Nous souffrons tous d’un certain degré d’athérosclérose, le rétrécissement des artères causé par l’accumulation de plaques. Lorsque les Drs Michael Brown et Joseph Goldstein ont reçu le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1985, ils ont ouvert la voie à l’utilisation généralisée des médicaments à base de statines qui peuvent ralentir cette progression. La Dre Mireille Ouimet, chercheuse à l’Université d’Ottawa, tente maintenant de trouver des moyens de faire avancer la recherche pour faire reculer l’athérosclérose.
Tout tourne autour du cholestérol, tant le « mauvais » cholestérol des lipoprotéines de basse densité (LDL) qui s’accumule dans la paroi vasculaire que le « bon » cholestérol des lipoprotéines de haute densité (HDL) qui circule dans le sang et peut éliminer l’excès de cholestérol de la paroi et de l’organisme.
« Le cholestérol est une molécule essentielle. Il est nécessaire à la vie, et il est présent dans chacune de nos cellules en tant qu’élément central des membranes cellulaires », explique la Dre Ouimet, professeure adjointe au Département de biochimie, de microbiologie et d’immunologie de l’Université d’Ottawa, et scientifique et directrice du Laboratoire de métabolisme cardiovasculaire et de biologie cellulaire de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.
« Mais un excès de cholestérol est toxique pour la cellule qui le repousse alors de sa membrane et le stocke dans des organites appelés gouttelettes lipidiques. Ce sont ces organites qui m’intéressent. »
Le régime alimentaire occidental moderne est riche en cholestérol, et lorsque celui-ci est combiné avec le cholestérol fabriqué dans nos cellules, l’apport est supérieur à nos besoins. Bien que les statines stoppent la production interne de cholestérol, les plaques pleines de gouttelettes lipidiques qui se sont déjà accumulées sur les parois artérielles sont toujours là, menaçant de se rompre et de provoquer une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Les travaux de la Dre Ouimet se concentrent sur la façon dont les gouttelettes lipidiques sont repoussées de ces plaques. Si elle peut définir le mécanisme, cela nous rapprochera d’une façon de rétrécir les plaques qui se sont déjà formées, permettant donc d’inverser le processus à l’origine des maladies cardiovasculaires.
Ses recherches l’ont amenée à examiner le cerveau, qui contient le quart du cholestérol de l’organisme alors qu’il ne représente que 10 % de sa masse. Le cerveau ne laisse généralement pas entrer ou sortir le cholestérol non modifié du reste du corps. Une protéine appelée ORP-6 est exprimée dans le cerveau plus que partout ailleurs et est considérée comme importante pour y maintenir l’homéostasie du cholestérol. Une variation de la séquence génétique de l’ORP-6 est associée à la maladie d’Alzheimer, ce qui suggère un rôle dans la fonction cognitive. La Dre Ouimet et son équipe étudient comment le cholestérol peut s’accumuler dans les cellules du cerveau.
« Nos souris suivent des régimes de type « McDonald » à haute teneur en graisses pour induire les plaques, mais jusqu’à présent nous n’avons pas examiné leur cerveau », dit la Dre Ouimet.
Avec l’aide des Drs Diane Lagacé, Baptiste Lacoste et Steffany Bennett, la Dre Ouimet espère s’aventurer au-delà de son territoire de recherche habituel et intégrer à ses travaux de nouvelles techniques en neuroscience et en lipidomique afin d’obtenir un portrait plus complet du cholestérol dans le corps.
« On s’écarte des maladies cardiaques », dit la Dre Ouimet. « Mais vous devez aller là où vos recherches vous mènent. »