Le marché des dispositifs et applications IdO (Internet des objets) axés sur l’amélioration des soins aux patients ou de la santé et du bien-être en général croît plus rapidement que jamais, en grande partie pour répondre aux besoins d’une population vieillissante.
Le Canada, vu son expertise collective en intelligence artificielle, en réalité mixte, en IdO, en robotique, en logiciel-service (SaaS) et en nanotechnologies, semble fin prêt à saisir les possibilités d’un tel marché. Les organisations des secteurs public et privé de tout le pays repoussent les limites des technologies des dispositifs portatifs ou implantables, de l’analyse prédictive et des systèmes cyberphysiques, ainsi que d’autres technologies axées sur les soins de santé et la longévité accrue.
Mais cet écosystème n’a pas encore réussi à se mobiliser.
« Au Canada, nous manquons en général de personnel hautement qualifié dans ce domaine », affirme le professeur Abdulmotaleb El Saddik. « C’est vraiment un obstacle de taille. Nous n’avons pas suffisamment d’expertise dans les systèmes et les applications axées sur le bien-être. »
Abdulmotaleb El Saddik est titulaire d’une chaire de recherche de l’Université et professeur titulaire à l’École de science informatique et de génie électrique de la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa.
« Même si le Canada compte de nombreuses entreprises dans ce domaine, on constate un manque de recherche ciblée », ajoute-t-il. « Une grande part de la recherche et du développement est importée d’ailleurs. Les entreprises en démarrage et de taille moyenne ont du mal à trouver des investisseurs. Nombre de technologies sont “développées en îlot”, et la propriété intellectuelle est une chasse jalousement gardée. Cela laisse donc peu de place à la collaboration et au partenariat qui pourraient rendre possibles la conception et la commercialisation accélérées de nouveaux produits. »
Place à l’Institut d’innovation des appareils médicaux (MDII)
Le MDII de l’Université d’Ottawa, qui fait partie de la Faculté de génie, favorise la collaboration entre les principales parties intéressées pour répondre à leurs besoins, trouve des solutions aux obstacles et aux défis propres au secteur, et pilote le développement de systèmes de pointe et la formation de talents dans le domaine du bien-être. L’objectif est de concrétiser des idées novatrices, du concept au déploiement.
Le groupe Technologies pour les soins de santé et la longévité accrue, qui se définit comme une force stratégique de la Faculté de génie, est constitué d’une solide équipe de professeurs et d’étudiants des cycles supérieurs exerçant dans ces domaines.
Abdulmotaleb El Saddik et l’équipe du MDII s’intéressent en général aux dispositifs médicaux destinés à la prestation des soins et à la création de savoir. Cela s’applique à tout dispositif, tout matériel ou toute application du domaine médical utilisés à des fins de réadaptation, de traitement, de prévention ou de diagnostic.
Ensemble, ils tentent de relier ces « îlots » et d’engendrer la marée montante sur laquelle tous pourront naviguer. Cela signifie notamment remédier à la pénurie de personnel hautement qualifié, grâce à des initiatives comme le programme CREATE-BEST (Biomedical Engineering Smartphone Training), financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG).
En repensant des technologies comme les capteurs, les actionneurs, l’apprentissage profond, les dispositifs prêts-à-porter, l’haptique et les médias sociaux, le MDII et ses partenaires façonnent la prochaine génération de systèmes intelligents promoteurs de bien-être et de santé. Il s’agit de se montrer à la hauteur du défi associé aux mégadonnées produites par la transformation numérique et l’Internet des objets.
« Nous sommes en train de montrer qu’Ottawa et le Canada possèdent le savoir-faire nécessaire pour attirer l’appui et la collaboration des secteurs public et privé », affirme Abdulmotaleb El Saddik. « Notre mandat tripartite consiste à mettre sur pied une recherche multidisciplinaire, de la formation pour accroître les effectifs hautement qualifiés et des ateliers pour combler l’écart entre le milieu universitaire et l’industrie. »
En quoi le MDII change la donne
Les domaines de compétence particuliers d’Abdulmotaleb El Saddik sont la numérisation, la communication et la sécurité du sens du toucher, ou l’haptique. Cela s’étend à la « réalité mixte » dans laquelle les gens interagissent avec la technologie par l’intermédiaire d’une certaine combinaison de réalité augmentée, de réalité virtuelle et de contrôle tactile.
L’un de ces projets est une chaise intégrant des capteurs permettant de suivre et d’analyser la posture et l’ergonomie, et d’alerter l’utilisateur lorsqu’il est assis depuis trop longtemps. Un dispositif destiné à aider les personnes ayant une déficience visuelle lorsqu’elles font des courses est aussi en cours d’élaboration.
Autres projets
CREATE-BEST (Biomedical Engineering Smartphone Training) : ce programme, financé par le CRNSG, offre une formation professionnelle et des compétences pratiques aux étudiants et aux étudiantes des cycles supérieurs en génie en vue de la création d’applications mobiles pour le marché de la santé (mHealth).
Aide longue distance pour les catastrophes : en collaboration avec la firme torontoise Monroe Solutions, le professeur El Saddik a modifié un casque de construction standard pour le doter d’une alimentation visuelle 3D, d’une connexion audio bidirectionnelle et même d’un mécanisme de communication tactile. Le dispositif permet de relier immédiatement les ambulanciers des régions éloignées aux urgentistes d’hôpitaux situés à des centaines voire à des milliers de kilomètres.
Cet article a été publié en version originale anglaise dans l'Ottawa Business Journal.