Bâtir une école de médecine

Faculté de médecine
Faculté de médecine
Notre école de médecine a bien évolué en 75 ans, depuis ses humbles débuts dans les casernes de l’armée jusqu’aux installations modernes d’aujourd’hui du pavillon Roger-Guindon.

Par une journée fraîche d’automne en 1945, le père Lorenzo Danis et le Dr Léonard Bélanger cherchaient un endroit pour abriter la nouvelle Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. 

Le père Danis, prêtre oblat qui a présidé le conseil chargé de fonder la Faculté de médecine, et le Dr Bélanger, médecin qui revenait tout juste de son service à la Seconde Guerre mondiale, ont visité de nombreuses propriétés près de l’Université. Pourtant, aucune ne semblait adéquate. 

Puis, ils ont visité une série de casernes fabriquées en bois et papier goudronné au coin de la rue Somerset Est et de l’avenue King Edward, récemment libérées par le Service féminin de l’Armée canadienne. 

« Elles étaient là en silence, si humbles en apparence, mais si riches en possibilités », écrira plus tard le Dr Bélanger. « Je les voulais vraiment ces casernes! »

Un an plus tard, les casernes ont été transformées en laboratoires et en amphithéâtres, où la première promotion de 56 étudiants en médecine (52 hommes et 4 femmes) s’est réunie pour apprendre leur profession.  

De casernes à salles de classe

Comme l’argent se faisait rare, les bâtiments fragiles étaient équipés par les moyens du bord. Les charpentiers ont transformé les caisses en bois mises au rebut en étagères et en armoires de rangement. Les tuyaux d’acier rouillés du Minto Skating Club incendié ont été coupés et soudés en tables de dissection. Le toit fuyait. 

Owen Kealey, de la promotion de 1955, a dit à la blague que les casernes étaient climatisées : « Elles étaient chaudes en été et froides en hiver. » 

Elles étaient si froides que les hamsters utilisés pour la recherche entraient parfois en hibernation la nuit et devaient être réanimés dans l’étuve de séchage le matin. 

Malgré tout, l’école de médecine prospérait. Au début des années 1950, le personnel qui au départ ne comptait que peu de professeurs en comptait maintenant 30 à temps plein, plus 120 professeurs adjoints de clinique. 

Les casernes ne suffisant plus à répondre aux besoins grandissants de l’école, le révérend Alexander Vachon, archevêque catholique romain d’Ottawa et chancelier de l’Université d’Ottawa, a lancé une campagne qui a permis de recueillir 1 M$ pour la construction de nouveaux bâtiments universitaires, dont un nouveau pavillon pour abriter la Faculté de médecine.  

Architecture des années 1950 – opulente ou monotone?       

Les travaux ont commencé en 1952 par la construction d’un bâtiment de 2 M$ sur le campus principal. (Le bâtiment, depuis renommé le pavillon Vanier, se situe près de la nouvelle station de l’O-Train.) Surplombant le canal Rideau, l’édifice mettait en évidence le succès de la jeune faculté de médecine. Décrit par certains comme « splendide et opulent », d’autres le qualifiaient plutôt d’« énorme rectangle de pierre grise tranchée de rangées monotones de fenêtres ». L’impressionnant pavillon, qui contrastait nettement avec les anciennes casernes, a commencé à accueillir les étudiants en médecine et le personnel en septembre 1954. Peu après, une nouvelle aile a été ajoutée pour abriter la bibliothèque de médecine.

Opulent ou monotone, le bâtiment remplira sa fonction pendant près de trente ans, période durant laquelle la Faculté s’engagera dans une querelle de plusieurs décennies quant à l’emplacement d’un nouveau centre des sciences de la santé à la fine pointe, qui regrouperait des hôpitaux universitaires, des laboratoires de recherche et des installations pour l’enseignement de la médecine et des sciences infirmières. 

Le jeu du centre des sciences de la santé

Depuis sa fondation, la Faculté de médecine est associée à l’Hôpital général d’Ottawa, donnant ainsi aux professeurs et aux étudiants de l’Université la possibilité de mener des activités cliniques. À cette époque, l’Hôpital général occupait le bâtiment en pierre de la promenade Sussex dans la Basse-Ville, lequel abrite maintenant l’Hôpital Elisabeth-Bruyère.

