Des casernes aux béchers

Faculté de médecine
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susan Lamb parle devant une pancarte du 75eme anniversaire
Experte en histoire de la médecine, la professeure Susan Lamb travaille à préserver le passé de la Faculté de médecine à l’occasion de son 75e anniversaire.

 
Par Jacob Cuthbert
Rédacteur invité

Nombreux sont ceux pour qui la médecine et l’histoire sont incompatibles : leurs approches et leurs objectifs semblent radicalement différents. La professeure Susan Lamb, titulaire de la chaire Jason A. Hannah en histoire de la médecine à l’Université d’Ottawa, croit toutefois que les deux domaines se ressemblent plus que ce que pensent beaucoup de gens et qu’on peut les combiner pour améliorer la formation médicale.

« Mon travail consiste à expliquer les phénomènes, pas seulement à les décrire », indique la professeure. « Je m’intéresse non seulement à ce qui est arrivé, mais aussi aux liens entre les événements. Comme les pathologistes ou les biologistes, je cherche des tendances. »

On voit tout de suite la passion de la professeure pour l’histoire de la médecine. Elle sort un authentique miroir frontal de la sacoche de médecin rétro sur son bureau et me montre avec enthousiasme cet instrument médical dépassé, mais emblématique.

« J’ai toujours été passionnée d’histoire et je me suis toujours demandé pourquoi les choses sont comme elles sont. À un moment donné, je me suis tournée vers la médecine et ses systèmes », explique-t-elle.

En fait, Susan Lamb a commencé à s’intéresser à l’histoire de la médecine à la suite de l’hospitalisation de sa mère. Elle était alors fascinée par les rapports interpersonnels dans les hôpitaux et la prestation des soins de santé. Peu après cette expérience, elle a entrepris une maîtrise en histoire à l’Université de Toronto, où elle a suivi des cours sur l’histoire de la médecine et de la psychiatrie. Ces études l’ont motivée à faire un doctorat en histoire de la médecine à l’Université Johns Hopkins, à Baltimore.

En tant qu’historienne de la médecine, Susan Lamb fait de la recherche dans un large éventail de domaines. Elle a rédigé des articles sur le leadership canadien à la faculté de médecine de l’Université Johns Hopkins ainsi que sur l’histoire de la pharmacologie, en plus d’écrire un livre sur les origines de la psychiatrie aux États-Unis. Elle collabore actuellement avec le neurologue d’Ottawa Michel Shamy pour étudier la prise de décisions en fin de vie à travers l’histoire.

Cela dit, son principal champ de recherche est l’histoire de l’enseignement médical. La professeure mène notamment un projet sur la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, qui célèbre son 75e anniversaire cette année.

La professeure Lamb compare son approche de la recherche historique à celle d’« une détective qui tente d’élucider un meurtre ». Au lieu de commencer par une théorie, elle examine chaque élément d’information et cherche ensuite à dégager des tendances. C’est seulement après qu’elle fait appel à des théories intellectuelles pour éclairer ses analyses. À ses dires, elle évite ainsi de sauter aux conclusions et de mal interpréter les choses.

Non seulement la professeure utilise des documents d’archives et réalise des entrevues avec des diplômés, mais elle a aussi découvert des traces tangibles de l’histoire de la Faculté : dans les locaux du décanat au pavillon Roger Guindon se cachait un morceau de bois qui vient des casernes militaires de la Seconde Guerre mondiale où la Faculté a vu le jour.

« Ces débuts modestes contrastent avec ce qu’est devenue la Faculté, lieu de travail d’éminents scientifiques européens qui se sont installés à Ottawa », explique-t-elle.

La professeure Lamb ajoute que, dès la création de la Faculté, il y avait une volonté manifeste de promouvoir le bilinguisme et la formation de médecins francophones. Qui plus est, les fondateurs avaient à coeur d’assumer leur responsabilité sociale et de servir la population d’Ottawa.

« C’est avec beaucoup d’ardeur, de détermination et de dévouement qu’on a mis sur pied cette faculté de médecine. »


Jason Cuthbert est un étudiant de quatrième année à la Faculté de médecine, inscrit au programme de baccalauréat ès sciences spécialisé en médecine moléculaire et translationnelle. Initialement, il a écrit cet article pour son cours en communication scientifique dans le cadre d’une série dressant le profil de chercheurs de la Faculté de médecine. 

Le cours a été élaboré et enseigné par Dre Kristin Baetz, doyenne adjointe intérimaire, recherche et projets spéciaux et professeure au Département de biochimie, microbiologie et immunologie, afin de permettre aux étudiants de transmettre des sciences complexes à un public profane - une compétence essentielle lors de présentations, de demandes de subventions, de résumés d'articles de recherche et de communications générales dans le domaine des sciences biomédicales.

MedPoint publiera des profils tirés de cette série tout au long de l’année 2020.

Susan Lamb parle devant une pancarte du 75eme anniversaire