Une étude publiée récemment dans la revue scientifique Nature Communications par des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) et leurs collaborateurs internationaux fait état d’une découverte pouvant mener à un nouveau traitement de la maladie de Crohn, qui affecte un nombre croissant d’enfants au Canada.
Entraînant une inflammation chronique de l’appareil gastro-intestinal, cette maladie s’établit souvent chez les enfants et les adolescents. De fait, de 20 à 30 % des patients atteints présentent les symptômes avant l’âge de 20 ans. Outre les symptômes les plus communs comme la diarrhée, les saignements rectaux et les douleurs abdominales sévères, les enfants souffrant de la maladie de Crohn doivent parfois composer avec des problèmes de croissance, de la malnutrition et un retard pubertaire. La cause exacte de la maladie de Crohn est inconnue et les médecins sont encore à la recherche de remèdes pour enrayer la maladie.
Cette maladie se caractérise par une irritation ou une inflammation chronique du tractus gastro-intestinal. On la traite habituellement avec des médicaments qui neutralisent le « facteur de nécrose tumoral », substance produite par le système immunitaire.
Dans le but de trouver un nouveau traitement pour cette maladie souvent débilitante, l’équipe de chercheurs dirigée par Alain Stintzi et Daniel Figeys, professeurs au Département de biochimie, microbiologie et immunologie de l’Université d’Ottawa, le Dr David Mack, professeur au Département de pédiatrie de l’Université d’Ottawa et directeur du centre de recherche sur les maladies inflammatoires de l’intestin du CHEO, et Christian Jobin, professeur au département de médecine de l’Université de la Floride, a scruté la dynamique de la flore bactérienne intestinale, ou microbiote.
« Contrairement à la plupart des médicaments utilisés actuellement pour traiter la maladie de Crohn, qui altèrent le système immunitaire des patients, la nouvelle piste de recherche donne à penser que nous pourrions envisager une nouvelle approche qui consisterait à modifier l’activité métabolique nuisible des réseaux de bactéries intestinales pour atténuer l’inflammation caractérisant la maladie de Crohn », soutient le Dr David Mack.
L’équipe de chercheurs a trouvé que les patients atteints de la maladie de Crohn abritent beaucoup moins de micro-organismes protecteurs, comme les bactéries des groupes Clostridium XIVa et IV, qui produisent un type d’acide gras anti-inflammatoire appelé butyrate. Leurs recherches montrent également que les patients présentent des taux plus élevés de bactéries nuisibles productrices d’agents pro-inflammatoires comme le sulfure d’hydrogène, ou H2S. Ces mêmes patients montrent une capacité réduite de détoxifier leur paroi intestinale et de réduire leurs niveaux de H2S.
L’équipe a démontré que les bactéries de la souche Atopobium parvulum, grande productrice de H2S, provoquent des colites sévères et que la présence du microbiote est importante pour le développement de ces colites. Ces découvertes mettent au jour un nouveau mécanisme en cause dans la maladie de Crohn, qui impliquerait un déséquilibre entre production et détoxication de H2S. Cette avancée permettra de chercher des traitements capables de rétablir le sain équilibre du microbiote.
Lisez l’article paru dans Nature Communications (en anglais seulement).