts des critères d'excellence en recherche" et je pense que c'est un concept approprié. Il donne des exemples historiques de technologies développées sans tenir compte de la diversité qui ont causé des dommages réels, c'est-à-dire des décès, et de nouvelles technologies qui excluent des populations entières ou ont des préjugés à leur égard. Mes citations préférées de l'article sont les suivantes « Nul besoin de faire des contorsions pour intégrer la diversité à un projet » et la phrase de conclusion : « Et, même si la tradition est rassurante, faisons preuve de créativité et d'ouverture à la nouveauté » et la phrase finale : « Et, même si la tradition est rassurante, faisons preuve de créativité et d'ouverture à la nouveauté ». En examinant les 7 bonnes pratiques recommandées par l'ISSP pour l'EDI (voir ci-dessous), je pense que nous pouvons nous concentrer sur le n°2 dans ce cas – « Faire preuve d’humilité intellectuelle ».

Pour aider les chercheurs à répondre aux exigences de l'EDI dans les propositions de recherche en sciences et en génie, Eve Langelier, professeure de génie mécanique et titulaire de la Chaire CRSNG pour les femmes en sciences et en génie du Québec, et son équipe ont élaboré un outil utile sous la forme d'une foire aux questions sur l'EDI dans une demande de subvention à la découverte du CRSNG. Le document aborde tous les aspects du concours à la découverte : la formation du PHQ (personnel hautement qualifié), la proposition de recherche elle-même, le budget et le processus d'examen. De nombreux chercheurs en sciences et en génie se plaignent que, bien que leurs recherches n'aient rien à voir avec l'EDI, ils sont frustrés par les exigences qui leur sont imposées. Le document indique où et quand l'EDI doit être pris en compte. Pour ceux dont la recherche n'a vraiment pas besoin de considérations relatives à l'EDI, ils écrivent : " Si l'analyse comparative entre les sexes+ (ACS+) ne suggère pas la nécessité de prendre en compte la diversité dans un programme de recherche, il suffit de l'expliquer. " Cependant, je pense qu'il est important de vraiment réfléchir avec votre équipe, une équipe diversifiée de préférence, pour savoir si la science ou la technologie que vous développez est vraiment aveugle au genre. Alors qu'un projet de recherche biologique ou médicale peut être clairement lié à l'EDI, les étudiants (ou leurs superviseurs) en mathématiques ou en informatique ne pensent pas souvent à l'utilisateur final.

Par exemple, il y a quelques années, lors de la conférence de l'ACFAS dans l'Outaouais, la professeure Donatille Mujawamariya de la Faculté d'éducation et moi-même avons accueilli une conférence fascinante de Transport Québec sur l'analyse sexuée des habitudes de conduite dans la communauté. Le monde pourrait-il imaginer un système routier différent basé sur la division domestique du travail ? Tesla ou toute autre technologie de voiture à conduite autonome intègre-t-elle ces considérations ? Qu'en est-il de la planification des villes et des infrastructures ? Je pense que si nous prenons vraiment le temps de nous gratter la tête et de penser au-delà de nos frontières traditionnelles, nous pouvons réimaginer une meilleure façon de faire les choses.

Le changement est difficile et lent, et il y a de la résistance en cours de route, mais la jeune génération est aussi extrêmement motivée pour créer un nouveau monde. Ici, à l'Université d'Ottawa, nous sommes chanceux d'avoir leur contribution et leurs idées dynamiques pour nous aider à prendre des mesures audacieuses en vue de cet avenir. Je suis convaincu que les plus grandes avancées se produiront à l'interface des disciplines traditionnelles et l'ISSP est un connecteur unique sur le campus pour y parvenir. Je vous encourage donc à relire les meilleures pratiques de l'ISSP et à prêter une attention particulière au point 1 ci-dessous.

Bonnes pratiques pour l’équité, la diversité et l’inclusion dans la recherche, l’enseignement et la mobilisation des connaissances à l’interface de la science, la société et la politique publique

  1. Accepter que l’EDI constitue un ensemble multidimensionnel d’idées qui influe sur toutes les facettes des activités de recherche, d’enseignement et de MdC au carrefour de la science, de la société et de la politique publique
  2. Faire preuve d’humilité intellectuelle
  3. S’investir dans ses relations
  4. Contribuer à la création de données pour favoriser un apprentissage collectif
  5. Mobiliser la relève
  6. Progresser à petits pas vers des changements d’envergure
  7. Promouvoir des structures incitatives qui mettent l’EDI en valeur