Il y a dix ans, la cheffe des opérations de TerraFixing, Vida Gabriel, était une simple étudiante du secondaire qui se passionnait pour la chimie et qui ne s’intéressait guère aux affaires ou à l’entrepreneuriat.
« Je n’aimais pas l’aspect commercial des affaires et de l’entrepreneuriat », explique la jeune femme de 28 ans, dont l’entreprise emploie une technologie permettant la capture directe dans l’air (CDA) du CO2 à des fins d’élimination des émissions et de stockage du carbone. « Si on m’avait dit à l’époque que je cofonderais une compagnie, j’aurais ri. »
Tout a changé, cependant, lorsque Vida a découvert le cursus de la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa. Quelques années plus tard, l’entreprise qu’elle a mise sur pied et dont la technologie de CDA est la seule à fonctionner dans des conditions de gel ou de sécheresse a décroché un contrat de 10 millions de dollars avec la société québécoise Tugliq Énergie ainsi qu’un financement de démarrage de 1,6 million de dollars pour capter le carbone dans le Nord canadien.
Un écosystème entrepreneurial
Vida attribue une grande partie du succès de son entreprise aux compétences qu’elle a acquises au sein de l’écosystème entrepreneurial de l’Université d’Ottawa, qui offre aux étudiantes et étudiants du soutien et des ressources, comme des programmes, des cours, des ateliers et des concours axés sur l’entrepreneuriat.
La professeure Hanan Anis, directrice de l’École de conception et d’innovation pédagogique en génie, affirme que l’entrepreneuriat est imbriqué dans les activités de la Faculté tel un entonnoir où l’enseignement et les activités représentent la cavité, et l’incubation des entreprises en démarrage et l’accélération, le goulot.
Les initiatives suivantes forment l’entonnoir de la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa :
- L'École d’été en entrepreneuriat Simon-Nehme, qui aide les étudiantes et étudiants à développer leur esprit entrepreneurial et à se familiariser avec des outils et stratégies pour démarrer une entreprise, comme la conception créative, la présentation d’idées, la création de canevas de modèle d’affaires ainsi que la découverte et la validation de la clientèle.
- Le programme MakerLaunch, qui vise à mettre à la disposition des étudiantes et étudiants en génie et en informatique (et la communauté récemment diplômée) les équipes, les installations et les outils requis pour se lancer en affaires et faire grandir leur entreprise. Parmi les entreprises qui ont vu le jour récemment grâce à ce programme figurent Noibu (classée parmi les entreprises les plus florissantes du Canada en 2023 par The Globe and Mail) ainsi qu’Advanced Environmental Molecular Analytics Ltd.
- Le Concours de pitch entrepreneurial en génie organisé dans le cadre de la Journée du design à la Faculté de génie, qui a récemment pris de l’ampleur et où les entrepreneurs et entrepreneuses en herbe présentent leurs idées à un jury pour recevoir un prix en argent et un accompagnement. Le prochain concours, qui a lieu chaque année au printemps et à l’automne, se déroulera le 28 novembre.
Toutes ces initiatives visent à développer un mode de pensée entrepreneurial qui pousse les étudiantes et étudiants à faire preuve d’initiative, de persévérance et de flexibilité, et à voir des possibilités là où d’autres voient des obstacles.
« Développer son esprit entrepreneurial ne se limite pas à démarrer son entreprise – c’est un parcours de croissance, explique Mme Anis. Il s’agit aussi d’apprendre à repérer des occasions là où d’autres entrevoient des problèmes et de trouver des solutions novatrices. »
D’autres membres de la Faculté des sciences ont aussi inspiré Vida dans son parcours, comme Vincent Tabard-Cossa, qui est professeur et vice-doyen à l’innovation et aux partenariats stratégiques et qui a lancé avec succès une entreprise depuis un laboratoire. Lui et Alexandre Poulain, vice-doyen à la recherche et à l’infrastructure, ont joué des rôles décisifs quant à la capacité de TerraFixing de demeurer à Ottawa et de continuer à faire partie de l’écosystème entrepreneurial de l’Université d’Ottawa.
Doter la population étudiante des compétences professionnelles et personnelles essentielles
La professeure Hanan Anis affirme qu’intégrer l’esprit entrepreneurial au curriculum contribue à inculquer aux étudiantes et étudiants des compétences cruciales hautement valorisées sur le marché du travail et dans la vie en général, y compris la pensée critique, la résolution de problème, la communication, la collaboration, la prise de risques et la résilience.
La formation axée sur l’entrepreneuriat, précise-t-elle, ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour les étudiantes et étudiants, qui peuvent envisager de fonder une entreprise, de travailler à leur compte ou à titre de pigiste ou même d’entreprendre un projet d’« intrapreneuriat » stimulant l’innovation au sein d’une organisation existante.
« L’esprit entrepreneurial permet aux étudiantes et étudiants de s’armer des outils nécessaires pour créer de la valeur dans toute situation et contribuer réellement à changer le monde, enchaîne-t-elle. Dans l’environnement en constante évolution d’aujourd’hui, les étudiantes et étudiants qui se forgent une mentalité entrepreneuriale acquièrent l’une des compétences les plus précieuses qui soient. »
« Dans l’environnement en constante évolution d’aujourd’hui, les étudiantes et étudiants qui se forgent une mentalité entrepreneuriale acquièrent l’une des compétences les plus précieuses qui soient. »
Hanan Anis
— Directrice de l’École de conception et d’innovation pédagogique en génie
Aider les étudiantes et étudiants à connaître le succès en entrepreneuriat, une personne à la fois
Vida abonde dans le même sens et ajoute que parmi toutes les leçons importantes qu’elle a tirées de son parcours à l’Université d’Ottawa, la débrouillardise et l’ouverture aux nouvelles possibilités que permet l’adoption d’une mentalité entrepreneuriale se sont révélées les plus utiles.
« La plus grande leçon que j’ai apprise est qu’il est impossible de tout savoir, mais possible de trouver réponse à nos questions, et que peu importe la tâche à accomplir, il existe un moyen d’arriver à ses fins », ajoute-t-elle en précisant qu’apprendre à faire preuve d’empathie dans le cadre de discussions avec des investisseurs potentiels ou la clientèle venait au deuxième rang.
« [J'ai appris] qu’il est impossible de tout savoir, mais possible de trouver réponse à nos questions, et que peu importe la tâche à accomplir, il existe un moyen d’arriver à ses fins. »
Vida Gabriel
— Fondatrice et la cheffe des opérations de Terrafixing
« Notre technologie nous passionne tellement que chaque fois où il nous fallait la présenter pour la première fois, nous nous efforcions de le faire d’une manière qui attirerait l’attention des gens sur sa nature novatrice, précise Vida. Nous nous sommes d’abord posé les questions suivantes : Qui est mon public cible? Que veut-il savoir? Quelles sont ses priorités? »
« Nous avons réalisé avec surprise que les premiers investisseurs avec qui nous avons discuté ne se souciaient pas vraiment de notre technologie. Ils voulaient surtout connaître notre plan d’affaires. Ils voulaient savoir comment notre idée leur permettrait de garnir leurs poches et de générer un bon rendement du capital investi. »
Cet article a été publié, en version originale anglaise, dans l’Ottawa Business Journal.