Selon les chercheurs de l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario et de l’Université d’Ottawa, il faut tenir compte de l’âge et du sexe lorsqu’on étudie le rétablissement des enfants post-commotion. Dans un nouvel article paru dans la revue Journal of the American Medical Association Pediatrics, les auteurs décrivent en quoi les symptômes communs post-commotion s’améliorent au fil du temps en fonction de l’âge et du sexe. Dans le cadre de leur étude intitulée Natural Progression of Symptom Change and Recovery From Concussion in a Pediatric Population, ils ont découvert que le temps nécessaire aux enfants et adolescents pour l’atténuation des symptômes post-commotion varie en fonction de l’âge et du sexe.
« Bien que les directives internationales en matière de rétablissement après une commotion aient été mises à jour en 2017 pour faire la distinction entre les adultes et les enfants, il y avait toujours d’importantes lacunes en matière de recherche, » déclare la Dre Andrée-Anne Ledoux, chercheuse à l’Institut de recherche du CHEO et auteure principale de l’article. « Tout au long de la période de l’enfance, la progression naturelle des processus de rétablissement demeure peu connue. Le cerveau des enfants traverse divers stades de croissance au cours du développement et des différences existent entre les sexes. Il était important d’explorer la progression naturelle du rétablissement après une commotion tout en tenant compte de ces deux principaux facteurs démographiques. »
Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont examiné les données provenant de 2 716 enfants et adolescents qui s’étaient rendus dans neuf services d’urgence à travers le Canada et qui avaient reçu un diagnostic de commotion. Ils ont étudié la progression naturelle, fondée sur l’autodéclaration, de la réduction des symptômes post-commotion chez les enfants au cours de la période initiale de trois mois après la blessure. Les participants à l’étude, âgés de 5 à 18 ans, avaient subi une commotion aiguë et furent recrutés entre le 1er août 2013 et le 31 mai 2015. Les auteurs ont étudié différentes cohortes d’âge – de 5 à 7 ans, de 8 à 12 ans, et de 13 à 18 ans, et ont établi des liens entre le sexe et le rétablissement.
« Les gains les plus importants au niveau du rétablissement sont survenus principalement au cours de la première semaine, avec quelques gains au cours de la deuxième semaine. Au-delà de deux semaines, le taux de rétablissement a ralenti de façon importante. La durée des symptômes était plus longue pour un enfant plus âgé ayant subi une commotion, » mentionne Dre Ledoux.
Ce qui ressort de l’étude est la différence entre les taux de rétablissement chez les adolescentes et les adolescents. Les chercheurs ont découvert que les filles récupèrent plus lentement que les garçons. En effet, plus de 50 pour cent des adolescentes présentaient toujours des symptômes post-commotionnels douze semaines après la blessure. Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer les différences entre les sexes notamment; des différences physiologiques comme la force du cou, le stade pubertaire et les différences hormonales, des différences psychosociales pouvant contribuer à une perception différentielle, avoir une incidence sur le signalement des symptômes, étant donné que les athlètes féminines affichent un taux de blessure plus élevé et signalent davantage de symptômes plus graves.
« Chez les enfants, la durée prévue du rétablissement post-commotion varie énormément, allant de quelques jours à quelques mois, et même quelques années, et la progression du rétablissement demeure très peu connue, » mentionne le Dr Roger Zemek, scientifique principal à l’Institut de recherche du CHEO, professeur agrégé aux départements de pédiatrie et de médecine d’urgence à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et collaborateur principal de l’étude. « Grâce à cette étude, nous souhaitons offrir aux fournisseurs de soins primaires et cliniciens plus d’outils pour leur permettre de prendre des décisions efficaces en matière de soins de santé pour les enfants, en fonction de ce que nous avons découvert comme étant la progression naturelle du changement dans les symptômes et le rétablissement post-commotion. Les fournisseurs de soins de santé ont maintenant un guide pour établir si le rétablissement d’un enfant correspond aux délais normaux prévus. »