Un bassin hydrographique est une zone géographique où toute l’eau s’écoule vers le même point, comme une rivière, un lac ou un océan. « Les bassins hydrographiques sont essentiels pour gérer les ressources en eau, comprendre l’hydrologie et évaluer les effets sur l’environnement », explique le professeur Seidou.
Originaire de la ville nigérienne de Niamey, située au bord du principal fleuve d’Afrique occidentale, le fleuve Niger, Ousmane Seidou se passionne pour la gestion durable des ressources en eau. À l’heure actuelle, il est professeur au Département de génie civil de l’Université d’Ottawa et directeur du Laboratoire d’hydraulique. Ses recherches visent à éclairer les relations complexes entre le climat, l’eau, les écosystèmes, les interventions humaines, l’infrastructure, la productivité économique et les aléas naturels à l’échelle des bassins hydrographiques. En étudiant cette interconnexion, le professeur Seidou a pu déterminer les risques, actuels et futurs, liés au climat qui guettent les bassins hydrographiques du monde entier, ce qui guidera les politiques et les stratégies gouvernementales.
Il a passé les dix dernières années à collaborer avec différents partenaires, dont les gouvernements, le secteur industriel et les ONG, pour mener des recherches afin d’aider les pays de l’hémisphère Sud à se préparer aux nouvelles dynamiques d’inondations et de sécheresses causées par les changements climatiques. « Les effets néfastes (des changements climatiques) sur les populations et les économies déjà chancelantes sont extrêmes », affirme le professeur Seidou. Ses travaux contribuent aux progrès théoriques et à la mise en œuvre pratique d’approches holistiques, comme le programme de gestion intégrée des ressources en eau et le nexus eau, alimentation, énergie et écosystèmes.
Ses projets, générés par la demande, cherchent souvent à résoudre des problèmes opérationnels immédiats, comme le manque d’information exploitable sur le climat dans les communautés autochtones du Canada, la menace que pose la sécheresse pour la production alimentaire au Mali, ou les digues qui débordent au Niger. Pour trouver des solutions, il a conçu des outils analytiques, comme des systèmes d’aide à la décision et d’alerte rapide en cas d’inondation dans plusieurs bassins hydrographiques, tout particulièrement dans l’hémisphère Sud. Ces systèmes fournissent des données précieuses aux décideurs et décideuses, qui doivent mettre en place des stratégies efficaces de gestion de l’eau.
Les systèmes d’alerte rapide du professeur Seidou ont permis d’atténuer les répercussions des inondations destructrices survenues à Niamey en septembre 2020; ce sont l’une de ses contributions les plus notables. « Les systèmes d’aide à la décision et d’alerte rapide en cas d’inondation sont en forte demande partout dans le monde, surtout dans l’hémisphère Sud. En optimisant les interventions dans les bassins hydrographiques et en arrivant à prévoir les catastrophes, on peut sauver des vies, éviter de grandes pertes économiques et ouvrir de nouvelles voies dans des marchés en croissance rapide », dit le professeur Seidou.
Des systèmes d’avertissement simples et économiques
Les systèmes d’alerte rapide en cas d’inondation jouent un rôle clé dans l’application des priorités des Nations Unies sur la réduction des risques associés aux catastrophes naturelles. Au moment de mettre au point le premier système d’alerte rapide pour la ville de Niamey en 2014, le professeur Seidou s’est appuyé sur les données de quatre limnimètres automatiques et de la quantité de précipitations, estimée par satellite, par le modèle International Research Institute for Climate and Society. Il a ensuite élaboré le modèle d’un outil d’évaluation du sol et de l’eau pour le sous-bassin situé entre la petite ville de Kandadji, au Niger, et Niamey. Le système a fonctionné pendant plusieurs mois, mais des difficultés sont survenues à cause de la configuration à distance et de problèmes avec la connexion Internet et l’alimentation en électricité sur place; le professeur Seidou a donc conçu en 2018 des systèmes d’alerte de nouvelle génération aux caractéristiques améliorées. Le serveur est maintenant hébergé sur une plateforme infonuagique, ce qui contourne les obstacles techniques et réduit les coûts. Tous les relevés de précipitations historiques ont été récupérés auprès d’un organisme réglementaire, tandis que les prévisions horaires de précipitations pour les cinq jours à venir provenaient d’un fournisseur privé. Non seulement ces systèmes d’alerte rapide en cas d’inondation apportent aux communautés locales des connaissances inestimables pour atténuer les risques associés aux changements climatiques, mais ils sont également économiques.
Un chantier pour l’avenir
« Mon prochain objectif, c’est de créer deux plateformes en ligne adaptées aux pays sous-développés : une pour un système d’alerte rapide en cas d’inondation, et l’autre pour l’aménagement des bassins hydrographiques. Ces plateformes aideront les organisations actives dans les régions fluviales, comme celles du Niger et du Congo, à améliorer les conditions de vie des communautés grâce à des investissements et à de nouvelles politiques. Les plateformes seront souples et facilement adaptables à d’autres bassins; elles serviront également de bancs d’essai pour de nouveaux concepts et algorithmes de recherche, ainsi que d’outils pour enseigner et renforcer les capacités », fait remarquer le professeur Seidou.
L’équipe de recherche du professeur a été sélectionnée pour venir en aide à l’Autorité du Bassin du Niger (ABN), une organisation intergouvernementale d’Afrique occidentale créée pour favoriser la coopération dans la gestion et le développement des ressources du bassin du fleuve Niger. L’équipe évaluera le plan opérationnel de l’ABN pour 2016-2024 et dirigera l’élaboration du plan pour 2025-2033 afin d’assurer la gestion durable des ressources en eau et de stimuler le développement socio-économique. « Nous avons hâte de constater les résultats positifs du projet, qui seront avantageux non seulement pour ce bassin hydrographique, mais aussi pour d’autres bassins ailleurs dans le monde », conclut le professeur Seidou.