En 1965, le gouvernement canadien a offert un financement de 500 M$ pour la construction et la rénovation de bâtiments destinés à l’enseignement des sciences de la santé. Souhaitant tirer pleinement profit de ce financement, l’Université, l’Hôpital général d’Ottawa, l’Hôpital Civic d’Ottawa et divers représentants fédéraux, provinciaux et municipaux ont entamé de longues discussions quant à l’endroit, au moment et à la façon de dépenser les 100 M$ attribués à la région d’Ottawa-Carleton pour construire de nouvelles installations en sciences de la santé. 

Une grande partie du débat a porté sur la question de savoir si l’Université devait construire son propre hôpital universitaire de 400 lits dans le quartier Côte-de-Sable, près des bâtiments actuels de la Faculté de médecine, ou si elle devait plutôt déménager la Faculté à Alta Vista, où le nouvel Hôpital général d’Ottawa serait construit à côté du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. 

Les négociations se sont révélées si frustrantes que le Dr F.C. Rhodes Chalke, vice-doyen de la Faculté de médecine, a créé un jeu de société ironique appelé The game of health science centre(Le jeu du centre des sciences de la santé). Le jeu oppose un « attaquant » (qui cherche à construire un centre des sciences de la santé) à un « défenseur » (qui cherche à contrecarrer cet objectif). Pendant que l’attaquant avance autour du plateau, rencontrant divers obstacles, le défenseur peut jouer stratégiquement trois cartes « Changer les règles » qui renvoient l’attaquant à la case départ où il doit tout recommencer. Reflétant l’humeur des participants, le Dr Chalke a stipulé que tous les profits de la vente du jeu seraient « utilisés pour établir une maison de repos pour les joueurs épuisés », y compris le doyen J.J. Lussier. 

Finalement, la décision a été prise de transférer la Faculté de médecine à Alta Vista, permettant aux hôpitaux de bénéficier des laboratoires de recherche de l’Université, et à l’Université de bénéficier des installations cliniques des hôpitaux.  

Un nouvel endroit, enfin

Le nouvel édifice des sciences de la santé de 36 M$ a ouvert ses portes le 25 septembre 1982. Abritant la Faculté de médecine, la Faculté des sciences de la santé, l’École des sciences infirmières, l’École de réadaptation et la Bibliothèque des sciences de la santé, le bâtiment compte plus de 1000 pièces, dont des auditoriums, des salles de classe, des laboratoires scientifiques, des installations de recherche, des bureaux et des salles d’étude. Cependant, le bâtiment n’a pas de cafétéria. Pourquoi? Les planificateurs espéraient ainsi inciter les étudiants et étudiantes en médecine et en sciences infirmières à manger dans les hôpitaux adjacents, en compagnie de leurs futurs collègues et patients. 

En 1984, l’édifice a été renommé Pavillon Guindon en l’honneur de Roger Guindon, recteur de l’Université d’Ottawa de 1965 à 1984 et membre de l’équipe des « attaquants » qui, après plusieurs décennies de revers, a fait du centre des sciences de la santé une réalité.  

Perspectives d’avenir

Le plan stratégique sur cinq ans de la Faculté, publié en octobre 2019, prévoit un investissement de l’Université dans un nouveau bâtiment de recherche pour la Faculté de médecine, ainsi que dans l’optimisation et la modernisation des locaux et des infrastructures de recherche actuels. Les sciences et la médecine du XXIesiècle deviendront de plus en plus complexes, accessibles et numériques, tout comme nos installations d’enseignement, de recherche et de soins aux patients.  

Une caserne, avec de la neige sur le toit et des glaçons suspendus aux avant-toits, se dresse sur un sol recouvert de neige.
Deux rangées de tables dans une grande pièce. À l’avant de la pièce, un squelette humain est accroché à un cadre devant un tableau noir.
Une édifice carrée en béton avec des rangées de fenêtres
L'extérieur de l'entrée de la pavilion Roger-Guindon