Par Meghan Heer et Jasmine Bhatti
Rédactrices invitées
Lorsqu’on lui demande qui est sa source d’inspiration, le Dr Venkatesh Thiruganasambandamoorthy, mieux connu des patients et collègues sous le nom de « Dr Venk », répond sans hésiter; Mahatma Gandhi.
Gandhi a pris le temps de comprendre le climat sociopolitique en Inde grâce à des expériences concrètes qui lui ont permis d’acquérir les compétences nécessaires pour lutter pour la justice sociale, le Dr Venk souligne :
« Gandhi a bien fait son travail préliminaire, »
L’exemple du Mahatma explique la raison pour laquelle le Dr Venk choisit de partager son temps entre son travail d’urgentologue à L’Hôpital d’Ottawa, et sa recherche à l’Université d’Ottawa et à l’IRHO.
« Je me dois de travailler en première ligne pour bien comprendre ce qui se passe, » mentionne le Dr Venk, un chercheur clinique et professeur adjoint au Département de médecine d’urgence et à l’École d’épidémiologie et de santé publique.
Son approche a produit des résultats.
Ce mois-ci, l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire des ISCR et l'Association canadienne des médecins d'urgence ont décerné le prix de conférencier en milieu de carrière en médecine d'urgence au Dr Venk, reconnaissant sa contribution exceptionnelle à l’avancement de la médecine d’urgence au Canada et à l’étranger.
L’année dernière, il a remporté le Prix publication de l’année 2019 de la Faculté de médecine pour ses travaux de recherche sur l’amélioration des soins et de la prise en charge des patients à l’urgence qui subissent une syncope, communément appelée perte de connaissance.
Le but ultime du Dr Venk est d’alléger la souffrance du plus grand nombre possible d’individus. Selon lui, son implication dans la recherche clinique, où il peut participer à la mise au point d’outils qui ont une incidence sur des millions de personnes dans le monde, est la meilleure façon d’élargir sa portée.
« Même s’il s’agit d’un travail monumental, rien n’est irréalisable, » dit-il.
Le Dr Venk s’est intéressé à la syncope alors qu’il était un jeune médecin de famille, notant qu’il y avait un manque de formation et de procédés de soins normalisés pour ce trouble. Ceci l’a mené à faire une maîtrise en épidémiologie à l’Université d’Ottawa, cherchant à définir un « point d’intervention clinique pourla syncope » qui pourrait s’appliquer dans le contexte canadien.
La syncope se définit par une perte de conscience temporaire qui découle souvent de l’hypotension ou d’autres affections cardio-vasculaires préexistantes qui réduisent le débit sanguin vers le cerveau. Bien que la syncope est souvent inoffensive, elle peut également se présenter comme symptôme de l’arythmie, un problème médical potentiellement fatal.
Par conséquent, les patients peuvent passer jusqu’à 12 heures à l’urgence en observation après une syncope. En moyenne, 1 patient sur 20 subit un événement indésirable, y compris une ischémie cérébrale, une crise cardiaque ou la mort dans les 30 jours suivant sa visite à l’hôpital. Il est donc essentiel pour les médecins d’identifier clairement et de traiter les patients pour les causes sous-jacentes de la syncope.
Le Dr Venk a mis au point l’outil canadien de dépistage des risques de syncope qui prédit le risque d’effets indésirables chez un patient après une syncope. Récemment, son groupe de recherche s’est servi de cet outil dans le cadre d’une étude d’observation auprès de 5 581 patients classés à risque faible, moyen ou élevé d’arythmie dans les 30 jours après une syncope. Leurs conclusions suggèrent seulement deux heures d’observation clinique pour les patients à faible risque et six heures pour les patients à risque moyen et élevé avant un congé sécuritaire. Cette pratique permet un diagnostic adéquat de troubles sérieux pouvant provoquer une syncope, et le congé rapide des patients à faible risque, réduisant ainsi les temps d’attente en plus de libérer les ressources essentielles.
Le Dr Venk assume également différents rôles de leadership au sein de comités qui définissent des procédés de soins normalisés pour les personnes ayant subi une syncope et des systèmes de signalement au Canada et à l’étranger.
Meghan Heer et Jasmine Bhatti sont des étudiantes de quatrième année à la Faculté de médecine, inscrites au programme de baccalauréat ès sciences spécialisé en médecine moléculaire et translationnelle. Initialement, elles ont écrit cet article pour leur cours en communication scientifique dans le cadre d’une série dressant le profil de chercheurs de la Faculté de médecine.
Le cours a été élaboré et enseigné par Dre Kristin Baetz, doyenne adjointe intérimaire, recherche et projets spéciaux et professeure au Département de biochimie, microbiologie et immunologie, afin de permettre aux étudiants de transmettre des sciences complexes à un public profane - une compétence essentielle lors de présentations, de demandes de subventions, de résumés d'articles de recherche et de communications générales dans le domaine des sciences biomédicales.
MedPoint publiera des profils tirés de cette série tout au long de l’année 2020.